C'est le moment où jamais.
Le séisme du 12 janvier 2010 doit être considéré comme un mal pour un bien.
Il a interrompu momentanément le processus de mise en place de la recolonisation d'Haïti.
Les 300 000 personnes décédées, sans compter celles qui se sont retrouvées piégées
sous les décombres qui n'ont toujours pas été déblayées, méritent
que les associations progressistes de ce pays
se donnent la main pour faire en sorte que "plus jamais ça".
La jeunesse d'Haïti, les anciens, les enfants attendent de
ceux qui disent être solidaires de leurs luttes
qu'ils les soutiennent et les défendent effectivement.
On ne peut certes prévoir la date d'un séisme,
tous les sismologues sont d'accord sur ce point,
mais il est possible pour un gouvernement
de prendre en compte les probabilités d'un tremblement de terre
et de mettre en place une politique de prévention,
que ce soit au point de vue de l'urbanisme,
que des secours à apporter aux victimes.
Nous avons constaté que non seulement de prévention il n'y en a pas eu,
mais plus grave,
le manque absolu de prise en charge des victimes.
Une des images les plus choquantes a été
celle des morts déversés comme des immondices dans
l'espace de Titanyen, un lieu de sinistre mémoire où les victimes des dictatures des 2 Duvalier
étaient jetées.
Il s'agit d'une symbole fort qui fait apparaître la continuité du mépris pour la population
entre la dictature des 2 Duvalier et ceux qui gouvernent actuellement le pays.
Des "pragmatiques" diront que c'était le seul et le meilleur moyen d'empêcher
la contamination par les cadavres des vivants.
Cependant, un gouvernement qui est en phase avec le culture de sa population devrait
savoir que sa relation aux morts est importante et donc trouver des moyens
pour éviter cette abomination.
Si on arrive à trouver des millions pour "produire " des élections
on aurait dû pouvoir en trouver pour offrir une sépulture aux morts.
Il suffit d'en avoir la volonté politique.
Dans tous les pays, même ceux où cette culture de respect des morts
est moins pregnante, on voit, comme aux USA
par exemple, les gouvernements employer toutes sortes de moyens
pour que les leurs morts, soldats
ou simples citoyens, aient droit à une sépulture décente.
Ce manque de considération pour les morts du séisme déversés par tombereaux à Titianyen
expose parfaitement la politique de ce gouvernement
et la qualité de ses plans
pour le développement futur d'Haïti,
où la population haïtienne risque d'être traitée avec la même
absence de considération que les victimes du séisme.
Certes, la vie doit continuer.
Certes, comme disait le peintre André Pierre,
il faut laisser les morts et que les vivants aillent de l'avant.
Mais pour que les vivants aillent de l'avant, il faut respecter leurs morts.
Les élections du 28 novembre,
organisées coûte que coûte sous l'égide de la "communauté internationale"
auxquelles ont accepté de participer les leaders politiques haïtiens, sont en phase avec ce mépris
affiché pour les morts et les rescapés du séisme.
L'ensemble de la classe politique qui braille aujourd'hui " A bas Préval"
et qui le démonise, comme elle fait à chaque
fois que le partage du gâteau ne lui convient pas était, hier encore,
partie prenante d'un processus
qu'elle disait elle-même vicié à la base ,
c'est-à-dire qu'elle n'accordait aucune légitimité à l'institution, le CEP ( conseil électoral provisoire) chargé d'organiser les élections.
Cependant, c'est avec cette même institution
que les leader politiques ont accepté de se porter candidats.
Cherchez l'erreur.
L'erreur réside précisément dans l'acceptation de participer
à ce jeu, dont ils clamaient dans tous les micros
qu'il était et serait entâché de fraudes.
L'erreur montre leur vénalité, leur cynisme et leur opportunisme
qu'ils camouflent en nationalisme
en bons héritiers des Duvalier qu'ils sont.
Bref, comme je l'ai dit à plusieurs reprises
tout au long de son mandat
Préval a dévoilé
par l'absurde certes, mais clairement
l'absence de convictions et l'opportunisme
des différents leaders politiques.
"A coquin, coquin et demi" aurait pu être
son adage.
