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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


II. Sentinelle du peuple, Les familles et les groupes économiques qui contrôlent les richesses du Pays (5èmepartie)

Publié par siel sur 18 Décembre 2010, 10:54am

Catégories : #AYITI SEISME

Numéro 9
                                          Novembre 2010

LA SENTINELLE DU PEUPLE

La Sentinelle est devant, elle éclaire le chemin de la libération du peuple

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Editorial

Amis et camarades de La Sentinelle du peuple, voici le numéro 9 du bulletin. Dans ce numéro, nous analysons la conjoncture de la crise électorale enclenchée le 28 novembre. Nous poursuivons la dénonciation des familles de l'oligarchie qui pillent les richesses du pays et nous débutons une nouvelle rubrique concernant la corruption dans la
coopération avec Haïti.

Pour Sentinelle du peuple, la lutte pour déraciner le pouvoir de Préval et faire déguerpir la MINUSTAH doit se mener à la fois à l'échelle nationale et internationale. Les organisations de la diaspora et les organisations sociales et politiques conséquentes du pays doivent préparer et organiser une véritable bataille politique et diplomatique pour isoler le pouvoir de Préval et  la Minustah, en Haïti comme sur la scène internationale.

Seul un peuple organisé, mobilisé, vaillant et audacieux peut avancer sur le chemin, fait de victoires et de défaites temporaires, qui mène à la libération et à l'émancipation.

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***I Le peuple haïtien n’en peut plus avec le pouvoir de Préval ! Pour le peuple, l'heure du départ de la MINUSTAH a sonné !***

La crise alimentaire, les cyclones successifs et les inondations ont mis la population au supplice durant l'année 2008. Cette année là, le pouvoir Préval et la MINUSTAH l'ont passée à se prélasser, sans jamais porter vraiment secours à la population. Elle a de nouveau été martyrisée, cette fois par le tremblement de terre, qui a fait d'innombrables victimes au début de 2010. Le pouvoir Préval et la MINUSTAH l'ont trompée et ne lui ont pas donné une aide conséquente.
Et maintenant, voici que du fait de leur négligence, ils envoient le choléra aux trousses de la population ! Le peuple dit non ! C’en est trop !


 1.1. Une élection qui devait faire coup double et qui s'est transformée en    enterrement pour le pouvoir Préval.

Le processus avait été organisé de manière à éliminer, au travers  d’élections bidon toute nouvelle force politique ou sociale sérieuse à même de se lever et de se dresser face aux rapaces. Pendant tout le déroulement de leur campagne, tout ce que recherchaient les 19 candidats à la présidentielle et la majorité des candidats à un poste de député ou de sénateur, c'était la bénédiction de la communauté internationale et de l'oligarchie. Parmi les 66 partis et regroupements politiques qui ont participé à la course électorale, pas un seul ne représentait les intérêts de la nation ou la cause du peuple. En définitif, le 28 novembre 2010, la population a été appelée à choisir entre une politicienne aristocrate et adversaire du peuple, un ingénieur assassin et criminel, un musicien dépravé et un notaire expert en blanchiment.


Alors que la faim, la misère, les conditions de vie infectes sous les tentes et maintenant le choléra font des ravages dans la population, la mascarade électorale a coûté au total plus de 200 millions de dollars américains, la plus grande partie provenant du blanchiment de l'argent de la drogue. Ces sélections favorisent le développement d'une véritable perversion parmi les classes moyennes et les milieux populaires. La militance motivée par des convictions n'a plus voix au chapitre, toutes les activités menées dans le cadre du processus électoral sont monnayées au prix fort. Les grandes entreprises qui fabriquent du matériel électoral ou qui vendent des services se font beaucoup d'argent. La sélection a étouffé pour un moment toutes les revendications fondamentales de la population et a créé chez elle l'illusion que si elle votait bien " l'avenir ne sera en tout cas pas pire que la situation présente". Le processus électoral est arrivé à déstabiliser tous les embryons de forces qui après le tremblement de terre cherchaient à rassembler des énergies. En outre, les rapaces nationaux et internationaux impliqués dans ces élections ont obtenu l'assurance de conserver les manettes du pouvoir, que la sélection vole en éclats dans la violence ou qu'elle aille jusqu'à son terme.


