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Par Evens Dubois
NY, 31 marc 2011
Le Conseil électoral provisoire(CEP) avait claironné à maintes reprises que le résultat des “élections” du deuxième tour sera programmé le 31 Mars 2004. Même s’il s’agit des préliminaires.Coup de théâtre ! L’organisme suprême a annoncé que les préliminaires seront publiés le 4 Avril prochain.Cette nouvelle a jeté un froid polaire dans le camp de Michel Martelly et d’aucuns l’assimilent à un coup de coquin d’un nouveau genre en gestation en Haiti.Cela ouvre la voie à la nomination de Mirlande Manigat.
Le leader de Repons Peyizan (Reponse paysannne) avait gagné. Car, c’est une constante dans l’histoire des élections depuis 20 ans. Le peuple haitien a toujours,gagne les rues après avoir voté, pour signifier à la face du monde pour qui il avait largué les amarres. Pour les décideurs du 29 février 2004, un Michel Martelly dans cette course allait servir de faire-valoir et pimenter une campagne electorale morne, aussi gaie qu’une annonce mortuaire. Mais, ils avaient ,déjà, en tête leur candidat. Ils ont mis en branle tout un attirail pour le vendre (campagne mediatique,sondages…).Rene Préval ,en coquin, avait tenté d’imposer son poulain pour un troisième mandat. Les décideurs du 29 février 2004 en avaient décidé autrement, montrant par la même occasion que Haiti est sous occupation. Ils ont imposé Repons Peyizan sachant que celui-ci est un moindre mal et serait une proie facile pour Mirlande Mirlande. C’était bien compté ,mal calculé. Au lendemain de la proclamation des résultats du premier tour, l’artiste a donné une démonstration de force et a bloqué une bonne partie du pays pendant deux jours. L’ambassade américaine (chose inhabituelle) a insisté sur le respect du “vote populaire”. Après ce kraze brize, le sort de Michel Martelly était scellé sans le savoir.
On pensait que Mirlande Manigat allait faire une bouchée du chanteur mais les fleurs n’ont jamais tenu la promesse des fruits ce, malgré une propagande tout azimut. Le “débat “ entre les deux “candidats” a dessillé bien des yeux: le petit chanteur a remporté ce face à face puisque mieux preparé même si cela en a laissé beaucoup sur leur faim. Le leader de Repons Peyizan fait peur :il draine tous les laissés-pour-compte. A mesure que les jours passent, le candidat Tet Kale( Boule à Zero) devient un véritable phénomène inquiétant certains secteurs de la société, malgré un discours sans substance et sans relief. Une grande partie du peuple a adopté le “bandit legal” pour plusieurs raisons. Entre autres:
-Un vote contre Mirlande Manigat. Elle n’a jamais eu un point d’ancrage dans les masses populaires.Elle a toujours affiché un mépris royal vis-a –vis de ses compatriotes. En 2006, elle avait craché sur le vote populaire en décidant de ne pas donner suite à son élection comme sénatrice. De plus, elle n’avait pipé mot quand son mari, en perdant recalcitrant, avait insulté le peuple haitien. Il l’avait traité de “chien retournant a son vomi”.
-Un vote contre les partis politiques.Certains d’entre eux militaient bien avant la chute de la dictature duvalierienne et ceux créés après n’ont jamais presenté une alternative serieuse et crédible a l’Etat Duvalieriste.Certains leaders politiques gèrent leur parti politique comme une boutique .Ils sont dans tous les mauvais coups contre la démocratie.Ils laissent ce qu’il en reste du parti ou bien à leur progéniture ou à leur femme.Ils n’ont jamais cru dans la démocratie:ils croient tirer leur présence sur l’échiquier grâce aux ambassades occidentales.
-Un vote contre l’oligarchie. Un ressentiment contre l’oligarchie qui n’a jamais participé dans le développement du pays. Elle vit en autarcie et évolue dans le milieu comme un cheveu dans du lait. Elle participle à la mise en coupe reglée du pays. Elle ne participe ou n’encourage jamais à la mise en place d’un projet democratique. Elle a fait carrément le choix d’être au côté des dictatures. Elle n’a aucun problème avec la structure de la société qui, à bien des égards, frôle l’apartheid. Elle traite carrément l’Etat comme son patrimoine. L’oligarchie haitienne fonctionne a la manière d’un clan. Cette oligarchie est improductive,non seulement gloutonne mais stérile et pour emprunter a Saint-Simon sa fameuse anti thèse entre les frelons et les abeilles, elle n’est composée que de jouisseurs, de consommateurs vivant du produit des masses exploitées.
Un véritable coup fourré
Ainsi Michel Martelly a réuni toutes les conditions pour raffler la mise.Justement, c’est ce qui fait sa perte. Il fait peur le bonhomme. Son entrourage est truffé de gens revanchards, ennemis des droits humains pour ne pas dire du genre humain tout court. Les décideurs vont mettre une véritable machine en marche pour le battre sur son propre terrain. D’abord, le CEP a annoncé la mise à l’écart de 1,518 procès –verbaux pour cause de fraude. Quand on connait que des sources officieuses font état d’une avancée considerable de Michel Martelly, l’on comprend que cela pénalise davantage le chanteur –politicien. Cette mise à l’écart a été éffectuée sans aucune transparence. Les observateurs sont laissés sur le bord de la route. On parle du centre de tabulation (d’aucuns disent de “fabulation”) comme un lieu de secret d’Etat. Pourtant chaque clan se declare vainqueur du “scrutini”. La guerre des chiffres fait rage sur les ondes. On manipule les esprits, on incite à la violence ouvertement (un membre de la champagne de Michel Martelly parle de brûler le pays si ce dernier est mis à côté.Quant au camp de Mirlande Manigat, il a demandé à ses partisans de se tenir prêt à descendre dans les rues au cas ou…). Le climat est à la peur au pays. Chacun est sur le qui-vive sachant que quelque chose va arriver. Des rumeurs font état d’une rareté de machettes. Les partisans de ces deux clans sont prêts à en découdre. Pour couronner le tout,le directeur d’un organe de presse dans la capitale a demandé protection aux troupes d’occupation. La presse nationale tellement à droite, est sur les dents. Des menaces sont proférées à l’endroit de ceux qui ont pris position pour l’un des “candidats”. Toute proportion gardée, c’est la Côte-d’Ivoire en Haiti….Tout ceci ne fait pas l’affaire de Michel Martelly. Il est déjà présenté comme un élement violent qui sera un jouet entre les mains d’intérêts obscurs. On prépare l’opinion publique. Il est déjà condamné. Il ne sera pas le futur locataire du palais national. A moins d’un miracle.
