Franceinfo : Comment les affaires qui visent actuellement François Fillon sont-elles perçues en Suède ?
Magnus Falkehed : Ce qu'on se dit, chez nous, c'est que la France a du mal à apprendre du passé. Ce n'est pas la première fois qu'un homme politique est soupçonné de mal utiliser l'argent public. J'ai beau vivre depuis une vingtaine d'années en France, je n'arrive pas à m'y faire ! Je ne suis pas le seul d'ailleurs. Quand je sillonne votre pays, je sens que les Français n'en peuvent plus. Malgré tout, rebelote, ça recommence régulièrement.
Ce genre d'affaires serait-il possible en Suède ?
Non, impossible. Simplement parce qu'on a des contre-pouvoirs qui fonctionnent bien. On sait en permanence où va l'argent public. N'importe quel citoyen y a accès. Ce n'est pas du tout une histoire de morale : le Suédois n'est pas plus honnête ou plus malhonnête que le Français. C'est juste qu'il y a des véritables contrôles. Quand un responsable suédois triche, il est vite démasqué, il n'a pas le temps d'aller très loin. Donc quand ça arrive, c'est une histoire de quelques sous, pas de centaines de milliers d'euros.
C'est donc tolérance zéro en termes de transparence ?
C'est même au-delà de la tolérance zéro. En Suède, on a déjà écarté du pouvoir une femme politique pour une histoire de barre de chocolat ! C'était au milieu des années 1990 : Mona Sahlin, qui était alors numéro 2 du gouvernement, a réglé quelques courses avec sa carte de crédit professionnelle. Elle a aussitôt remboursé, mais c'était déjà trop tard. Elle a dû démissionner, alors même qu'elle était pressentie pour devenir Premier ministre. Ça peut paraître excessif, mais pour les Suédois, c'était simple : si elle confondait sa carte bancaire de fonction avec sa professionnelle, alors elle n'était pas capable de diriger notre pays. Point barre. Mona Sahlin a ensuite connu une traversée du désert assez longue. Tout ça pour une barre de chocolat !
"En Suède, François Fillon aurait démissionné dans les trois jours, voire dans la demi-heure !"
Certains journalistes étrangers s'interrogent sur l'attitude "jusqu'au-boutiste" de François Fillon. Comme Magnus Falkehed, correspondant suédois à Paris, qui n'imagine pas la même situation d...
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