La façon dont le peuple a pris part à cette élection piégée montre qu'il ne dispose pas de sa propre alternative. On en est arrivé là parce que, dans les années 90, des patriotes et des progressisteshaïtiens ont choisi d'aller perdre leur temps avec le pouvoir populiste d'alors. Parmi les autres patriotes et progressistes, beaucoup se sont contentés d'un rôle de spectateur au lieu d'entreprendre un travail d'organisation et de mobilisation de la population dans le cadre d'un projet alternatif. Aujourd'hui, dans un contexte très mauvais et avec une configuration détestable, le peuple, tel un coq de bataille audacieux, a décidé de participer aux élections-sélections pour donner un carton rouge au pouvoir de Préval.

 

L'attitude détachée que les patriotes et les progressistes ont adoptée depuis longtemps envers la lutte du peuple et la défense des intérêts de la nation a fait que les impérialistes et l'oligarchie se sont permis de conclure qu'ils allaient nous infliger Mirlande Manigat, Michel Martelly ou Jude Célestin pour succéder à Préval.



            1.2. MINUSTAH – Tourista – Parasites – Empoisonneurs –

            Ca suffit comme çà !


Vu la manière dont la MINUSTAH se comporte dans le pays depuis six ans, il est clair que les questions qu’elle est venue régler ici, ce n’est ni la stabilité politique, ni la sécurité publique ou bien la paix. La MINUSTAH est ici pour appuyer une succession de pouvoirs fantoches et corrompus parvenus à la tête de l’Etat et pour empêcher le peuple de se soulever afin de changer le régime politique et ses conditions de vie ; et pendant ce temps, les membres de la MINUSTAH s’enrichissent.

Pendant ces six années, la MINUSTAH a coûté au total 4 milliards de dollars américains, soit environ 660 millions par an. Le Chef de la mission, Edmond Mulet, touche chaque année 325 mille dollars, sans compter toutes les indemnités et les avantages que lui rapporte la mission. Les membres étrangers de la mission ont tous un gros salaire, auquel s’ajoutent divers défraiements leur permettant de vivre en Haïti sans rien débourser. Chaque mois, le personnel étranger de la mission va passer une semaine de vacances à Saint-Domingue grâce à l’argent reçu par la MINUSTAH pour mener à bien ses activités dans le pays. La principale aide qu’Haïti aurait pu recevoir pour sortir de la misère, réhabiliter la protection des mornes et mettre en place la sécurité, c’est la MINUSTAH qui l'utilise pour aller faire la fête.

La MINUSTAH est composée en majorité de parasites, d’incompétents et d’arrogants qui ne sont venus dans le pays que pour faire du tourisme. Les agents de la MINUSTAH favorisent le développement de toutes sortes de poisons dans le pays : ils pervertissent des enfants, garçons et filles, ils se livrent à des abus sexuels, au trafic de drogue et
d’armes, facilitent des kidnappings et propagent des maladies graves comme le Sida et le choléra. Mais dans leur majorité l’oligarchie, la classe politique et les technocrates estiment que la tutelle les met en meilleure position pour garder le peuple en situation d’exclusion.

La MINUSTAH représente une mauvaise expérience pour les autres peuplesdu tiers monde. La MINUSTAH doit partir, pendant que la nation reprend en main sa sécurité et sa dignité, pour que le pays  recouvre sa souveraineté et que le peuple récupère son honneur.

