LIBRE PENSER
« Zins Divers»
« Ou Konen ou pa samblé ou Minis »
Façon colloquiale de s’adresser à un Ministre
Un « forum » est un « espace virtuel » dans lequel, plusieurs usagers, de façon simultanée ou non, des utilisateurs d’horizons divers, tous à la fois ou non, de formations et d’informations plurielles, font part de leur point de vue sur un sujet donné. Formant, parfois. Déformant, souvent. Informant, assez souvent. Voulant Désinformer, surtout. L’importance du sujet est secondaire. En réalité, c’est une sorte de « boîte à zins », dans le sens haïtien du terme, dans laquelle si tu as la malchance que deux ou trois individus fassent circuler la rumeur que tu fonctionnes en « mars ici et en avril là-bas», tu es foutu. Qu’ils aient raison ou pas, la « boîte à … », face au ventilateur, asperge et « badigeonne » tout. On fout alors en l’air tout ton prestige. Si on dit de toi que tu es un dictateur, tu es alors pire que le « baby », un peu moins que le « papa » et il ne te reste qu’à te « fourrer l’os en travers du nez » pour plaire à tes adversaires. Si tu as les moyens et le pouvoir de le faire, tu peux alors te proposer d’engager des poursuites judiciaires. Malheureusement, chez nous, accuser de « calomnie » est chose facile mais arriver à s’en défendre ou à se défaire des maux causés, cela est une autre paire de manches. J’imagine que « l’honneur » n’étant plus ce qu’il était, la calomnie en tant qu’accusation mensongère portant atteinte à l’honneur, ne doit plus avoir la même importance ni pour celui qui accuse ni pour la victime. En Haïti actuellement, vu l’état de « dégradation émotionnelle » que nous souffrons, un « zin » de plus ou un « zin » de moins ne peut faire du mal à personne. En réalité, chers amis, à bien regarder la binette de ceux qui accusent les autres de « dictateur », à bien observer leur comportement, chez eux, avec leur personnel de service qu’ils traitent parfois comme s’ils étaient des esclaves, à les voir agir dans leur partis politiques, comme s’ils étaient lesseuls maîtres, on se demande bien s’ils se sont regardés avant de lancer les accusations. Ma « Grand’mère », pour me faire comprendre que les gens avaient toujours tendance à exagérer les défauts d’autrui en minimisant les siens propres, me disait parfois qu’une aiguille, généralement, critiquait toujours la taille du chas d’une autre aiguille sans se rendre compte qu’elle est une aiguille à « grand trou ».
Enfin, chères amies lectrices, chers amis lecteurs, je me demande parfois si réellement ce sont les séquelles de l’esclavage ou si c’est simplement une question d’accommodation car ces mêmes messieurs, au « cul lourd », à « l’esprit lent et tordu », arrivent chez « les blancs » et se rangent du côté des « décents ». J’imagine, qu’il s’agit de quelque chose d’éducationnel et que notre société, l’haïtienne, ne nous a jamais appris à être honnête. Je dirais, pour paraphraser Tchekhov, que nous savons tous ce qu’est une action malhonnête, mais ce qu’est l’honnêteté, nous ne le savons pas. On ne nous a jamais appris, de façon formelle, ou même à travers les différents modèles, ce qu’est l’Intégrité, ce que veut dire « Probité », ce que la « Décence » peut représenter. Vu que nous ne voyons la réussite que des « magouilleurs », des « dwèt long », de ceux qui font « usage de faux », et nous voyons rouler de grosses voitures justement les « manipulateurs de tout poil et d’odeurs différentes », nous nous sommes habitués à accepter cet état de chose comme normale.
Chères amies lectrices, chers amis lecteurs, maintenant que le monde semble revenir à la routine, maintenant que le « Sommet de Copenhague » (beaucoup de bruit pour rien) n’est plus que souvenir, maintenant que Haïti, n’a pu se retenir de parler de ses « corridors » en laissant de côté ses « lakous », ses « couloirs » et surtout ses « bidonvilles ». Maintenant que la « belle délégation » est revenue « sans sous et sens dessus dessous », sans avoir pu trouver une solution définitive de financement, on peut recommencer à parler de choses moins sérieuses. Donc parlons de ce forum sur lequel des centaines d’individus s’entretiennent à se lasser de certains sujets très peu intéressants laissant de côté les vrais débats. Ce qui a causé de grands remous c’est l’interview de l’animatrice de Radio Canada à notre Ministre de la Culture.
Avoir le courage, dans un pays comme le nôtre, de ne pas se montrer conforme à un type de référence, être donc atypique, avoir un comportement « original », voire « singulier », dans la façon d’être, d’agir, dans l’habillement (qui ne fait jamais le moine), est se soumettre, à longueur de journée, au jugement des autres et s’offrir comme « cible de zins divers ». Cela n’arrive pas seulement chez nous. J’avais même du mal à voir une « tête Nègre » à la « Maison Blanche », cela ne fait que deux ans. Je le trouve « normal » maintenant.Un « événement » donné est considéré « Normal», chers amis,en fonction du nombre d’individus à effectuer le choix dudit événement.
Enfin, chères amies lectrices et chers amis lecteurs, avec autant de problèmes auxquels notre cher petit pays a à faire face, comment peut-on s’attarder sur ces « ZINS » au lieu de s’occuper de choses plus sérieuses.
Oscar Germain
germanor2005@yahoo.fr Décembre 2009
Sources: Haïti en Marche, édition du 23 au 29 Décembre 2009 • Vol XXIII • Nº 48
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