Candidat présidentiel et programme politique, par Moss M.Jack

Publié par siel sur 11 Octobre 2010, 09:27am

Commentaires

Implémenter des institutions étatiques compétentes, instaurer ou restaurer l'autorité de l’Etat, asseoir une société démocratique ou un Etat de droit, ce sont des choix rationnels et mesurables pris pour le bénéfice d'une nation. En Haïti, divorcer avec un système séculaire d'exclusion, un statu quo politique archaïque doit engager toutes les forces vives du pays. cette tache herculéenne ne peut pas être seulement l'œuvre d'un candidat présidentiel, d'un parti politique, c'est une révolution pacifique qui doit s'opérer dans les cœurs, les esprits et la réalité actuelle. On peut se faire illusion d'organiser des élections honteuses, démagogiques et minables qui sont d'ailleurs financées par les amis-ennemis d'Haïti : Etats-Unis, France, canada, Union Européenne et leurs agences d’influence : ONU,USAID,OEA,FMI, Banque Mondiale….Cela peut créer , à n’en pas douter, une fausse stabilité politique et apporter quelques palliatifs pour calmer les esprits, mais, les problèmes majeurs du pays resteront tel quels ou s’empireront encore davantage jusqu'à insulter l’intelligence humaine.

La bêtise haïtienne a la peau dure

Apres le 7 février 1986, Haïti avait une chance de s’organiser en une société démocratique, 24 ans plus tard, nous constatons que le pays est dans la même bêtise. Apres le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, une opportunité exceptionnelle s’est offerte aux Haïtiens de prendre en main leur destinée, Haïti est en train de patauger dans la même bêtise vieille de 206 ans, cette fois-ci avec un lourd bilan de plus de 10 milliards de dollars de dégâts matériels,300.000 morts et 1.3 millions de sinistrés. Si aux grands maux, les grands remèdes; pour gérer la situation post-sismique dans un pays déjà pauvre et déstabilisé, il nous faut des hommes exceptionnels ou un conseil d’hommes exceptionnels. Il n’y a pas à tergiverser ! Nous sommes de ceux qui, voulant utiliser l'opportunité de repartir à zéro que nous offre la nature, croient nécessaires de mobiliser toutes les ressources du pays pour entamer une nouvelle ère haïtienne. C'est en ce sens que nous étions publiquement les premiers à faire sortir une pétition pour demander la démission de Préval et son remplacement par un gouvernement de salut public et de reconstruction(1).Lorsque Edmond Mullet pour la première fois a parlé publiquement d'organiser des élections dans le pays, nous nous sommes donnés le devoir de nous insurger contre cette déclaration en lui envoyant une lettre publique pour dire non qu’ il n'est pas possible dans l'état actuel du pays d'organiser des élections justes, honnêtes, transparentes et démocratiques(.2).Si les Haïtiens ne sont pas sérieux de construire un Etat de droit, de reconstruire Haïti sur des bases solides de justice sociale et de progrès économique, le pays continuera toujours de patauger dans la même bêtise.

Contre une mentalité haïtienne abracadabrante

Nous sommes contre cette mentalité qui veut faire croire quand il s'agit d'Haïti, que tous les modèles, les données scientifiques, les projections échappent à l’analyse (yo volé gaguè) et que le pays est si pauvre qu’il est difficile de quantifier son développement économique. C'est justement cette mentalité mystico-scientifique ou pseudo-scientifique qu'il faut combattre et tous ceux qui la soutiennent, candidats politiques traditionnels, alliances politiques claniques, organisations-bidons de la société civile et toute la cohorte de profiteurs et de laquais qui, à l'intérieur du pays comme à l'extérieur, attendent une opportunité politique pour venir sucer un os.

Il est facile de se faire ridiculiser en s’enfermant dans un fanatisme aveugle, tout aussi bien en étalant sur la place publique sa myopie intellectuelle en se contredisant soi-même. Il suffit de regarder certains pays africains qui ont fait des avancées économiques et plus près de nous la République Dominicaine. Ces pays, à un certain moment, ont décidé d'être sérieux quant à leur développement économique. Ils maitrisent leurs données, font des projections, choisissent des repères, développent des paramètres leur permettant d'asseoir une vision de leur pays.

Nous dire qu'il faut attendre qu'on arrive au pouvoir pour cerner toutes les données parce qu'Haïti est une terre glissée, il faut attendre qu'on soit à la barre du navire pour savoir quelle direction prendre parce qu'il y a un secret arcane à découvrir pour gouverner ce pays est le comble du ridicule. Dans une interview donnée à la presse internationale après le séisme du 12 janvier, 2010, que j'avais sévèrement critiquée, Madame (3) Pierre-Louis a raconté comment Préval « tourne en rond » autour des questions épineuses et problèmes complexes qu'on vient de lui faire part, et elle, de lui rappeler qu'il est le président.