        1.3 Exprimer son rejet du pouvoir de Préval ne suffit pas ! La MINUSTAH ne va  pas partir seule !

La lutte du peuple haïtien en vue de sa libération va être très longue. Mais il faut que les patriotes et les progressistes apprennent au peuple à exploiter les moments où la vigilance des adversaires faiblit ; des moments où ils croient que grâce aux élections-sélections ils contrôlent la situation. Ce n'est pas en cherchant seulement à transformer les élections bidon en un chant funèbre que le pouvoir de Préval et de ses semblables va être déraciné ! Ce ne sont pas seulement quelques petites manifestations isolées qui réussiront à faire déguerpir la MINUSTAH ! Le combat contre ces deux adversaires doit se mener à l'échelle nationale et internationale.
Pour cela :
    * le peuple doit désormais renforcer ses capacités d'organisation et de mobilisation en remettant sur pieds dans tout le pays des comités de quartier et des brigades de vigilance conséquentes ;
    * dans les quartiers populaires et dans les communautés rurales, le peuple doit identifier et placer sous son contrôle toutes les chimères, tous les kidnappeurs et tous les autres grands criminels que le pouvoir et la MINUSTAH vont chercher à utiliser contre lui ;
    * les rassemblements, les manifestations et les grèves doivent être bien préparés et organisés ; les revendications doivent êtres basées sur les intérêts fondamentaux du peuple et ces mouvements doivent se dérouler partout en même temps.

* II. Les familles et les groupes économiques qui contrôlent les richesses du pays (5e partie).***

La classe dominante d'Haïti est composée de pilleurs. Elle ne soucie ni de l'avenir du pays ni des générations futures. Elle se sert d'Haïti comme d'une sucette, tout comme l’ont fait longtemps les négociants et les grands propriétaires terriens. Ils ont exploité la canne à sucre sans jamais l'améliorer. Ils ont exploité le café sans jamais le régénérer. Ils ont récolté le vétiver sans jamais laisser la terre se reposer. Lorsque la classe dominante eut fini d'épuiser toutes les ressources agricoles du pays, elle est allée voir ailleurs et a monté des banques, grâce auxquelles plus de 600 mille déposants confient leur argent à l'oligarchie. Elle tire profit des 100 milliards de gourdes qu'elle reçoit en dépôt pour mener ses affaires.
Mais cela ne suffit pas à ces faux banquiers. Aujourd'hui, ils se tournent vers le filon que constituent les transferts de la diaspora pour perpétuer la même gabegie, la même exploitation. Ils sont passés à une autre étape de leur politique de rentier qui consiste à faire des bénéfices sans prendre de risque.

La diaspora envoie chaque année au pays plus de deux milliards de dollars américains. L'oligarchie arrive à prendre pour elle 10 % de commission, grâce aux bureaux de transfert qu'elle a installés partout avec Unitransfer, Sogexpress, VIGO, CAM, Socatransfer, Bobby express etc. Ainsi, elle récolte chaque année 200 millions de dollars américains sur le dos des Haïtiens qui travaillent dur à l'étranger ; en outre, elle se fait plusieurs autres millions de dollars de commission sur les opérations de change entre le dollar et la gourde.
Elle fait donc coup double avec l'argent de la diaspora. Si l’Etat prenait en charge la question des transferts d’argent comme cela se fait dans quelques pays, cela permettrait qu’une somme importante, de ces 200 millions de dollars, soit consacrée chaque année à la mise en place d’écoles à travers tout le pays. L’Etat haïtien mendie auprès de
toutes les agences de financement et de tous les organismes de coopération ; pendant ce temps il laisse toutes les ressources financières du pays aux mains d’une petite poignée de familles de l’oligarchie, pour qu’elle vive dans le luxe. C’est pourquoi ce petit groupe de familles est toujours disposé à dépenser 10, 20 ou 30 millions de dollars américains pour financer une élection-sélection : elles savent où elles vont récupérer leur argent avec des bénéfices.

Nous continuons la publication de la liste des familles qui détiennent les richesses du peuple.

