J'ai lu dans Haïti en Marche un compte rendu d'une réunion organisée par le Président Préval
avec les autorités administratives du pays.
Il s'agissait de faire le point sur l'épidémie de choléra
et des moyens pour l'endiguer et soigner les malades.
Haïti en Marche note qu'à cette réunion participaient
toutes les tendances politiques
et qu'il n'y a été question uniquement que de choléra pendant les 4 heures qu'elle a duré;
que le Président a écouté tout le monde sans discriminations et a même trouvé rapidement
des réponses à tous les probèmes qui lui étaient posés.
Et Haïti en marche de conclure
que c'est peut-être cela la méthode Préval
celle qui lui aura permis de faire 2 mandats sans Coup d'Etat.
D'abord, notons qu'il n'y a là rien d'exceptionnel.
Dans tous les pays du monde quand il y a une crise
sanitaire, tous ceux qui ont en charge l'administration de la population sont conviées
à participer à ces réunions dites de crise
quelle que soit leur appartenance politique.
Il ne manquerait plus que celà, que tel ou tel maire
parce que n'appartenant pas au courant Unité
puisse ne pas bénéficier de moyens et d'informations pour sa municipalité.
La population de sa ville serait donc punie parce que le maire n'appartiendrait pas
au parti des sauvés..
De plus, rien ne dit que ce qui aura été décidé
au cours de cette réunion sera suivi d'effet.
Chacun sait que les politiques,
ceux d'Haïti comme d'ailleurs, aiment bien mettre sur pied des
commissions, organiser des réunions,
faire un show qui flatte ceux qui y participent
et qui en sortent ravis avec l'impression d'avoir été écoutés, compris.
Ces réunions débouchent rarement sur du concret.
Ce qui est étonnant, c'est que précisément après 2 mandats,
une pratique aussi "normale" de gestion
d'une crise paraisse suffisamment extraordinaire pour qu'on s'en étonne.
Le côté remarquable de cette réunion ne viendrait-il pas plutôt
du fait qu'elle soit exceptionnelle?
Et cette exception ne serait-elle pas liée aux prochaînes élections ?
Parce qu'il ne me semble pas que cet esprit de concertation
ait été de mise sur le dossier de la reconstruction.
Si mes souvenirs sont exacts, j'avais lu
dans plusieurs articles que le maire de Port-au-Prince, M. Jason,
faisait remarquer que bien qu'élu de la ville,
il n'avait aucune idée des plans de reconstruction de Port-au-Prince
-la ville dont il est le maire quand même-
et qu'il n'avait été convié à aucune des réunions qui traitaient de ce dossier.
Il avait même dit en juillet dernier qu'en six moix
après il n'avait rencontré qu'en 2 fois le Président.
Et aussi sur les ambitions de Jason en visite à Paris
Il faut dire qu'entre le dossier du choléra et celui de la reconstruction,
les sommes et les acteurs en jeu
ne sont pas du même calibre.
D'un côté pour le choléra,
il s'agit d'un problème sanitaire pris en charge en grande partie
par les ONG,
de l'autre on est dans la cour des grands où il s'agit d'une histoire
"d'opportunité de faire des affaires", comme l'a déclaré
le Président Préval lui-même,
et où les victimes pèsent leur poids de cacahuètes.
D'après Haïti en Marche, la méthode Préval
qui lui aurait permis de se maintenir au pouvoir pendant 2
mandats serait serait celle de la concertation,
concertation il faut le dire, un tant soit peu forcée
puisque nul élu, quelle que soit sa bonne volonté,
ne peut rien entreprendre sans moyens économiques
et que les moyens économiques sont
dans les mains du président, qui les reçoit de l'international en partie.
C'est-à-dire que même dans le cas de coopération avec l'étranger,
l'accord du président ou de ses ministres est nécessaire.
Ainsi le maire de Port-au-Prince, M. Jason déclarait
qu'il avait passé un accord pour assainir l'eau de la ville avec la mairie de Paris,
mais que faute de signature des autorités, l'accord était bloqué.
Si on comprend bien, décentralisation ou pas,
coopération externe ou pas, il faut la signature de l'exécutif.
Donc si l'exécutif, vous a dans son collimateur,
il peut faire trainer les choses ou ne pas donner suite tout bonnement.
On est en face d'un sytème féodal, avec absence de délégations de pouvoir
où le pouvoir part du haut vers le bas. Pas de transversalité.
La condition sine qua non pour les élus d'avoir des moyens
pour gérer la vie de leurs administrés
passe par la signature de l'exécutif. Sinon niet.
Encore une fois, il faut être du côté des "sauvés"
et pas des "condamnés", selon les propres termes du Président.
Est-ce que ce serait cela la méthode Préval ?
Si oui.
Il est sûr que la vassalité garantit la pérennité.
Sous les 2 Duvalier c'était le cas.
Mais la vassalité permet-elle de créer une dynamique pour développer
un pays ?
Est-ce qu'elle permet l'éclosion des idées, le dynamisme, l'exécution rapide
toutes choses essentielles pour faire sortir Haïti du trou dans lequel elle
se trouve présentement ?
Se maintenir au pouvoir en transformant l'ensemble de
la classe politique et intellectuelle en vassaux-
en s'appuyant sur les familles riches
n'a rien de nouveau en Haïti.
Au contraire, on pourrait dire que ce mode de gouvernement
est la norme depuis l'indépendance.
Chaque président se considérant comme un papa.
Papa aimé, papa chassé, papa tué, papa craint, papa à vie.
Les résultats de cette philosophie de gouvernement
se voient dans l'état de maltraitance dans lequel se trouve les enfants
c'est-à-dire la population, de ces papas successifs.
Aujourd'hui, certains enfants sont sous les tentes, d'autres se vendent en RD
d'autres ont attrapé le cholera. La majorité est sans eau courante,
sans électricité, sans soins de santé, sans emplois
et ne rêve que de quitter la maison et de fuir l'ordre du papa.
Ce serait donc ça la méthode Préval ?
Et bien, désolée pour Haïti en Marche
Cette méthode est dans la continuité de
celle de tous les chefs d'Etat haïtiens.
Rien de nouveau.
La pérennité?
Elle s'explique par le fait qu'il n'y a
pas d'armée pour faire un coup d'Etat
et par la présence de
la Minustah pour protéger le chef d'Etat
et l'internationale qui entrouvre son porte-monnaie.
de manière à empêcher que la machine ne se casse.
La méthode Préval est celle énoncée par Jean Robet Estimé
quand il était ministre des Affaires Etrangères,
au lendemain du référendum qui faisait de Duvalier Jcl, un chef d'Etat à vie :
" l'opposition n'a plus qu'à se rallier ou à abandonner"VOIRlink
Cette méthode Préval -et peut-être même bien en pire
vu la crise économique mondiale,link
le séisme et le manque d'originalité des programmes
de la plupart des candidats-
semble,
être celle qu'auront à affronter les Haïtiens
durant les cinq prochaines années.
Si élection il y a...
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