“Martelly serait impliqué dans l’assassinat du journaliste Jacques Roche”, dixit le sénateur François A. Joseph

Publié par siel sur 28 Novembre 2012, 13:54pm

Sources: Le Matin
http://www.lematinhaiti.com/contenu.php?idtexte=33692&idtypetexte=

Information à prendre, bien évidemment, sous toute réserve.

Cependant, après que Guy Philippe ait avoué avoir été, lui-même, l'auteur du sabotage des émetteurs de radio sis à Boutilliers, rien ne devrait plus surprendre.

La technique dite de "false flags" est une technique couramment utilisée dans les milieux d'extrême droite. C'est un truc qu'on doit leur apprendre à l'école. Tu fais d'une pierre deux coups 1-tu te débarasses d'un allié devenu gênant pour x raisons -2 tu fais porter la responsabilité du crime par le camp adverse.

C'est un classique. Opération parfaitement réussie avec Guy Philippe qui a permis à M. Ménard ex-patron de RSF, passé à l'extrême droite aujourd'hui, de financer ces énormes affiches mises par exemple à Paris devant l'Hôtel de Ville, avec sur la photo d'Aristide "Aristide prédateur de la presse."

A mourir de rire, puisqu'on ne peut plus pleurer, la coupe des larmes s'étant tarie, quand on sait toutes les conneries, les insultes que la presse, à cette même époque, pouvait déverser sur la tête d'Aristide et celle de son épouse.

A propos du meurtre de Jacques Roche, je vous convie à relire le texte de l'auteur de Moloch Tropical. MOLOCH TROPICAL

Un texte particulièrement - à mon point de vue- populiste, démagogique et de plus dangereux - c'est ce qui m'avait frappé venant d'un mec qui avait fait un film sur les ravages de la délation au Rwanda- dans sa manière de désigner l'ensemble des sympathisants d'un parti politique- l'usage répétitif du "TOUT" pour marteler comme vérité vérifiée- comme responsable d'un crime. Une méthode qui s'apparente tout bonnement au fascisme. Oyez :

"Tout se assassin !- Tout se reaktionè !- Tout se zannimo ! Yo pa gen gren !'

Et inciter les gens à la guerre civile dans un vocabulaire que ne renierait pas l'ultradroite lepéniste française :

"Le yo fin volè, yal kache nan trou rat yo.

Paske se rat yo ye.

Nap mete terè nan pot-au prince
Nou pwal mete tere deye-nou.
Nap mache pran nou chak, youn pa youn."

Ahurissant, non ?

Un appel digne de "Mein Kampf' à éliminer les rats lavalassiens, comme les rats juifs, les uns après les autres. Ca fait vraiment peur, cette rage.

Il s'agit là de la parole d'un cinéaste. Un monsieur qui a été ministre de la Culture de son pays et qui aujourd'hui préside une école de cinéma.

Vous avez vu ce qui s'est passé avec Clifford Brandt.

Qui aurait crû, n'est-ce pas ?`

Vous avez également noté le silence retentissant de tous ceux-là qui, en 2004, appelaient le peuple à massacrer le peuple- et souvent lui fournissaient les armes pour le faire. VOIR Haïti et le para-militarisme en Amérique Latine à "l'ère de la démocratie"

Vous avez également noté le silence de ceux-là même qui avait monté la campagne avec Ménard de RSF en 2004 contre Aristide prédateur de la presse par rapport aux conflits constants entre Martelly et la presse haïtienne.VOIRlink

On se demande de quel côté sont les lâches dont parle R. Peck ?

On s'interroge souvent- et moi-même itou- sur le pourquoi et comment de la pénurie intellectuelle au sein de cette classe moyenne- issue de la diaspora ou locale. Ce texte de Peck qui reste estomaquant, dont la virulence donne carrément envie de vomir, montre le niveau de non réflexion, de passion et de brutlalité, de haine auquel un intellectuel reconnu peut arriver.

Alors, imaginez, les étudiants, ceux qui n'ont accès ni aux livres, ni aux films, ni aux journaux, ni aux voyages... mais seulement au dixit de leurs maîtres à penser, les zentellectuels primés.