16 – Famille Gardère. Ils ne font pas beaucoup de bruit mais, dans la discrétion, toutes leurs affaires marchent bien. Dupré Barbancourt a commencé avec une petite distillerie de rhum installée au Chemin des Dalles, à Port-au-Prince, en 1862. Après sa mort, c'est son épouse, Nathalie Gardère, qui a pris la direction de l'entreprise.
Aujourd'hui, la société de Rhum Barbancourt est toujours là, avec Thierry Gardère comme PDG. Ils possèdent beaucoup de terres dans la Plaine-du-Cul-de-Sac, surtout à Damien. En 1949, l'usine a été transférée dans cette zone. Ils achètent également de la canne à bas prix à des paysans. En raison de la compétition des rhums dominicains qui ont envahi le marché, ils ont été obligés, dans les années 1980-1990, de moderniser leur entreprise et d'avoir davantage recours à la publicité. L'entreprise Rhum Barbancourt produit chaque année
environ trois millions de litres de rhum. Son chiffre d'affaire atteint 5 millions de dollars américains. La famille Gardère fabrique également des carreaux de céramique (Mosaïque Gardère) et exploite des carrières.

 

Aujourd'hui, c'est un des principaux actionnaires de la société CINA-Cimenterie générale SA. Il s'agit là du nouveau nom donné à la compagnie nationale de ciment après sa liquidation par Préval ; elle a été sous-évaluée à travers la CMEP et vendue pour presque rien.
Cette opération a permis qu'une équipe d'hommes puissants, des Colombiens, des Espagnols et des Suisses, s'associent avec UNIFINANCE et la famille Gardère pour s'emparer de cette usine, dans le contexte
de la privatisation des entreprises publiques de l'année 1998. Bien qu’une roche entrant dans la fabrication du ciment, la pouzzolane, soit supposée être extraite en Haïti, chaque sac de ciment est vendu de 300 à 350 gourdes. Une autre branche de l'oligarchie, les familles  Mews et Kawauly, continuent d'importer chaque année 600 mille tonnes
de ciment (VARREUX), sans compter le ciment provenant de Saint-Domingue. Ce n'est pas dans l'intérêt du peuple que ces compagnies travaillent. Leur rôle est de piller encore et toujours les richesses du pays.

17. Famille Brun. Ils sont apparentés avec l’ancien président Borno, qui fut le domestique des Américains pendant leur première occupation du pays. C’est sous sa présidence qu’ils ont volé beaucoup de terres.
Les Brun ont débuté en affaires dans l’import-export, dans le domaine des matériaux de construction (société BATIMAT) ; ils vendaient du ciment, du bois, du fer, de la tôle etc. C’est surtout après le départ des Duvalier, pendant la période de transition, que les affaires de Ralph et Philippe Brun ont pris tout leur essor. Ils sont allés s’installer dans des bâtiments grandioses sur la route de l’Aéroport.
Ils ont ouvert une entreprise de parpaings ; ils ont maintenant le plus gros magasin de matériaux de construction du pays. Ils ont dépassé Flambert et Matéis, qui étaient des poids lourds dans ce secteur. Beaucoup de gens pensent qu’ils se sont associés avec Prosper Avril, de même que d’autres croient qu’ils brassent de l’argent sale. Ils ont investi dans la création de la deuxième plus grosse compagnie de construction des années 80, la société TECINA. Ils sont les propriétaires du Village Tecina, dans la Plaine-du-Cul-de-Sac, et de Belleville, sur la route de Frères, à Pétionville. L’architecte Gérard Emile « Aby » Brun a été associé à Lesly Delatour dans la firme Capital Consult. Aujourd’hui, il s’affaire dans un projet de ramassage des décombres de Port-au-Prince. Dans le cadre d’un programme d’urgence pour, soi-disant reloger les sinistrés qui vivent sous les tentes, l’Etat a acheté à Aby Brun et à ses associés quarante carreaux de terre situés à Corail Cesse-Lesse, pour un montant de 40 millions de dollars.

