République dominicaine :Un panorama politique.Par Jean-Michel Caroit

Publié par siel sur 29 Décembre 2013, 14:55pm

Ce portrait de la situation socio-économique de la RD et de l'homme, Fernandez, son ex-président, fait par le correspondant du Monde J-M Caroit, que vous pouvez lire ici,link concorde en tous points à ce qui a été dit sur ce blog à la rubrique AYITI/RD relations

Quand, le désordre commencé à partir de la réelection d'Aristide en 2001 qui passera par le boycott de la commémoration du bicentenaire de l'indépendance, action endossée par des journalistes, intellectuels,artistes et personnalités politiques réunis dans une structure avec pour nom "Le Collectif Non", je me suis mise à jeter un coup d'oeil à la politique intérieure de la RD.

La RD auparavant, pour nous ici, ça se résumait à de géants panneaux publicitaires vantant une destination "all inclusive" billets d'avion-hôtels-nourriture-plage-prostitution avec les tarifs les plus concurrentiels.

Le désordre organisé en Haïti dont l'apogée sera marquée par des incursions criminelles de mercenaires armés, gratifiés de l'appelation "combattants de la liberté" venus de la RD (aujourd'hui au pouvoir) contre la population, pour finalement arriver à l'apothéose du coup d'Etat, l'année même de cette commémoration du bicentenaire de l'indépendance, et de la rélégation d'un président en Rep Centre-africaine (aujourd'hui en pleine guerre) comme une espèce de symbole venant des francofous que cet homme là, ce "négrillon", ce "congo" , ce "santi KK', cet "Attila-Moloch tropical" ne pouvait avoir sa place que dans un continent habité par des Noirs sauvages, des barbares tels que caractérisés par l'extrême-droite fasciste et raciste d'Haïti se prétendant de gauche, image diffusée dans leurs films et écrits.

J'ai donc créé cette catégorie sur le blog en prenant conscience que la question du quasi-esclavagisme des Haïtiens dans les bateyes n'était que l'arbre qui cache la forêt des relations de dépendance d'Haïti avec la RD.

Je me suis donc intéressée à l'économie de la RD- comment ça fonctionnait- et à sa politique intérieure-quelles étaient les forces en présence- et, en ce faisant, je me suis rendue compte qu'il n'existait en Haïti aucune information sur les réalités de ce pays avec lequel pourtant les relations étaient étroites, complexes, antagonistes et fort anciennes.

Qu'il n'existe dans aucun média écrit ou audiovisuel de correspondant en RD, alors même que les étudiants haïtiens y sont nombreux et que ce pays représente le 2ème partenaire économique après les USA et est le voisin collé/collé, a été pour moi une surprise.

Il m'a fallu du temps pour comprendre que cette absence d'information sur les conflits sociaux qui secouent régulièrement la RD, sur la situation économique- son endettement faramineux- était voulue par les patrons des media- dont la plupart ont des intérêts en RD; et que ce silence permettait d'alimenter le mythe d'une RD prospère et dunque, par conséquent, de continuer à la gaver de la main d'oeuvre bon marché haïtienne.

Comment, dites-moi, un Haïtien peut comprendre que derrière le métro flambant neuf se cachent des années de paiement de la dette par le citoyen dominicain, comment il peut comprendre que derrière Punta Cana se dissimulent des masures sans eau potable ni électricité, comment il peut comprendre que derrière telle ou telle magnifique construction d'hôtel, façon Oasis, se cachent l'argent espagnol et celui du blanchiment, comment l'Haïtien peut comprendre que, tout comme en Espagne actuellement où les châteaux d'Espagne se sont écroulés provoquant un des taux de chômage parmi les plus élevés en Europe, la RD de Fernandez et de son parti est construite sur un gigantesque bluff, sur des sables mouvants qui ont impérativement besoin des bras haïtiens pour rester debout ?

Non, l'Haïtien ne peut pas comprendre que ce pays va mal socialement et économiquement et qu'il a beoin des déchets humains haïtiens comme force de travail, comme investisseurs, comme étudiants, comme touristes,comme commerçants pour se tenir à flots et pour vendre ses déchets matériels, ses salamis, ses spaghettis, ses ersatz de djon-djon (champignons noirs) ses fruits et légumes non exportables ailleurs, ses blocs de ciment, etc. Et, surtout, qu'il a besoin de son bouc émissaire, l'Haïtien tel que diabolisé par Balaguer pour faire diversion aux justes revendications du peuple dominicain à la sécurité, à la justice, à l'éducation, à la santé, et même à l'accès libre aux plages de son pays confisquées par les multinationales.Toutes choses auxquelles il n'a pas véritablement accès et dont le manque le pousse, de même que les Haïtiens à affronter les dangers de la mer pour se rendre à Porto Rico et ailleurs à l'étranger.

Les Haïtiens savent-ils combien de fric se sont faits les autorités haïtiennes en les vendant aux patrons dominicains ?

Où est le journaliste qui osera mener cette enquête ?

Les Haïtiens savent-ils que l'une parmi les causes du coup d'Etat de 1991 qui a mis fin après 7 mois à une initiative collective, un vrai désir partagé par la majorité de remettre le pays sur de nouveaux rails, était qu'Aristide ( toujours lui le frekan) avait osé dans son discours à l'Onu dénoncer les conditions faites aux Haïtiens dans les bateyes de la RD et qu'il entendait entamer des négociations avec la RD sur ce sujet ?

Non. Les Haïtiens, les uns perdus dans l'addiction aux zen, les neurones fracassés par 34 ans au moins de duvaliérisme, les autres préoccupés uniquement d'enrichissement rapide, les journalistes flagorneurs en attente de leur backchich, tous sont incapables de comprendre qu'ils sont les dindons de la farce orchestrée par Fernandez.

Pourtant, notre partie d'île est merveilleuse et parce que justement elle détient tant de ressources humaines et matérielles, nous avons la capacité d'entreprendre un plan d'aménagement de notre territoire, une juste répartition des ressources qui assureraient à la population d'Haïti un bien être qu'envierait nos voisins dominicains empêtrés dans leurs dettes, leur mafia, leur criminalité, et ceux des autres îles de la Caraïbe.

De sorte que nous en viendrions, un jour, à réglementer notre immigration afin de restreindre l'accès à notre pays par tous ceux Blancs ou Noirs qui rêveraient de venir s'y installer, y prendre leur retraite parce que nos hôpitaux et notre personnel médical seraient formidables, que grâce à nos barrages , aux panneaux solaires, aux éoliennes, l'électricité serait présente 24h sur 24, parce que nos industires agroalimentaires fourniraient les produits café, cacao, pates, bananes, ignames etc, les meilleurs de l'hémisphère ouest, garantis sans OGM, sans Jean-Robert Estimé, parce que parler créole ou français serait la chose la plus naturelle du monde, parce que l'eau potable captée de nos rivières, sources et puits serait en abondance, parce que nos mornes et vallées comme dans Gouverneurs de la rosée, bruisseraient du son de l'envol des oiseaux et du tambour, parce que le rose ne serait plus la couleur des prédateurs mais celle des petites filles déguisées en princesse pour rire.

Tel est mon voeu pour le futur. Et comme le futur c'est maintenant, il nous suffit de commencer.