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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Rappel historique et socio/économique de M. Hérard Jadotte qui permet de comprendre pourquoi Haïti se trouve dans l'état misérable actuel

Publié par siel sur 19 Avril 2019, 21:29pm

Catégories : #AYITI ACTUALITES, #AYITI ECONOMIE, #PEUPLE sans mémoire...

Le poids de la dette dite de l'indépendance et d l'emprunt aux banques françaises pour la payer est quelque-chose que les Haïtiens ont découvert tout récemment.

Chomsky en a parlé longuement et j'ai souvent relayé ses propos sur ce blog.

Il paraît que cette partie n''est pas enseignée dans les livres d'histoire.

On leur a plutôt enseigné qu'ils avaient pris leur indépendance trop tôt, qu'en temps que Noirs ils étaient incompétents. La leçon a été si bien assimilée qu'ils se conduisent ( les dirigeants) de manière à la mettre en pratique.

Quand vous entendez le désastre que provoque dans les cerveaux les propos des marchands de micro à base de les Haïtiens sont comme ci, sont comme ça...Ils ne font que reprendre le discours du colon : fixer une identité définitive  à l'autre sans lui permettre de se la créer et recréer  à partir de l'éducation et de la dynamique des échanges relationnels.

Cette chape de plomb opère comme un diktat obligeant l'Haïtien à être fixé dans une soit-disant identité immuable, sans possibilité de changement, de voir le monde  autrement et d'inter-réagir sur la réalité et de la transformer.

D'où cet enferment dans un statu quo avec lequel le temps est venu de rompre, n'en déplaise aux rapaces roses.

Le Nouvelliste : Quelles sont les caractéristiques de ce long XIXe siècle pour Haïti ?

Hérard Jadotte : Il a été long et terrible. Trois phénomènes le caractérisent par rapport à ce pays. D’abord, le paiement annuel de l’indemnité française. En 1825, après plus de vingt (20) ans de négociations pour tenter de ramener St-Domingue/Haïti dans le giron de la France, le roi Charles X décide d’une certaine forme de reconnaissance. Il prend une ordonnance qui accepte de concéder l’indépendance contre une indemnité de 150 millions de franc-or, plus une réduction de 50% des droits de douane pour les marchandises de tous les navires battant pavillon français. L’ordonnance est apportée au gouvernement haïtien par une armada de 14 navires de guerre armés de 528 canons. Selon les instructions reçues, en cas de refus, Haïti sera « traité en ennemi de la France » et l’armada « est prête à établir le blocus le plus rigoureux devant les ports de l’île ». Il est convenu de régler l’indemnité en cinq (5) annuités de 30 millions. Pour payer la première traite, l’État haïtien contracte un emprunt auprès des banques françaises d’un montant de trente (30) millions au taux de 6% l’an et remboursable sur vingt-cinq ans. Après déduction des frais et des primes, l’État haïtien reçoit seulement vingt-quatre (24) millions et doit ajouter six (6) autres millions en fonds propres pour compléter. L’État haïtien va trainer ce boulet pendant cent vingt-cinq ans. C’est la double dette de l’indépendance : celle envers l’État français et celle auprès des banquiers parisiens. En 1838, les deux pays trouvent un accord pour ramener l’indemnité à 90 millions au lieu de 150 millions. La tranche envers l’État français est soldée en 1883. La tranche vis-à-vis des banquiers parisiens ne sera soldée qu’en 1952.

Ensuite, on retrouve sur une base régulière ce que les historiens ont appelé l’industrie des réclamations. Il s’agit de requêtes produites par des citoyens étrangers résidant en Haïti et soutenues par leur consul ou ambassade, fréquemment assorties de menaces pour exiger des dédommagements pour les torts subis, soit de citoyens haïtiens, soit de l’administration haïtienne ou encore lors d’événements politiques. Toutes les puissances européennes ont utilisé sans aucune retenue cette pratique impérialiste.

Enfin, la politique de ségrégation raciale ou la mise en avant de la notion de supériorité raciale de la race blanche. Après l’irruption d’Haïti et un peu plus tard des États-nations de l’Amérique du Sud, les puissances européennes décident de se lancer directement dans la colonisation de l’Afrique. Jusqu’au début de ce XIXe siècle, elles se contentent d’y établir des comptoirs. Mais dès 1830, la France occupe l’Algérie et le Sénégal ; le Royaume-Uni s’empare de l’Egypte et du Soudan. Les Italiens et les Allemands ne seront pas en reste. La Conférence de Berlin (1884-1885) va réunir toutes les puissances européennes à l’invitation du chancelier allemand Bismarck. Elle permet un dépeçage ordonné du continent africain et marque le passage du binôme traite/esclavage au binôme colonisation/capitalisme avec en prime l’installation systématique et systémique du concept et de la pratique de la supériorité de la race blanche et une politique d’État de ségrégation vis-à-vis non seulement des « negroes » en particulier mais aussi bien de tous les « colored people » en général.

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