Il ne sera pas président . Il est trop conflictuel. Les décideurs ont peur de confier la destinée du pays à un individu à la double personnalité. Ils vont certainement attiser des conflits ultérieurement . Ils veulent la bagarre mais pas tout de suite. Ils ont imaginé que très populaire, il serait tres difficile de mettre Michel Martelly hors jeu ,une fois président. D’autant plus que l’armée n’est plus la pour apporter “cette correction democratique” et qu’il n’est pas certain que l’on trouvera une majorité des 2/3 de parlementaires pour former une haute cour de justice, au cas ou le bonhomme serait devenu incontrôlable. D’ou le tripatouillage qui se fait dans la plus grande noirceur. Le centre de tabulation est entre les mains des experts de l’Occupation et hors de contrôle des indigènes. Dès lors,il est très facile de proclamer un président.
Au delà de cette querelle conjoncturelle, c’est une lutte à mort qui se profile pour le contrôle des maigres resources de l’Etat par les deux branches de l’oligarchie. Pourtant ,Mirlande Manigat et Michel Martelly appartiennent à la même famille politique. Il ne devrait pas y avoir de problèmes seulement quelques nuances. Mais, les contradictions qui les traversent font craindre le pire. D’ailleurs, on aura un Michel Martelly président des proces-verbaux et Mirlande Manigat choisie par la Communauté internationale. Elle será tres fragilisée puisque très redevable non pas vis-a-vis de son peuple mais des décideurs du 29 fevrier 2004. Cette polarisation à outrance de la sociéte risque de conduire le pays vers l’inconnu et fait l’affaire des étrangers. Des fils du pays programment sa mise à mort à long terme. C’est aussi l’avenir de la démocratie qui se pose: le suffrage universel sera-t-il un leurre ?
Mirlande Manigat ou Michel Martelly, le grand perdant sera Haiti, la mère de toutes les libertés.
Notes : J'ai trouvé ce texte sur ForumHaïti.link
L'analyse me semble globalement correcte.
Je partage l'avis que Martelly avait été "favorisé" par les USA
pour, non seulement donner du piquant à des élections
qui n'enthousiasmaient pas la population,
mais en plus pour lui donner un vernis "démocratique".
On lance dans l'arène politique un néophyte,
un chanteur provocateur mais populaire,
de quoi faire remonter le nombre de votants
pour éviter une abstention colossale
qui aurait risqué de faire de l'élue, Mme Manigat,
une présidente par défaut.
L'internationale tablait sur le passé "immoral"
de Martelly dans une Haïti où les Evangélistes et autres
sectes chrétiennes très "tea party" sont omniprésentes
et aussi sur son engagement auprès des forces antilavalasse
pour freiner sa popularité.
D'où une campagne bien orchestrée,
pour mettre en avant son passé sulfureux,
ses vidéo quasi-pornographiques,
son entourage de macouto/duvaliéristes
ses alliances avec le Fraph -milice d'extrême droite,
et ses liens d'amitié avec
un des grands criminels,Michel François,
responsable de centaines d'assassinats
pendant la période du coup d'Etat de 1991.
Bizarrement, cette stratégie a échoué
ni les appels à "sauver " Haïti de l'immoralité
ni les rappels des connections de Martelly avec les putschistes
ni le retour d'Aristide fêté par ses supporteurs
n'ont détourné le vote populaire
de Michel Martelly.
Les "zentellectuels" ont eu vite fait de mettre en relation ce choix
avec l'absence d'éducation de la population
et son attraction pour le populisme.
Mais, cette explication reste boiteuse
puisque le camp Manigat, celui de "Ban manman'm"
est également populiste.
Et qu'on y trouve des personnages aussi "sulfureux"
aussi pro-putschistes
aussi militaro/maocuoto/duvaliéristes
que ceux qui sont chez Martelly.
En tous les cas, vu de loin , il semblerait que les électeurs
des milieux populaires aient considéré cette affaire d'élections
comme le carnaval qu'il est.
Vous nous ridiculisez.
Vous nous méprisez
Vous nous prenez pour des couillons.
Vous voulez du "fun" semblent-t-ils dire
Eh bien, on va vous en donner.
Qui mieux qu'un roi du carnaval
pour devenir président
d'un pays dont les "élites"
représentent un "manjekochon"
d'hommes et de femmes
sans convictions, opportunistes,
spécialistes en retournements de vestes,
comédiens à vie ?
Ce qui nous rappelle, il y a très longtemps
quand les esclaves caricaturisaient les danses
de leurs maîtres pour se moquer d'eux.
Et qui nous a donné la Tumba francesalink
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