18 – Famille Buteau. La famille Buteau a émergé dans le monde des affaires sous Duvalier avec le restaurant « Le Rond Point », situé au Bicentenaire. Après 86, comme cette zone, qui accueillait de nombreux commerces, se dégradait, la famille Buteau a ouvert à Pétionville l’hôtel restaurant Kinam I, qui fut suivi par le Kinam II. Peu à peu, la famille Buteau, en la personne de Jean Maurice Buteau, allait se lancer dans l’exportation de mangues. Ils se sont procurés assez d’argent pour créer la plus importante installation touristique de la capitale, le « Karibe Convention Center ». Ce sont des actionnaires importants d’UNIBANK et de DINASA et les propriétaires de plusieurs pompes à essence à Port-au-Prince. En 2005, avec Ginette Céant et Jean-Bertrand Aristide, Max Buteau a été mêlé au vol de 4 millions de dollars américains, appartenant au trésor public, à travers des transactions relatives au riz Tchako.

Les paysans n’ont pas accès à un système de crédit agricole ; 500 mille enfants ne peuvent pas aller à l’école ; la malnutrition tue des enfants ; les hôpitaux ne peuvent pas donner de soins ; les professeurs des écoles ne peuvent pas être payés. Tout cela parce que, soi-disant, il n’y a pas d’argent, alors qu’il y a de plus en plus de millionnaires, qui se sont enrichis sur le dos du peuple en pillant les ressources du pays. Il faut que tous les patriotes, tous les progressistes, s’unissent au peuple et travaillent à la construction d’un autre Etat, un Etat national démocratique et populaire, dans lequel tout le monde vivra selon ses besoins.


***III. La coopération internationale en Haïti : un système d'exploitation pour faire lanterner le peuple tout en enrichissant ll'oligarchie, ici comme à l'étranger.***

La Sentinelle du peuple inaugure avec le numéro 9 une nouvelle rubrique de réflexion et de dénonciation, qui sera publiée de manière intermittente. Elle porte sur la corruption qui sévit dans la coopération internationale, dans les domaines de l'aide humanitaire et de l'aide pour le développement. Cette rubrique sera toujours rédigée dans le même esprit, qui est d'apporter des informations et des analyses conséquentes à la population et aux patriotes.


Au sein de la population, on discute depuis longtemps des raisons de la présence et du rôle véritable de tous ces organismes étrangers qui ont envahi totalement le pays sous le prétexte de venir aider le peuple haïtien. C'est dans les années 1945-1950, c'est-à-dire au début de la guerre froide, qu'a débuté la coopération internationale avec Haïti ; elle passe par les agences des Nations unies, les agences bilatérales (par qui passe la coopération entre un Etat étranger et Haïti), les banques et les agences de financement du développement international, ainsi qu'à travers les ONG étrangères. L'aide dont Haïti bénéficiait alors prenait trois formes : l'aide humanitaire, à travers les secours en aliments ou en argent lors de catastrophes ou de graves crises politiques ; l'aide financière pour le développement économique et social ; l'aide militaire pour renforcer l'armée et le système de renseignement afin que le gouvernement soit en mesure d'empêcher un soulèvement général de la population. L'argent alimentant la coopération avec Haïti avait trois origines : l'argent que les populations d'Europe, des Etats-Unis et du Canada donnaient aux ONG de leur pays afin qu'elles aillent en Haïti mener des activités de charité ou de solidarité ; l'argent que les Etats de ces pays donnaient ou prêtaient à l'Etat haïtien, à travers leurs agences de coopération ; l'argent que les banques et les agences de financement du développement international prêtaient à Haïti.

Aux débuts de la coopération en Haïti, tout ce qui concernait l’aide était négocié, planifié et exécuté en étroite collaboration avec l’Etat haïtien. Seule l’aide fournie par les ONG étrangères passait directement par les ONG haïtiennes ou les grandes Eglises haïtiennes. A cette époque, il y avait de grands projets de développement communautaire (HACHO), de grands projets intégrés (DRIPP) ainsi que de grands projets d’infrastructure (ODVA). Mais depuis le début de la coopération jusqu’à aujourd’hui, c’est la même politique qui est menée. Les projets et les programmes sont échafaudés au nom d’Haïti, mais l’argent entre dans le pays par une porte et sort par une autre.
Les plans sont élaborés au nom des paysans et des urbains pauvres, mais l’argent va remplir les comptes en banque de l’oligarchie, des politiciens et des technocrates en Haïti comme à l’étranger. Depuis
les années 50 jusqu’aux années 2000, en passant par les années 80, la coopération avec Haïti a connu beaucoup de changements. Dans une première période, au temps de la guerre froide, pour 100 dollars américains qui entraient en Haïti dans le cadre de la coopération, 20 à 30 dollars allaient à la population ; 30 à 40 dollars allaient à l’oligarchie haïtienne, aux politiciens qui étaient au pouvoir ainsi qu’aux technocrates locaux ; enfin, 30 à 50 dollars retournaient à l’étranger dans les poches des oligarchies, des politiciens et des technocrates des pays donateurs. A cette époque également, les ONG étrangères avaient plus d’indépendance par rapport à leurs Etats respectifs et elles avaient l’habitude de recueillir beaucoup d’argent auprès des gens.

