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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


BET France, Othello, Comédie Française… Invisibles tant que nous serons Noir(e)s

Publié par LES INVITÉS DE MEDIAPART sur 21 Octobre 2015, 11:02am

Catégories : #RACISME

L'arrivée de la chaîne américaine BET (Black Entertainment Television) en France, le 17 novembre 2015, fait polémique. Plusieurs militantes afro-féministes; Afro FlyAmandine GayClumsyÉmyFania NoëlMany ChroniquesMrs Roots dénoncent « La chaîne noire sans les Noir(e)s » et relancent les questions de négrophobie et d'invisibilisation dans le paysage médiatique français. « Nous demandons plus que la représentativité, nous exigeons le respect ».


 

 

Le cas BET n’est qu’un énième épisode dans la récurrence de l’invisibilisation des Noir(e)s de France. Tout le monde aime la culture noire, la consommer voire l’exploiter, mais dès qu’il s’agit de nous laisser prendre la parole ou pis encore, de parler des différentes formes que prend la négrophobie, il n’y a plus personne. Certes, la chaîne BET, fondée aux Etats-Unis par un entrepreneur noir, n’appartient plus à des Noir(e)s depuis quelques années déjà. D’ailleurs le Black Twitter américain pointe souvent le fait que le seul programme de BET qui reste icôniquement noir est les BET Music Award. Mais est-ce une raison suffisante pour exclure les Noir(e)s de France du paysage audiovisuel français ?

 

 1. Evrything but the burden (Tout sauf le fardeau)

 

La divulgation d’une photographie de l’équipe de BET sans Noir(e)s (BET qui rappelons-le signifie « Black Entertainment Network » à savoir « Chaîne de Divertissement Noir ») est on ne peut plus édifiante. Même pour le métier d'animateur télé sur une chaîne censée leur être dédiée, les Noir(e)s ne sont pas dignes d’être sélectionné(e)s. Sortir une fois de plus les Noir(e)s du cadre de la photo, c'est nier leur existence. Le faire en brandissant un multiculturalisme de façade, c’est aussi perpétuer cette idée que les Noir(e)s devraient se contenter des miettes de représentativité qu’on leur accorde. Force est de constater que notre pays est une nouvelle fois frappée d’amnésie sélective quand il s’agit de la représentation des racisé.e.s sur le petit écran. Ainsi, ceux qui applaudissaient hier l’arrivée d’Harry Roselmack sur TF1, signe d’une prétendue évolution vers une société post-raciale, sont les mêmes qui, aujourd’hui, remettent en question l’indignation des communautés noires qui refusent de se laisser écarter du petit écran.

 

2. L'impact de la non-représentation et le message envoyé aux jeunes racisé(e)s

 

À l’heure où le CSA dénonce la monopolisation des écrans par une majorité « d’hommes blancs de plus de 50 ans », les communautés noires voient une fois de plus leur existence et leur légitimité remise en cause. Nous écrivons cette tribune pour qu’il ne soit plus possible de prétendre que nous n’existons pas. Nous ne pouvons plus accepter de n'apparaître sur les écrans que lorsqu’il s’agit d’alimenter et de divertir l’imaginaire colonial, stéréotypé voire parfois carrément raciste français. De Fatou la Malienne à Samba en passant par Bande de Filleset Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? pas de salut pour les Noir(e)s en dehors de ces représentations qui ne confrontent pas les structures de dominations. Cette revendication d’être les auteur(e)s et agent(e)s de nos narrations et de notre représentation sont régulièrement présentées comme relevant des blessures égotiques et de la « victimisation ». Nous insistons sur leur caractère politique et sur la nécessité de se soucier de l’impact de notre invisibilisation sur l’ensemble de la société française.

 

Grandir sans se voir représenter nulle part, du théâtre à la télévision en passant par la littérature, ou pis, en étant constamment soumis aux même clichés nous conduit à nous interroger sur la valeur de notre existence. Dès lors, comment se construire quand la société ne porte aucun intérêt à nos histoires, nos vécus ? Comment se projeter ? Enfants, nous avons tous eu ces phrases à la bouche : « Quand je serai grand, je serai ... Je serai avocate, pompier, médecin, aventurière », parce que nous avons vu, entendu, des personnages de fictions qui nous ont marqué, plu, inspiré. Se reconnaître dans des héros et des héroïnes qui nous ressemblent permet l'ouverture au possible, permet de rêver et surtout d'asseoir son existence dans la réalité. En 2015, il faut cesser de nier la puissance de la télévision dans la construction d’un imaginaire collectif et son impact dans l'appréhension du monde dans lequel nous vivons. Et c’est bien la raison pour laquelle l’affaire du lancement de la chaîne BET France sans animateurs noir.e.s suscite autant de ressentiment. À l’ère de l’information rapide et accessible, le mépris et l’appropriation culturelle dont sont victimes les Noir(e)s depuis plusieurs décennies voire siècles, ne passe plus.

 SUITE dans le lien :

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