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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Mediapart. A propos de la visite de MACRON au fort de Joux à l’occasion du 175e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France »,

Publié par siel sur 28 Avril 2023, 23:19pm

Catégories : #INTERNATIONAL, #PEUPLE sans mémoire..., #DUVALIER

Le président de la République se rend jeudi 27 avril à midi au fort de Joux (Doubs) « à l’occasion du 175e anniversaire de l’abolition de l’esclavage en France », indique le site de l’Élysée.

Un tel déplacement synthétise les ambiguïtés, le confusionnisme et le cynisme attachés aux actions mémorielles du chef de l’État. Le penchant n’est pas nouveau mais atteint aujourd’hui des limites étonnantes.

L’abolition de 1848 prit la forme d’un décret signé le 27 avril, donc, par les membres du gouvernement provisoire de la IIe République : Dupont (de l’Eure), Lamartine, Armand Marrast, Garnier-Pagès, Albert, Marie, Ledru-Rollin, Flocon, Crémieux, Louis Blanc, Arago.

Le texte se veut généreux dans les grandes largeurs : « Considérant que l’esclavage est un attentat contre la dignité humaine ; qu’en détruisant le libre arbitre de l’homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; qu’il est une violation flagrante du dogme républicain : Liberté, Égalité, Fraternité. »

Illustration 1
Décret du 27 avril 1848.  © Archives nationales

Dans le détail, des contradictions sautent aux yeux. D’abord le fait colonial en sort grandi : « Les colonies, purifiées de la servitude, et les possessions de l’Inde seront représentées à l’Assemblée nationale. »(Article 6).

Ensuite, la liberté peut attendre – les affaires restant les affaires : « Les Français qui se trouvent atteints par ces prohibitions, au moment de la promulgation du présent décret, auront un délai de trois ans pour s’y conformer. Ceux qui deviendront possesseurs d’esclaves en pays étrangers, par héritage, don de mariage, devront, sous la même peine, les affranchir ou les aliéner dans le même délai, à partir du jour ou leur possession aura commencé. » (Article 8).

Enfin, ce geste prétendument noble, prodigue et philanthrope est confié à des instances à première vue peu humanistes : « Le ministre de la marine et des colonies et le ministre de la guerre sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent décret. » (Article 9). C’est que le décret d’abolition est rédigé par Victor Schœlcher, sous-secrétaire d’État à la Marine, donc sous la tutelle du ministre de la marine, le physicien et astronome François Arago.

La Terreur

Un tel texte marquait donc « l’abolition définitive » de l’esclavage. Il y avait eu, en effet, un premier texte abolitionniste, voté par la Convention le 4 février 1794, en une période que la mémoire collective prend avec des pincettes : La Terreur.

Or la plupart des acteurs de la Révolution – mis à part l’abbé Grégoire, Marat et surtout Olympe de Gouges – ne remettaient pas en cause le fait colonial, somme toute considéré comme un bienfait, même par un Robespierre. Il a fallu l’insurrection de Saint-Domingue puis l’émancipation des esclaves de l’île (29 août 1793) pour en arriver à l’abolition.

L’un des chefs séditieux, Toussaint Louverture, d’abord allié au Royaume d’Espagne occupant l’est de l’île, se rangea du côté de la France en conséquence du texte de 1794. Une fois les Espagnols défaits, Toussaint fut nommé lieutenant-gouverneur de Saint-Domingue en 1796. Il commanda ensuite l’armée qui écrasa les Britanniques venus à leur tour défier ce mauvais exemple d’affranchissement.

Ravages du « en même temps »

Toussaint Louverture n’entendit pas s’arrêter en si bon chemin et affirma l’autonomie de la colonie dont il s’autoproclama gouverneur à vie en 1801. Le Premier consul Napoléon Bonaparte, pour affirmer la mainmise de la métropole, dépêcha l’armée à Saint-Domingue et fit capturer, par traîtrise, en juin 1802, Toussaint Louverture alors déporté vers la France.

Illustration 2
Buste de Toussaint Louverture dans le château de Joux  © Photo Denis Bringard / Hemis via AFP

Emprisonné sans jugement au fort de Joux, au cœur du massif du Jura marquant la frontière d’avec la Suisse, le guerrier et législateur visionnaire – il avait proposé à Napoléon une forme de Commonwealth avant la lettre – mourut dans la froidure en 1803.

Et ce, un an avant que la partie ouest de l’île dont il avait animé le soulèvement ne devînt indépendante : Haïti, « la première de toutes les nations noires » selon les mots d’Aimé Césaire, dans son essai, Toussaint Louverture (1960), sous-titré La Révolution française et le problème colonial : « On lui avait légué des bandes d’esclaves ; il en avait fait une armée. On lui avait laissé une jacquerie ; il en avait fait une révolution. On lui avait laissé une population ; il en fait un peuple. On lui avait laissé une colonie ; il en fait un État, mieux, une Nation. »

C’est donc au fort de Joux, lieu du martyre de Toussaint confiné dans une cellule glaciale à la fenêtre aux trois quarts obstruée, lieu où son corps fut brûlé puis recouvert de chaux, en 1803, l’année même où Napoléon rétablit l’esclavage aboli en 1794, que le président Macron s’en va commémorer le 175e anniversaire de l’abolition de 1848 ; comme si de rien n’était ou n’avait été. Ravages du « en même temps » : passez muscade !

Un curieux personnage

Mais ce n’est pas tout. En plus d’un tel embrouillamini mémoriel, le président de la République, qui n’aura jamais été précédé que par François Mitterrand, en 1987, au fort de Joux, sera cornaqué in situ par un curieux personnage : Philippe Pichot.

Celui-ci, venu du secteur touristique, a accaparé à la fois la mémoire du fort de Joux (dont il est depuis vingt ans « chef de projet ») et celle de Toussaint Louverture. En particulier au nom d’une « route des abolitions de l’esclavage » – calquée sur « Les routes des personnes mises en esclavage » lancée en 1994 par l’Unesco.

Or cet homme qui doit guider le président de la République jeudi 27 avril 2023, ainsi qu’il le confirme à Mediapart, passe sa vie à poster des insanités sur Facebook – comme l'illustrent les captures d’écran ci-dessous. Outre une obsession sexuelle itérative martelée ad nauseam, sa prose haineuse s’en prend aux femmes (des « truies ») ainsi qu’à toutes les minorités possibles ; avec des relents d’extrême-droite.

Suite dans le lien

 

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