Esclave fugitif de Guyane .Les sociétés dites de nègres marrons ont développé une culture propre à partir d'influences africaines, amérindiennes et européennes. VOIR : http://matricien.org/geo-hist-matriarcat/amerique-sud/negmarron/
Bon, vous savez que sur ce blog je milite contre l'usage de certains termes hérités du système esclavagiste, tels qu'entre autres : "kongo" ou "marron" . Ce dernier étant systématiquement utilisé pour désigner qui est irresponsable, non fiable, roué.
Je l'affirme et le redis, assimiler marronage à irresponsabilité est une injure faite à ceux qui, en Haïti et dans l'ensemble de ce que l'on nomme les Amériques Noires, ont choisi la fuite avec les risques de tortures extrêmes et de mort si repris.
J'ai fait mienne cette parole de Camus: " Mal nommer les choses ajoute aux malheurs du monde."
Ce n'est pas évident. Les "marrons", les "sang sale", les kongos" ont de beaux jours devant eux, vu l'absence de questionnement sur l'historique de ces termes et la persistance de leur usage dans la société haïtienne.
J'ai mentionné - à plusieurs reprises- que l'histoire du marronage en Haïti- était une parfaite inconnue.
Que cette transmission à la psyché haïtienne se rapporte à la vision de l'esclavagiste, du maître. A savoir que le marronage représentait pour lui, une `perte au niveau de son investissement et un modèle qui mettait en danger l'ordre esclavagiste.
Et que, par conséquent -c'est logique- l'esclavagiste se devait de le "vendre" (courtoisie V .Numa de Vision 2000 ) comme un personnage négatif, un criminel fuyant ses responsabilités - c'est-à-dire l'obéissance à l'ordre esclavagiste.
Evidemment, rien n'est simple- on sait que des sociétés de Marrons ont passé des deals - notamment à la Jamaïque - en échange de leur liberté qui consistaient à ramener sur la plantation des fugitifs.
On sait, M. Hall l'a signalé, que d'aucuns sans scrupules se sont attribués l'héritage des marrons - des rebelles- pour parer leur banditisme de couleurs révolutionnaires.
Il n'empêche que le "marron" dans l'ensemble de ce qu'on appellle les Amériques Noires : Brésil Cuba, Haïti, Guyanes, Colombie, USA, reste le symbole des esclaves qui ont refusé l'ordre esclavagiste au péril de leurs vies.
Duvalier a utilisé ce symbole pour manipuler les masses. Certes. Mais il n'est pas allé plus loin que de commanditer une statue au nom du marron inconnu.
Pour le reste, il s'est appliqué à tuer et éliminer tous les "marrons", à savoir ceux qui refusaient et luttaient contre son ordre mortifère.
Il n'y a pas besoin d'être psychologue, sociologue, historien, anthropologue, économiste, pour comprendre que le dictateur Duvalier François venu des Antilles françaises pour formater le peuple haïtien, s'est appliqué - l'antécédent des toles rouges- à faire passer ses miliciens, les Volontaires de la sécurité nationale (VSN) comme des "marrons" de farouches défenseurs de l'indépendance d'Haïti.
Il s'agit du même homme qui exprimait sa crainte du peuple haïtien et qui proposait aux USA d'établir une base militaire au Môle Saint Ncolas.
Cette duperie, cette fraude des 2 Duvalier, tout le monde devrait en principe la connaitre.
Cependant, maints esprits persistent d'une part à le considérer comme le défenseur des Noirs et de l'indépendance d'Haïti.
Et d'autres, à l'opposé, comme étant le symbole du marron, tel que décrit par les esclavagistes : un individu maléfique.
Combien de fois, faudra-t-il rappeller- que les Duvalier père et fils ont été de fidèles serviteurs de l'Occident, qu'ils n'ont rien à voir" ni an pent ni an pentu "avec des "marrons" et qu'il s'agit d'une usurpation, d'un détournement de la réalité historique afin de soumetttre la population.
Voici qu'une autre voix - féminine d'ailleurs - s'élève pour réhabilter nos ancêtres les "marrons", ces "cochons sauvages", ces "kamokens" tels que décrits par les esclavagistes et les duvaliéristes, qui, en fuyant les plantations revendiquaient leur humanité.
Savez-vous, comme le note M. Hall, ici et ici, que la durée de vie d'un esclave dans la "perle des Antilles," était de dix (10) ans ?
Perle des Antilles que les Haïtiens jakorepèt aujourd'hui avec une fierté mal placée, comme s'il ne s'agissait pas de Saint-Domingue, la colonie française des Amériques qui battait le record de la durée de vie la plus courte d'un esclave.
Ah ! Si seulement nous étions tous des marrons !
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