De cette personne, R. Peck, parce qu'il a en mains les moyens pour s'informer correctement et qu'il a eu la chance d'avoir un certain bagage académique, on aurait été en droit d'attendre, non pas des appels à la vengeance, à la haine et à la guerre, mais au contraire, un appel à la prudence et à la raison, par exemple, en demandant que personne ne tire de conclusions hâtives, en exigeant non pas que la justice populaire prenne en chasse les membres d'un parti- justice populaire étant à cette époque représentée par les ninjas des beaux quartier et les mercenaires para-militaires et ex-militaires sous les ordres de Chamblain et de Guy Philippe- mais que la police mène une véritable enquête et évite de protéger les assassins quels qu'ils puissent être.

Boulot de tout intellectuel qui se respecte et surtout, surtout, expression de son respect pour les gens, riches ou pauvres, lavalassiens ou grenn-nanboundaistes, tous victimes du gangstérisme et de l'impunité.

L'hommage de Peck à J. Roche :

POUR JACQUES

français - créole

Nous apprenons la mort de notre ami, poète, compagnon de lutte, journaliste et citoyen progressiste haïtien, lâchement assassiné par les terroristes de l'ancien Président Aristide.

Aïbobo Jacques.
Ta mort ne restera pas inpuni.

Aujourd'hui nous disons définitivement non aux assassins.
Nous disons non aux violeurs.
Nous disons non aux tueurs déguisés en prêtre Lavalas, en ancien députés lavalas, en anciens sénateurs lavalas, en ancien Ministre lavalas.
Nous disons non aux tueurs déguisés en avocat de Floride, en parlementaires américains , en lobbyiste américains.

Nous disons non à tout ceux qui t'on tué Jacques Roche.

Fok pep ayitien konnen ke se lach yo ye.
Fok pep ayitien konen ki moun yo ye vré.

Nou te voye arisitde ale, nap mache pran tou reskille ki rete nan peyi-a
Nap mache pran tout sousou kap pran poz demokrat-yo et ki kontinue ap fe kob nan drog, nan kidnaping, nan move zafè.
Na voye ale tout assassin kap toufe moun pov nan bel-air, cite soleil, village de dieu.

Yo vle fe moun kwe ke se kombatant yo ye
Se pa vre.
Tout se assassin !

Yo vle fe kwe ke se militant yo ye
Se pa vre
Tout se reaktionè

Yo vle fe kwe ke se moun yo ye
Se pa vre
Tout se zannimo !

Yo vle fe kwe ke se neg jam yo ye
Se pa vre
Yo pa gen gren !

Paske Se fam, yap atake
Paske se jounaliste yap atake
Paske Se moun ki pas gen sekirite yap atake

Le yo fin volè, yal kache nan trou rat yo.
Paske se rat yo ye.

Nap mete terè nan pot-au prince
Nou pwal mete tere deye-nou.
Nap mache pran nou chak, youn pa youn.

A pati de jodi-a se pwen fe pa.

Nou met di neg kap voyé lod banou-a-a tou lè jou.
Kotel-ye an, nap vin pran'l tou.
Dosie-yo monte men rote sou li ak tout associe-l yo.
Nou vel li tounen ?
Eh bien nou mem tou !

Paske se anba kod ke nap mete-l.

Ancien pe-a toujou fe nou kouè ke li tap defan moun pov.
Kounia-an nou konnen se poche li li tap defan.

Ancien pe-a te toujou genyen yon ban bel parol nan bouch li
Ap pale de pov, ap pale de diyite, ap pale de progre.

Sel pov li te konen se fanmi-l
Yo tout rich jodi-a

Sel diyite ki te interese-l
Se foli bougeoi gran neg.

Sel progre li te konen
se progre poche-li.

Jodi-an nou di sa kont
Jodi-a nou di ke vole pap pase
Jodi-a nou di ke nap mete tou moun anba kod.

Ayitien toujou voye vole ale
Ayitien toujou voye assassin ale.

Fok nou konnen ke nou pap pasé.
Nou pwal mache pran nou youn pa youn.

Jacques Roche
Nou pap bliyé-ou
Nou pap bliye tout victim Lavalas manje.

Raoul Peck
Port-au-Prince 14/07/05

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