 

En Haïti, des ONG étrangères telles CARE, CRS, CARITAS, GTZ etc., dont le nombre ne dépassait pas la centaine, essayaient de faire un travail humanitaire au plus près des couches défavorisées, à travers les ONG et les Eglises locales, sans trop chercher à remplacer l’Etat haïtien.

Dans la seconde période, qui commence dans les années 80, et qui est marquée par le néolibéralisme, la coopération avec Haïti a commencé à prendre le visage de la corruption. Pour 100 dollars américains qui entrent en Haïti, c’est à peine si 5 à 10 dollars parviennent à la population ; 30 à 35 dollars vont à l’oligarchie haïtienne, aux politiciens qui sont au pouvoir et aux technocrates locaux ; enfin, 55 à 65 dollars retournent à l’étranger, où ils sont répartis entre les oligarchies, les politiciens et les technocrates. Les ONG étrangères ne recueillent presque plus d’argent auprès des populations de leur pays, sauf lorsqu’il se produit des catastrophes en Haïti ; en revanche, elles se transforment en agents d’exécution des programmes commandités par leurs Etats ou bien par les agences de financement du développement international. Sur le terrain, les ONG étrangères, qui dépassent le millier, prennent la place de l’Etat et des ONG haïtiennes. En outre, les agences de coopération internationale mettent totalement de côté l’Etat haïtien ; pour exécuter les programmes qu’elles mènent en Haïti, c’est aux ONG et aux compagnies privées de leur pays qu’elles font appel. Le seul rôle qu’elles accordent à l’Etat haïtien est l’approbation puis la signature des contrats relatifs à l’aide.

Soixante ans après le début de cette coopération, il est temps que le peuple commence à réfléchir à la voie sur laquelle l’Etat et la communauté internationale veulent l’entraîner. La coopération doit-elle rester toujours pareille à un système d’exploitation aux mains de forces obscures, étrangères et haïtiennes ? La coopération doit-elle toujours servir à enrichir des forces obscures, qui l’utilisent pour soutenir le pouvoir qui est entre leurs mains ? La coopération doit-elle toujours servir à renforcer la domination qui s’exerce sur le pays ? Dans le prochain Sentinelle, nous analyserons cette question ensemble.


A bas l’occupation déguisée en tutelle !

A bas les élections bidon ! A bas le pouvoir servile de Préval !

Vive la mobilisation de longue durée pour la libération du peuple !