Si la majorité des Haïtiens
ne sont pas capables de comprendre la leçon, c'est qu'ils sont embourbés
dans leurs problèmes personnels de survie au quotidien
et que les progressistes ne sont pas assez présent.
C'est donc, et c'est ce à quoi je veux en venir,
aux forces progressistes de leur apporter leur soutien pour éviter
qu'ils ne tombent du pire au "plus pire."
Pour éviter que cette population`déboussolée, désabusée et épuisée
ne tombe dans le piège que lui tendent les forces de droite et d'extrême droite
dont le projet est de faire du Préval sans Préval, du duvaliérisme sans Duvalier.
Malgré la répression de ces cinquante dernières années,
qui a fait disparaître un grand nombre de voix progressistes,
il existe encore en Haïti, des groupes , tels que Sentinelle du peuple, le cercle Gramsci,
le MODEP, l'institut Karl Lévêque, le PAPDA, la Fondation Jean-Marie Vincent
ainsi que les associations de paysans, d'ouvriers et de femmes
auxquelles il faut ajouter certains universitaires, fonctionnaires,
membres de la classe moyenne et de bourgeoisie nationale
qui sont conscients que le systême est tête en bas
et qu'il faut une autre politique pour le remettre sur ses pieds.
Ca fait quand même du monde
Ces groupements, ces individualités doivent impérativement
mettre de côté leurs divergences mineures,
mettre fin à la culture des zen (arme des duvaliéristes
pour empoisonner les membres de la société, les empêcher de penser
provoquer division et haines parmi eux)
et se rassembler pour faire front
contre le projet de la droite et de l'extrême droite haïtienne
qui n'est autre que l'exécution
du plan Collier qui vise la ruine de l'agriculture haïtienne
et la domination totale/capitale du pays.
Sinon ce pays risque de voir à sa tête, un Youri Latortue ou un Jodel Chamblain.
Et de devenir " L'unique resort de néocon de l'hémisphère ouest"
Il faut absolument que ces groupes et associaitions progressistes
"marrent" leurs reins, abandonnent les rivalités mesquines et les amitiés claniques
pour se mettre au travail et accoucher des solutions
viables à la fois pour le pays et les bailleurs de fonds (FMI, BID, Club de Paris, etc).
L'heure n'est plus aux déclarations de bonnes intentions
mais à l'élaboration d'un programme économique.
C'est dans ces milieux progressistes qu'on compte le plus d'économistes sérieux ,
(pas de ceux qui se contentent de répéter la doxa des Chicago boys)
susceptibles de présenter un projer économique
qui prenne en compte les besoins de la population.
Ces plans sont dans leurs tiroirs ,
il leur suffira de les rafraîchir en fonction des nouveaux paramètres induits par le séisme.
Nous avons à l'intérieur d'Haïti et dans la diaspora des hommes et femmes sincères et compétents.
Nous avons à l'intérieur d'Haïti et dans la diaspora des expert(e)s qui ont compris les enjeux cachés derrière ces élections et qui se sont refusés à offrir leur approbation à ce cirque malsain dès le départ.
Nous avons à l'intérieur d'Haïti et dans la diaspora des hommes et femmes courageux et généreux.
Il s'agit maintenant que la connection se fasse
entre ceux de l'intérieur et ceux de l'extérieur pour former un front solidement articulé
contre la recolonisation d'Haïti
et son statut programmé de réserve de main d'oeuvre à bon marché
exploitable et corvéable à merci
pour servir les intérêts des corporations internationales et de leurs alliés locaux.
L'heure est au rassemblement des mouvements progressistes
qui se doivent pour le bien de la nation de s'unir, de faire preuve de courage
et d'intelligence
en suivant l'exemple
de ce qui a été fait en 1804 par les marrons de la liberté
pour sortir le pays de l'esclavage et de la domination coloniale.
L'union des progressistes à travers le pays est un impératif catégorique.
C'est l'unique chemin pour enrayer la descente aux enfers que nous
préparent les femmes et hommes de droite et d'extrême droite.
dont les actions sanguinaires et constantes
contre le peuple haïtien
sont à la racine des malheurs d'Haïti
depuis son indépendance en 1804.
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