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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Littérature. Une femme en bleu, Michèle Jullian- Par Mélanie Talcott

Publié par Mélanie Talcott sur 13 Juin 2015, 09:29am

Catégories : #culture

Une femme en bleue, titre du dernier livre de Michèle Jullian, est le fil d’Ariane ténu qui en dévide l’univers dichotomique et binaire. Dichotomique, parce que chacun des personnages tait ce qu’il pense et fait semblant d’être ce qu’il n’est pas. Binaire, parce que les êtres et les choses vont par couple. Claire et Sasha, Amata et Shanti, Linh et le Vietnam, Amata et Nong, l’Occident et l’Asie, la Thaïlande avec elle-même.

En Occident, du moins celui restreint au cercle parisien de quelques bienheureux nantis, par héritage ou grâce à leur travail, les apparences sont lisses, confites de routine confortable. Le dialogue s’étrangle et le silence se fait langage. Entre Claire, femme sacrificielle bon chic bon genre, tendance gauche caviar, obsédée par le temps qui a vampé toutes ces années où elle s’est laissée couler égoïstement dans la futilité d’une vie pelliculée du souvenir de sa célébrité de vedette hypermédiatisée, et Sasha, son mari, astronome brillant et adulé du public, patriarche despotique et narcissique qui préfère, aisance matérielle oblige, méditer sur la course des étoiles plutôt que sur les contingences terrestres, se glisse Amata, l’enfant adopté, arraché à la misère ordinaire à laquelle la Thaïlande condamne la plupart des siens. Comme beaucoup de mômes abandonnés et adoptés, elle a compris instinctivement qu’elle devait se fondre dans le décor afin de ne pas bousculer l’enfer paisible de ses parents adoptifs. Entourée de leur amour égoïste qui ne cesse de se dérober et derrière lequel se faufile leur sexualité absente, elle grandit en enfant trophée et en silence, maladivement attentive à la moindre de leur sollicitation, énoncée ou devinée. Linh, sa grand-mère maternelle, otage volontaire d’un Vietnam qui l’a vu grandir et dont le souvenir nostalgique imprègne et rythme toute la vie, comprend la blessure secrète de sa petite-fille. Comment savoir où l’on veut aller si l’on ignore d’où l’on vient ? Cette grand-mère dans laquelle Amata se reconnait est l’ancrage d’une quête qui la conduira, après avoir décroché le baccalauréat, de Paris à Bangkok, puis de Bangkok au pays Isan.

Suite sur le blog de Mélanie Talcott :

 

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