Duval du Nouvelliste propose d'encadrer l'émigration sous forme de "voyage organisé"

Publié par siel sur 30 Mai 2014, 09:25am

Voici le titre de l'article de Duval:

Quitter Haïti en voyage organisé pour désamorcer la bombe démographique

Un atelier de travail sous l'égide du conseil de développement économique et social doit se tenir cette semaine. Son thème : Politique migratoire du gouvernement, enjeux et perspectives. Un ...

http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/131653/Quitter-Haiti-en-voyage-organise-pour-desamorcer-la-bombe-demographique.html

Voici le titre d'un article de la BBC

Haiti migrants risk sea journey for better prospects

Every year thousands of Haitians risk their lives trying to make the perilous sea voyage from their country to one of its wealthier Caribbean neighbours in a bid for a better life. They cram ...

http://www.bbc.com/news/world-latin-america-27469513

Si on comprend bien, pour éviter des situations telles que celles décrites dans l'article de la BBC, Duval, propose un nouveau concept celui du "voyage organisé"

Au moment où la diaspora rêve de s'impliquer dans la vie politique, est le principal moteur de l'économie (...) n'est-il pas temps de se poser la question comment faire pour aider de plus en plus d'Haïtiens à quitter le pays ? Faire partir sans risques de plus en plus d'Haïtiens bien armés pour faire face aux besoins des marchés de l'emploi des pays d'accueil (...)

Duval suggère donc que l'Etat haïtien organise l'émigration de ses citoyens les plus formés (bien armés).

Parce qu'il ne s'agit pas d'aider à "voyager" la population décrite dans l'article de la BBC. Elle, de toutes les façons continuera à prendre ses rafiots, à crever, à se faire rapatrier et à repartir, jusqu'au jour où par la grâce de bon dieu bon, elle parviendra à passer entre les mailles du filet

Non, ce dont il est question dans ce plan de "voyage organisé, c'est de cibler ceux qui ont quelques compétences , d'opérer une sélection en amont pour faciliter la tâche des pays d'accueil en leur fournissant les "produits" qu'ils recherchent.

"Aussi simple que ça," comme dirait V. Numa son confrère de Radio Vision 2000, lequel ,rappelons-le, encourageait les Haïtiens à émigrer au Qatar, peut-être pour y remplacer les Sri-Lankais qui trop fragiles pour le climat décèdent à tour de bras.

Genre Bartolomé de Las Casas, proposant des Africains pour remplacer les Taïnos en Haïti. Chacun sachant que les Haïtiens sont résistants à tous les microbes...et au choléra aussi bien sûr. Il n'y a qu'à voir leur niveau élevé d'espérance de vie pour s'en faire une idée, n'est-ce pas !

Selon Duval, ces jeunes "bien armés" une fois établis à l'étranger enverraient de l'argent en Haïti, ce qui permettrait de faire vivre le pays.

Ce qui est en jeu ici c'est la question des "remittances", c'est-à-dire des transferts d'argent de la diaspora. On sait que qu'à partir des secondes ou 3ème générations d'émigrés, les liens avec le pays ont tendance à se rompre et donc l'argent à ne plus être envoyé.

Pour remédier à ce tarissement de la vanne, Duval propose de fixer un quota annuel de "volontaires au voyage organisé". Sans compter qu'à ce pactole viendraient s'ajouter les taxes sur les appels et les dites "remittances".

Pourtant, ni le ministère des Haïtiens vivant à l'étranger (...) n'ont encore mis sur le tapis la nécessité (...) d'encourager la sortie du territoire de 50 000, 100 000, 200 000 Haïtiens par an dans les prochaines années. L'émigration massive est nécessaire pour garder le train de vie de l'économie haïtienne qui ne survit que de l'économie de transfert.

Ainsi donc, le but de ce programme de "voyage organisé" ne serait pas de venir en aide aux gens en vue d' améliorer leurs conditions de vie mais pour soutenir l'économie haïtienne.

Donc récapitulons :

- Pour venir en aide à l'économie haïtienne faudrait faire partir jusqu'à 200 000 personnes " bien armées" par an.

- Ces personnes formées ( dont soit dit en passant l'Etat a financé la formation) feraient des transferts à leurs familles.

- Leurs familles pourraient ainsi consommer les produits importés ( venant ainsi augmenter le montant des importations de la RD) et enrichissant les 5% les plus riches qui vivent de ce commerce.

- Ayant fait partir les plus compétents, ( selon les chiffres entre 60 et 80% des diplômés se trouvent déjà à l'extérieur du pays) le manque de ressources humaines ira en s'augmentant comme il en a été pendant le régime des 2 Duvalier.

- Le nombre des moins formés (une majorité) devrait s'amplifier faute de formateurs. Il faudra donc en même temps qu'on organise ce départ de "volontaires" " bien armés", faire rentrer par le biais des ONG, de la coopération, de l'ONU, etc, des "bien armés" étrangers afin de gérer le peu restant de politiques publiques en matière de santé, d'éducation, de commerce, de tourisme, d'énergie, de mines, d'infrastructures...

Pour l'organisation des carnavals, des Livres en folie, des célébrations de ti manman chéri, inauguration de bancs d'école offerts par Taïwan et la répression des droits de la personne, les locaux s'en chargeront.