Nous ne cessons de prôner l'émergence d'une nouvelle génération de jeunes leaders patriotiques qui comprennent le système politique traditionnel du pays, ont un plan-directeur de reformes structurelles en main et une volonté politique ferme pour l'appliquer. C'est aussi simple que cela. Certains nous diront que c'est plus facile de dire que de faire. A cela, nous leur répondrons l'histoire enregistre toujours les actions des audacieux, des braves, des visionnaires, des hommes et femmes de caractère.

Programme politique et Programme politique

Au cours de la deuxième décennie du 21 siècle, les progrès de la science et de la technologie se multiplieront dans tous les domaines, on verra l’adoption des énergies renouvelables à grande échelle, des investissements massifs dans l'espace touristique, l’émergence de la voiture volante, des avancées en biologie génétique qui permettront de guérir certains cancers et maladies qu’on croyait jusqu’ici incurables et de prolonger la longévité de la vie.

Pendant que des pays investissent grandement dans l’innovation pour être compétitifs, en Haïti, des leaders politiques rêvent d’accéder au pouvoir pour aller faire ce qu'on peut ailleurs parce que dans ce pays on ne peut pas faire sortir l’eau des roches. Cette attitude de singularité archaïque, d'excentricité insulaire vieille de plus de 200 ans fait d'Haïti ce qu'elle est maintenant. C’est écœurant de voir que ceux qu'on qualifie de compétents, qui ont étudiés dans les grandes universités de l’Europe et de l'Amérique répètent les mêmes bêtises et s'aguerrissent pour reproduire les mêmes bêtises.

Que vous l'appelez projet de société ou projet-programme, le programme politique doit nécessairement exprimer la vision politique du candidat présidentiel ou de son parti politique. Le programme politique n'est ni un ensemble d'énoncés numériques, ni un essai littéraire. Ce qui distingue un programme politique d'un autre programme politique est :

1-un discours nouveau et critique
le candidat présidentiel doit maitriser son dossier, il doit prouver à tous qu'il sait ce dont il parle et ce qu'il entend faire. Les problèmes d'Haïti sont connus de tous, n’importe quel enfant bien instruit peut aller dans un livre ou un quotidien national les copier l'un après l'autre. Ce qui est important c'est comment approcher ses problèmes.

2-une ingénierie politique

Le candidat présidentiel doit démonter comment il va cerner et résoudre tel ou tel problème, quel mécanisme et méthodologie adoptés, comment va-t-il trouver le financement nécessaire pour mener à bien sa vision politique et quel est le coût de son programme. Sa vision politique agencée par les grands axes ou lignes directrices de son programme va -t-elle diriger le pays sur la voie du développement ? Quelle échéance (time line) pour ses grandes lignes politiques ?

Les leaders haïtiens ont peur d’avancer des chiffres dans leurs programmes politiques ou bien pour ne pas tomber dans le piège du ridicule ou bien ils ne peuvent pas conceptualiser des chiffres représentant la matrice de leur vision politique. On peut écrire ce que j’appelle une collection de vœux pieux(4) et le présenter comme un programme politique, mais les questions du développement se règlent en chiffres. Il faut finir avec l’amateurisme politique dans ce pays.

Moss M. Jack

Président-Fondateur

Institut National Haïtien de Leadership Progressiste

Déclaration Publique:

Moss M. Jack est une voix indépendante et progressiste. Il n’est ni un politicien, ni un candidat à aucune fonction élective.il n’est membre d’aucun parti politique, il ne mène aucune campagne pour qui que ce soit. Il est un citoyen engagé qui veut travailler à coté de tous ceux qui militent pour la défense des intérêts d’Haïti et du peuple haïtien. Il ne cesse de préconiser la création d’une Haïti moderne, souveraine, visionnaire et prospère. Il peut être contacté à son blogue: http://haitianpoliticsforum.blogspot.com/

Notes

1-Pétition pour demander la démission du Président Préval, 11 Février 2010

https://sites.google.com/site/nathaitianleadershipinstitute/

2- Haiti-reconstruction: Moss M. Jack disagrees with Edmond Mullet about his declaration that Haiti Should Hold elections despite earthquake 's ravages, 5 Mars 2010

http://haitianpoliticsforum.blogspot.com/2010_03_01_archive.html

3- L'ex Première Ministre Madame Michelle Pierre-Louis ferait mieux de se taire, 20 Janvier 2010

http://haitianpoliticsforum.blogspot.com/2010_01_01_archive.html

4- Editorial- Haïti: une quantité négligeable et négligée, 12 Septembre 2010-10-10

http://haitianpoliticsforum.blogspot.com/