Le contexte politique dans lequel s'inscrit le dialogue inter-haïtien a des traits bien marqués et une configuration assez simple . En effet, deux (2) principales forces ou deux grands acteurs dominent la scène à l'Hôtel El Rancho :
Mgr Chibly Langlois , Eveque des Cayes , President de la Conference Episcopale d'Haiti et premier cardinal haitien . ( Le nouvelliste )
1 - La mouvance présidentielle , entretenue à dessein , dans un flou de personnalités qui sont des conseillers du président, des candidats potentiels ou autres.
2 - L'Eglise Catholique que Mgr Chibly Langlois , Président de la Conférence Episcopale d'Haïti , représente et conduit sur l' échiquier politique ... n'en déplaise au Vatican !
Président Michel Martelly (G) et
Cardinal Chibly Langlois (D) se serrent
la main avant la séance ( courtoisie du blog du Dr Herve Gilbert )
Quant à l'opposition dite modérée , elle n'a aucun rôle prépondérant à jouer sinon celui du dindon de la farce , en dépit de son poids numérique au sein de l'assemblée . Le renforcement apporté par " Fanmi Lavalas " n' a pas pu changer la donne en faveur de cette opposition dont les grandes faiblesses sont :
a ) Absence d'un agenda homogène .
Un trio de partis politiques ( OPL- Fusion - CONTRAPEP) a appelé à la formation d'un gouvernement de consensus pour dissiper le malaise et créer une atmosphère propice à la tenue des élections libres,honnêtes et démocratiques. D'autres protagonistes présents aux réunions ont proposé la formation d'un gouvernement d'ouverture .
Les porteurs de ces 2 agendas se sont engagés dans des débats houleux qui auraient pu facilement tourner au vinaigre, n' était-ce pas la sagesse du prélat qui a ses manières pour les tenir en respect . Le point litigieux a été reporté à une date ultérieure.
b) Absence d'un chef
Cette opposition présente à El Rancho n'a pas un meneur . Elle souffre énormément de l'absence d'un " lider maximo " qui puisse donner le ton,marquer le tempo et faire le contre-poids face au pouvoir.
Loin de porter atteinte aux valeurs et qualités intrinsèques de certaines personnalités , cette déficience est grandement imputable au vide juridique qui n' élève pas l'opposition au niveau d'une institution avec des droits et devoirs liés à son existence , à ses activités et à sa lutte pour la conquête démocratique du pouvoir.
c) Incapacité de mobilisation
Les dérives du régime Tèt Kale sont aussi innombrables que les grains de sable sur la plage . La menace d'une nouvelle mise en accusation du chef de l'Etat par le Sénat de la République est imminente . Malgré toutes ces défaillances affichées par l'exécutif, cette opposition bon enfant n'a ni la volonté , ni la capacité de mobiliser les masses . Elle ne saisit même pas l'occasion que lui offre la mort du juge d'instruction, Jean Serge Joseph , survenue en moins de 48 heures après avoir été " convoqué " et soumis à de fortes pressions par le Président Martelly.
Grâce à l'attitude inconséquente de cette opposition bon vin et caviar qui n'a pas les moyens de sa politique de dialogue, Martelly doit redorer son blason à très peu de frais. Avec l'aide d'une catharsis collective opérée par l'Eglise catholique qui a la vertu de culpabiliser les parties pour obtenir la purification d'une seule , la présidence a le champ libre pour gagner sa pleine légitimité, son intangibilité et sa pré-éminence dans l'ordre symbolique .
Harry E. Jean-Philippe
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