Premier volet d'un reportage réalisé par Caterina Clerici et Kim Wall publié dans le journal français Libération.
Même si les deux journalistes semblent vouloir rester optimistes l'ensemble dégage une grande tristesse, frôlant le désespoir.
C'est l'équivalent du "Tristes tropiques." de Levy- Strauss
La "Ministre star" du régime Tèt Kale est mise en vedette. On ne comprend vraiment pas pourquoi, si ce n'est une question de marketting. Il paraît qu'elle aurait déclaré vouloir cibler en priorité la clientèle de a diaspora.
Pourtant, rien dans ses réalisations ne le montre. Est-ce que le ministère du tourisme aide les petites structures hôtelières capables de recevoir des Haïtiens de la diaspora appartenant à la classe moyenne et qui ne peuvent pas dépenser 100$ pour une chambre d'hôtels ?
De toutes les façons, en dehors des effets d'annonce de Mme Balmir-Villedrouin, la gestion de son ministère reste dans une totale opacité. Les sommes dépensées ? Leurs attributions ? Pour quels résultats concrets ?
La majorité des projets étant financés par des entreprises étrangères, on a du mal à saisir, en dehors de l’aspect promotion, quelles sont les activités réelles de ce ministère.
Par exemple, quel est son bilan en formation de personnel hôtelier ? Des chiffres ?
Sinon, j'ai extrait du texte 3 citations.
La première montre que même les fruits et le rhum viennent d'ailleurs. Pourtant et les fruits et le rhum d'Haïti sont reconnus pour leur qualité. Et on se demande ce qui empêche ou a empêché ce ministère du tourisme, dont se devrait être le rôle, de passer un contrat avec des producteurs locaux pour alimenter les touristes le temps qu'il passe dans ce territoire nommé Labadee.
Le deuxième extrait est à propos du nom du lieu qui a été anglicisé. Mais qui déjà portait celui d'un esclavagiste : beau symbole, s'in en est, n'est-ce pas !
Exactement le même cas que le lieu dit " Marchand Dessalines", dont le Marchand renvoie au nom d'un colon.
Partout dans le monde, les Etats changent les noms de lieux liés à des personnes peu recommandables par rapport à l'histoire de leur pays.
En Haïti, il est impossible de faire comprendre à une minorité de réactionnaires qui sont en général en charge des affaires du pays que la symbolique est importante.
Ils sont cramponnés comme des poux à leurs habitudes, refusant d’admettre l'importance des dénominations et l'impact qu'elles peuvent avoir sur le quotidien et l'imaginaire à la fois des Haïtiens et des étrangers.
Mais rien à faire, étrangers à eux-mêmes, ils poursuivent leur marche vers le non-sens.
Dans le troisième extrait, on apprend que ce deal a été fait par le dictateur Duvalier J-Cl, avant qu'il ne soit déchu. On peut se demander combien de fric, il a palpé dans cette négociation qui accorde - un truc dingue- un bail de 64 ans à la compagnie.
Comme nous n'avons ni journalistes versés dans l'investigation, ni archives ouvertes au public, nous ne sommes pas à même de savoir les conditions de ce contrat.
Notons que le père de Duvalier J-Cl, aussi patriote que le fils, avait de son côté octroyé un contrat sur l'Ile de la Tortue à un Etatsunien. Ce qui fait que jusqu'à présent il possède des droits sur l'île et qu'aucun développement touristique n'y est possible sans son accord.
Quand je pense qu'il existe encore des Haïtiens en 2016 - je ne parle pas du clan duvaliériste- mais de l'homme de la rue- qui jusqu'à présent vantent le régime de prédation des 2 Duvalier. Et en arrivent à considérer que la chose la plus importante serait les rues propres de Port-au-Prince et non pas la réalité d'une majorité de la population vivant sans eau potable, sans éducation, sans latrines, sans électricité, sans routes. Et privées du droit à l'expression.
Je m'empresse de dire que ceux qui vantent le régime des 2 Duvalier ne sont pas les premiers à blâmer Les vrais responsablesd sont les zentellectuels et les journalistes propagandistes haïtiens qui leur ont "vendu" le produit d'une Haïti paradisiaque du temps de la dictature.
De même que pendant les 4 ans du régime Martelly, ils se sont tus ou bien ont collaboré, tout en sachant pertinemment, ils ne sont pas bêtes, que la politique des roses était contraire aux intérêts de la population.
Intellectuels d'hier sous les 2 Duvalier, intellectuels d ‘aujourd'hui sous Martelly, du pareil au même. Le même déni de réalité, le même mépris pour « le pays en dehors ». La même aliénation.
Des "lost cases".
Tant que ceux qui ont le monopole du savoir continueront à se désintéresser du bien commun, nous aurons droit à ce type d’article qui met en lumière l'état nauséabond de la société haïtienne des dits "lettrés".
C’est un rêve tropical au summum de son américanisation: toute la nourriture est importée (y compris les fruits), et le rhum contenu dans le cocktail-vedette, le Labadoozie, n’est pas haïtien.
Même le nom du lieu - dérivé du marquis de La Badie, esclavagiste français dont les plantations n’étaient qu’à quelques kilomètres de l’endroit où débuta la fière révolution d’Haïti - a été simplifié au profit des langues occidentales.
Ce fut Jean-Claude Duvalier, connu sous le nom de Baby Doc, qui conclut le marché en personne : un bail de 64 ans sur une péninsule de 25 hectares dans l’Océan atlantique, à l’extrémité nord d’Haïti.
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