J'ai lu ça sur le net :
"Digicel and Scotiabank received final approval for the launch of TchoTcho Mobile via a letter of non-objection from the Banque de la Republique d'Haiti (BRH), Haiti's Central Bank, as well as approval from the Haitian telecoms regulator."
Digicel et Scotiabank ont reçu l'avis favorable final pour le lancement de Tcho-Tcho Mobile, par une lettre de non-objection qui leur a été adressée de la Banque de la République d'Haïti (BRH) la banque d'Etat du pays, et également le feu vert du régulateur des télécommunications haïtiennes."
Je me demande qui peut bien être" le régulateur des télécommunications haïtiennes "?
M. Untel ?
Voici un nouvelle qui n'apparaitra pas dans les média haïtiens.
Et pour cause, elle parle de l'économie du pays, et pas de zen
Ca engage l'avenir du pays et non pas celui de personnes qui s'agitent autour des élections.
Pourtant, cette nouvelle est de taille.
Vous savez que ce qu'on appelle en anglais les "remittances",
c'est -à-dire les sommes envoyées par les
emmigrés à leurs familles restées au pays
représentent pour Haïti, un montant + important que l'aide internationale.
Ce sont tous les jours des petites sommes
qui sont envoyées de France, Antilles et Guyane, du Canada et des USA.
Digicel et Scotaibank prendront une commission sur chacun de ces envois par mobile.
C'est dire si Digicel et Scotiabank ont mis la main sur un pactole.
L'Etat néolibéral haïtien a encore laissé filer des revenus
qui auraient pu l'aider à boucler son budget
au lieu d'aller présenter sa sébille dans les places d'Europe et d' Amérique du Nord.
Les Haïtiens qui ne comprennent pas qu'un Etat qui dysfonctionne
peut être remis sur pied, s'exclameront naïvement:
"C'est mieux que l'argent aille chez Digicel,
sinon les voleurs qui sont dans l'administration se l'accapareraient."
Mais où nous mène ce raisonnement ?
A accepter que l'Etat, le gouvernement sont à vie corrompus et qu'on ne peut rien y faire ?
Que l'on ne trouvera jamais d'Haïtiens suffisamment honnêtes
et courageux pour résister à la corruption et aux pressions des élites commerçantes,
de leurs média et des milices appelées à la rescousse pour
faire du "kraze brize", des coups d'Etat,
(attention à la restauration de l'armée promise par certains candidats)
du désordre, aussitôt que leurs intérêts propres ne sont pas satisfaits ?
Est-ce que ça voudrait dire que l'on accepte de faire une croix barrée
sur les conditions de vie de la majorité
de les laisser crever comme des chiens
qui n'auront pour sépulture
que les fosses de Titanyen (endroit où étaient enfouis les corps des opposants aux 2 Duvalier)
en refusant de donner à l'Etat les moyens de les améliorer ?
Est-ce que affaiblir l'Etat et laisser l'éducation,
la santé, le logement, l'agriculture, les télécomunications, les prisons
aux mains de groupes privés vont aider à résoudre les problèmes
auxquels font face la population ?
Depuis les années 1980, c'est ce credo que nous chantent
les économistes haïtiens en place et Washington.
Avec quels résultats ?
L'offre de santé, celle de l'éducation, celle des transports, de l'eau
pour prendre quelques exemples est-t-elle meilleure,
est -ce que la population est mieux servie
depuis que ces secteurs ont été privatisés ?
La propagande du secteur privé, fortement relayée par les zentellectuels
du Collectif NON à la commémoration du Bicentenaire de l'indépendance d'Haïti
et par les média d'outre-Atlantique (Financial Times par exemple)
laisse entendre que la cause du sous-développement d'Haïti vient de la faillite de l'Etat.
Ce qui n'est pas faux en soi.
Mais la question à laquelle on ne donne jamais de réponse.
C'est qui est responsable de la faillite de l'Etat ?
Est-ce que les bailleurs (prêteurs) de fonds n'exigent pas que,
précisément l'Etat se désengage de ses fonctions régaliennes
pour lui préter de l'argent ?
Est-ce que, comme disait justement M. Ziegler, les USA,le Canada et l'Europe
n'exigent pas des pays comme Haïti, qu'ils fassent ce qu'ils ne font pas chez eux ?
Est-ce que dans ces pays-là l'agriculture, le logement, la santé
ne sont pas subventionnés par l'Etat ?
Est-ce que l'Education n'est pas en France et en Europe en générale majoritairement publique ?
Est-ce que ce ne serait pas aux Haïtiens de prendre le taureau par les cornes et
de trouver les moyens les meilleurs pour assurer le bien-être de leur population
plutôt que de suivre les leçons de ceux qui ne les appliquent pas chez eux ?
Bref, ce feu vert donné par la Banque de la République d'Haïti
à Digicel et à la Scotiabank montre encore une fois l'absence totale d'intérêt
pour le bien commun des dirigeants de la banque nationale,
du gouvernement et des parlementaires ( en supposant que ces derniers en aient été informés)
l'Etat qui aurait pu lui-même se donner les moyens,
ou bien faire une sorte de joint-venture avec Digicel et Scotiabank
leur donne tout bonnement ce qui aurait pu représenter un trésor pour son budget,
vu l'importance des sommes en jeu.
Malheureusement, quel que puisse être le résultat des élections,
nous ne sommes qu'au début d'un processus
de prédation qui risque de toucher l'ensemble des ressources du pays,
si les Haïtiens laissent la droite et l'extrême droite au pouvoir depuis 1957 au moins
continuer leur politique d'écrasement de l'Etat, de la population et de l'ensemble de la société haîtienne.
Peuple haïtien, il faut refuser les élections/ prédation
il faut refuser les provocateurs de tous bords qui poussent au désordre et à la répression.
Il faut exiger une rupture réelle et pas une comédie de rupture avec le mode de gestion
du pays qui depuis 1957, au moins,
provoque le malheur des Haïtiens dans le pays et leur dénigrement à l'extérieur.
VOIR Haïti, Pourquoi il ne faut pas aller voter.
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