J'ai lu ça sur le net :
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La première question à se poser c'est quel est l'intérêt de ressortir des tiroirs cette loi de 1953 ?
Est-ce que le fonctionnaire qui la ressort a une idée des changements opérés dans le monde (et en Haïti) entre 1953 et 2013 ?
Est-ce qu'il sait qu'il existe aujourd'hui 1 million d'Haïtiens à l'extérieur du pays avec ou sans nationalité autre ?
Est-ce qu'il sait, que le gouvernerment qu'il sert, parie sur le tourisme pour faire entrer des devises et que cette mesure dessert ses ambitions.
Les Haïtiens devraient savoir que dans aucun pays au monde -à l'exception des dictatures- les patrons d'hôtel et les familles ou hôtes ne sont astreints à "signaler l'arrivée d'étrangers".
Il existe un service d'immigration à l'aéroport auquel toute personne qui entre dans le pays par voie aérienne remet une fiche dans laquelle il inscrit son identité, le numéro de son passeport et l'adresse du lieu où il compte résider.
Ces renseignements sont accessibles à la police à tous moments.
Il est obligatoire que les hôteliers tiennent un registre et fassent remplir également une fiche avec les informations d'identité de leurs clients.
La police, dans le cadre d'une enquête, peut demander à consulter ce registre des hôteliers.
Mais en aucun cas, dans aucune démocratie dans le monde, les services d'immigration n'imposent ce genre de commandement à de simples citoyens.
Ne serait-ce que, d'abord, pour des raisons de logistiques.
Imaginez, le patron de l'hôtel Oasis, obligé d'employer quelqu'un spécialement pour faxer ou téléphoner à la police les identités des clients, lors de la dernière réunion de petrocaribe où les invités étaient logés dans leur immeuble.
Quand aux petits hôtels de province ou bien les familles. Ce serait:" Eh untel, men papye ak tout non moun yo, al pote yo bay la polis."
Ensuite, ce n'est pas au simple citoyen de se transformer en auxiliaire de police.
Faudrait pas, de manière insidieuse, que M. Raymond, héritier d'une tragique époque,link nous ramène à une société d'indicateurs et de collabos.
Ce mélange des genres est, encore une fois, un attribut des dicatures.
La police est payée pour faire son boulot, l'hôtelier pour faire le sien.
Mais en dehors des obstacles pratiques et éthiques, le plus grave reste la question de l'insécurité.
Dans un pays gangréné par la misère, mère de tous les vices,
-où on assiste à des actes de brigandage auxquels la police elle-même ne parvient pas à mettre fin
-où des policiers ont été et sont impliqués dans le kidnapping, les vols et autres crimes.
quelle famille prendrait le risque d'aller déclarer à la police les noms de ses parents venus la visiter ?
Et pourquoi pas, pour bien faire, indiquer aux policiers la somme d'argent qu'ils ont sur eux, le contenu de leurs valises, leur ordinateur, appareils photos, bijoux sans oublier l'heure à laquelle leurs parents de passage pourraient être braqués ou kidnappés.
Il me semble que M. Raymond n'a pas envisagé les profonds changements survenus dans la société haïtienne entre 1953 et aujourd'hui .
Ce commandement au lieu de renforcer la sécurité ouvre un nouveau champ d'action possiblle aux racketteurs.
Mais attention !
Les Haïtiens risquent de tomber par pur sentimentalisme dans la propagande que ne manquera pas de leur servir le pouvoir rose Tèt Kale pour justifier cette mesure qui appartient aux régimes dictatoriaux.
Je vois ça d'ici.
On va leur dire que c'est pour les protéger.
Pour faire en sorte de savoir qui entre dans le pays.
Et les casques bleus de la Minustah ?
L'hôtelier devra-t'il les déclarer à la police?
Et les Haïtiens de diaspora, leurs familles devront-elles également les déclarer?
Le type qui reçoit sa famille haïtienne de nationalité US à Nan Ti Bois,localité de l'île de La Gonâve, il va le trouver où le commissariat de police ?
Il ne reste plus qu'à espérer en comptant sur leur intelligence et sagesse que les parlementaires abrogeront cette loi, ou du moins ce décret, totalement obsolète, inefficace et de surcroit à haute dangerosité.
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