Sentinelle du peuple

Novembre 2010

santinelpep@yahoo.fr

http://www.santinel.webuda.com

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F
<br /> <br /> Je pense, Siel, que la tache sera ardue. Les politiciens s'entendent pour détruire mais beaucoup moins pour gourverner ensemble. On l'a vu même dans la réaction GNBiste unie pour faire<br /> partir Titid avec son pseudo-contrat social, mais incapable de former un gouvernement autre qu'imposé par le maitre US, alors qu'ils étaient un groupe de pression de<br /> possédants  avec des intérêts bien compris.<br /> <br /> <br /> D'autre part, on a vu ce qu'il en était avec Lavalas autour d'Arstitide et les défections, trahisons etc...pour finir dans le fiasco que l'on sait.<br /> <br /> <br /> Sans parler de nos candidats progressistes à la Présidence d'Haïti, éparpillés, allant gratter leur zéro virgule quelque chose pour cent des suffrages chacun.<br /> <br /> <br /> Malheureusement, il n'y a que F. Duvalier qui maintenait une discipline de fer et qui a réussi à faire perdurer son régime pendant 29 ans...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> A partir du moment que l'on sort du train train du quotidien et des habitudes Tout est ardu. Même au niveau de nos vies personnelles. L'inconnu fait peur, comme vous le savez. Et c'est bien pour<br /> ça que la dictature des Duvalier père et fils a tenu avec la complicité de tous les sourds et muets,  qui préfèrent un pays tête en bas à la tâche ( ardue !) de le remettre sur pied.<br /> <br /> <br /> Et puis, ce n'est pas la main de fer de Duvalier mais celle des USA et des autres pays dont la France, qui leur ont apporté un soutien indéfectible face à la menace représentée par Cuba<br /> <br /> <br /> La même et identique classe moyenne qui<br /> a collaboré  aux régimes des 2 Duvalier est celle-là même qui depuis 1986 occupe l'ensemble des allées du pouvoir et se bat entre différentes familles pour être le chef.<br /> <br /> <br /> Tout ça pour dire que je ne pensais pas à ces "progressistes " professionnels d'un jour mais à l'ensemble important représenté par les membres des assocations, des groupements comme Le cercle<br /> Gramsci, etc.<br /> <br /> <br /> Par ailleurs, l'histoire nous a montré qu'il suffit d'une poignée d'hommes et de femmes déterminés, courageux, solidaires, compétents et intelligents pour transformer une situation.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> La question est : existe-t-il encore en Haïti, après le laminage  des meilleurs par les 2 Duvalier et leurs successeurs, cette poignée d'hommes et de femmes ?<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> <br /> Malheureusement, cette organisation constate, critique, déplore, mais ne propose pas de solutions alternatives. Elle critique en bloc l'oligarchie, les ONG, les Occidentaux, Préval et<br /> Titide. Apparemment pas Duvalier qui n'est pas cité...mais peut-être dans un autre article. L'article reprend le style du marxisme révolutionnaire voir même de l'altermondialisme. Sinon, on<br /> aimerait des propositions concrètes.<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
S
<br /> <br /> Comme vous j'ai noté que la mémoire de pas mal de monde semble avoir été programmée  pour fonctionner pas même à la date de 1986-puisqu'ils ne citent pas le CNG , ni mon plus les 3 années<br /> (199-1994) de Cédras qui selon les observateurs des droits de l'homme aureint fait plus de victimes que les années de Duvalier Jcl.<br /> <br /> <br /> Par ailleurs, il me paraît important de faire des bilans et surtout de désigner les acteurs qui freinent le changement et qui se font passer dans l'opinion haïtienne pour de bons samaritains,<br /> pourvoyeurs de jobs.<br /> <br /> <br /> Et puis, un groupe ne peut pas tout faire en même temps. Là pour l'instant, il tente de mettre  les choses à plat. D'autres groupes font des propositions.<br /> <br /> <br /> C'est pour celà que j'insiste  sur l'impérieuse nécessité pour ces différents groupes progressistes de se mettre ensemble pour une sorte de programme commun de gouvernement, à la manière<br /> dont Miterrand l'avait fait en France.<br /> <br /> <br /> Arrêter les chicanes et se tourner vers l'avenir à partir d'une base commune qui est le refus  du système actuel imposé à Haïti.<br /> <br /> <br /> Une fois ce programme commun élaboré, il faut le faire connaître et discuter avec les organisations<br /> <br /> <br /> à travers le pays et le modifier si et quand nécessaire afin d'accoucher d'un document  compréhensible et qui réponde aux attentes du plus grand nombre. exerce difficile puisqu'il faut<br /> exclure démagogie et tentations  dites populistes.<br /> <br /> <br /> Mais, à mon avis ça vaut le coup de le tenter.<br /> <br /> <br /> <br />

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