C'est du niveau de leurs compétences. Pas de problèmes, l'équipe des possédés de Tèt Kale ( avec ses journalistes non moins démoniaques) a été sélectionnée par les USA pour faire ce boulot de géreur de plantation.

La boucle de l'enfermement duvaliérien à la Duval se trouve bouclée,

Je dis enfermement duvaliérien 1- Parce qu'un de ses supporters avait défendu sur le net ce qu'il a appelé " la philosophie de l'exil volontaire de Duvalier'; 2- Parce que l'un des moyens utilisé par toutes les dictatures pour maintenir l'oppression et l'exploitation est de chasser du pays leur population jeune et instruite ( mieux armés).

Partir ailleurs , l'option empruntée naturellement par nos émigrés volontaires depuis un siècle, est la seule alternative qui s'offre au pays pour le moment. Il faut
qu'on y pense rationnellement. Cela s'appelle une politique migratoire;

Notez la tartufferie dans l'usage des mots " option ", " naturellement", "nos émigrés volontaires."

"nos émigrés volontaires", ces hommes, femmes et enfants haïtiens vous appartiendraient-ils Duval ?

Duval s'exprime comme les esclavagistes. Eux disaient "nos esclaves" parlant de leurs biens, Duval lui c'est "nos émigrés volontaires" qu'il regarde comme sa possession et qu'il souhaite vendre de manière organisée aux pays étrangers.

Dites-moi, Duval, ce ne serait pas forcés par le grangou klorox, la faim dans le ventre, l'absence d'horizon que ces femmes, enfants et hommes haïtiens foutent le camp ?

Bien sûr que non, Duval dit que c'est par choix (option) tout à fait naturel comme de respirer (naturellement), que les Haïtiens ( nos émigrés) prennent la mer, l'avion, la route, se font humilier, mal traiter, emprisonner.

De vrais masochistes qui, pourtant, avaient l'opportunité de rester peinards à la maison, jouir du soleil, de la mer, de la montagne, des mangues et des langoustes, de l'affection de leurs parents et grands-parents. Mais voici" naturellement "' et "volontairement ", ils en ont décidé autrement.

Le monde est ainsi fait , "nos émigrés" sont des fanatiques de football et de la "philosophie de l'exil volontaire." D'ailleurs c'est bien pour cela qu'ils partent en "voyage" désorganisé, certes, au Brésil actuellement.

Et puis, c''est ce que je vous disais : Duvalier avait sa philosophie de l'exil volontaire". Duval inaugure son concept de "politique migratoire". Les deux pour les mêmes raisons : constat qu'on va droit au mur; la peur d'être débordé par ces jeunes sans emploi.

Et la cupidité.

En somme, si Duval et les autres Duval veulent garder leur poste, continuer à être bien rémunérés et vivre confortablement, il faut bien que "nos émigrés" naturels et volontaires se dévouent.

Combien de dollars touchés pour les Haïtiens allant travailler en RD dans les bateyes, les Duvalier et leur cour ont amassé ?

Combien de dollars, Duval a t-il calculé qui reviendront aux organisateurs de ces "voyages organisés "?

Dans son éblouissante analyse Duval a omis un facteur, c'est que la politique en matière d'émigration des pays occidentaux s'est ,en un siècle, totalement transformée en même temps que leur économie.

A moins que M. Duval n'ait inclus dans sa confiture la formation en Haïti de régiments de domestiques, de "petit" personnel de santé- et même sur ce terrain la concurrence est grande avec les Européens de l'Est (Roumaniie, Pologne) et du Sud (Espagne, Portugal) , d'Asie (Thailandais, Philippins, Indiens ) bien mieux "armés" que les Haïtiens.

Une autre "option" peut-être. Celle d'un "voyage organisé " et collectif par exemple en Centre Afrique ?

Un grand exodus.

Allez, ça fait plus d'un siècle que vous êtes trop nombreux, retour à la case départ.

C'est une idée. Mais que deviendront les transferts "nécessaire(s) pour garder le train de vie de l'économie haïtienne" ?

En attendant que Duval présente son fantasme d'émigration de masse volontaire au Ministère des Haïtiens à l'étranger (un poste en vue ?) , il pourrait faire un éditorial documenté sur "le train de vie" du gouvernement Lamothe/Martelly.

Allez Duval, montrez-nous que vous avez autant de courage que "nos émigrés" naturels et volontaires qui risquent leurs vies sur la mer pour " pour garder le train de vie de l'économie haïtienne." !

Sacré Duval, il n'en manque pas une.

Il nous avait fait le coup de publier une lettre d'hommage au dictateur François Duvalier écrite par son petit-fils, François Jean-Claude Nicolas Duvalier sans doute pour garder en mémoire les nombreux bienfaits de la dictature.

Voici qu'il récidive dans l'immonde en vantant les mérites d'une fuite de cerveaux en masse organisée par l'Etat "pour garder le train de vie de l'économie haïtienne." A savoir celui des bandit légaux, celui des macouto/militaro/duvaliéristes actuellement au pouvoir, qui ont pris d'assaut le Conseil électoral provisoire ( CEP) afin de le transformer en un instrument nécessaire" pour garder (leur) train de vie" .