M. R. Lodimus
Le héros de Stendhal dans Le rouge et le noir, Julien Sorel, dans la bouche de l’acteur français Gérard Philippe, demande à son bienfaiteur, l’abbé Pirard : « Qu’est-ce-que je dois faire, selon vous? Mordre ou me laisser manger? » Le directeur du séminaire qui, à la demande du curé Chélan, l’a pris sous son bonnet venait de lui faire remarquer qu’il séjournait dans une colonie de loups : un milieu religieux austère, redoutable où l’hypocrisie et la discrimination sociale s’arcboutent aux murailles d’une humilité apparente. D’une fausse modestie. Comme pour le Pâris d’Homère, la passion incontrôlée, le vice adultérin conduisent Julien Sorel à sa perte. Cependant au cours de son procès, le jeune homme de 23 ans critique courageusement et éloquemment cette société qui le condamne sur la base de son appartenance familiale et de son origine rurale, refusant de prendre en considération les efforts physiques et intellectuels qu’il a déployés en vue d’occuper une « place honorable », d’exercer une « fonction noble » au sommet de l’État, de servir valablement son pays comme n’importe quel citoyen respectueux, respectable et respecté. Mais il n’était pas réservé à un rude campagnard de parler et d’écrire sans faute le « latin » du Vatican, de dire la « messe » pour les « bourgeois », voire de mériter les sentiments idylliques d’une reine, d’une princesse, d’une duchesse, d’une marquise ou d’une comtesse. Ce qui est jusqu’à présent considéré comme un « crime gravissime ». Julien Sorel le crie lui-même dans l’enceinte du tribunal, devant ses juges iniques, aux yeux des nobles, des aristocrates corrompus et aux oreilles des bourreaux du système :
« Je ne demande aucune grâce! Surtout pas à vous Messieurs! Mon crime est atroce. J’ai tiré deux coups de pistolet sur la plus noble et la plus adorable des femmes, sur Madame de Réal qui a été pour moi comme une mère. J’ai mérité la mort. Mais ce n’est pas pour ce crime là que vous allez me condamner. Mon vrai crime pour vous, c’est d’être né dans une classe inférieure. Et, surtout, d’avoir voulu en sortir. En me faisant couper la tête, vous punirez ces jeunes gens qui sont nés dans la pauvreté, qui ont eu la chance ou le malheur de recevoir une bonne éducation, une insolence de se mêler à ce que l’orgueil des riches appelle la société. Nous nous sommes déjà rencontrés cent fois dans la rue. Vous et vos parents, je vous connais tous par vos noms. Mon père a travaillé pour vous, et cela, vous ne pouvez pas me le pardonner. Mais regardez-vous : pas un seul ouvrier parmi vous, pas un seul paysan, rien que des bourgeois indignés… Et il y a de quoi… Oui, j’ai voulu être l’un des vôtres, moi un fils d’ouvrier ! »
(Une séquence du procès de Julien Sorel tirée du film Le rouge et le noir)
C’est aussi notre histoire
La République d’Haïti doit être considérée comme le « Julien Sorel » des États occidentaux. Ceux-ci ont décidé qu’elle n’a pas sa place dans le « monde » prétendument « libre » et « civilisé ». Comme l’évêque Pirard l’a fait pour son protégé, l’abbé Grégoire s’érigea en défenseur de la patrie dessalinienne. Malgré tout – comme on le constate – Sorel n’échappe pas aux flammes dévorantes de la fatidicité d’une vie bouleversante et instable. Faudrait-il prévoir la destinée de ce pays à travers le dénouement tragique du récit dystopique stendhalien? Dans la conception de l’aryennisme absurde, dans la mentalité du ségrégationnisme bestial, l’espèce haïtienne est considérée comme un cheptel de « sous-humains » créés pour porter les litières des « blancs » aux yeux d’indigo. Les États néocoloniaux refuseront toujours qu’elle siège parmi les nations privilégiées. Ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que les filles et les fils des « esclaves » restent et demeurent des « esclaves ». Le crime de l’État haïtien, c’est d’avoir voulu être l’un des leurs, en écrasant l’armée française pour abolir l’esclavage sur les terres de Saint-Domingue et pour redonner à ce pays son nom originel.
La France, engoncée dans son orgueil napoléonien, n’a pas oublié, n’oublie pas, et n’oubliera jamais qu’elle a été contrainte de s’agenouiller devant des « Nègres » monumentaux, en agitant un drapeau blanc : symbole de la défaite, de la capitulation, de l’impuissance, de l’humiliation… En voulant faire périr Haïti, les « seigneurs » des continents terrestres cherchent à sempiterniser, à perpétualiser la « servitude » des pays dominés. Ainsi, Martinique, Guadeloupe, Guyane, Jamaïque, Écosse, Irlande du Nord… conserveront leur statut de territoires d’outre-mer rattachés aux États coloniaux. Sorel, progéniture ambitieuse de la paysannerie est décapitée à l’aube du jour naissant. Le pays héroïque né sur la Place d’Armes des Gonaïves connaîtra peut-être le « fatum sorélien ». Comme pour « Les Mohicans », y aura-t-il « Le dernier des Haïtiens » qui aura crevé dans une réserve misérable découpée dans les terres arides du nord-ouest? Et le récit dramatique d’Haïti aura servi probablement à rédiger des ouvrages palpitants qui seront nobélisés, à réaliser des films hollywoodiens ou européens qui seront oscarisés ou césarisés. Ils retraceront l’histoire tumultueuse d’un État estropié à la naissance, qui commença à creuser sa fosse dès ce matin où il proclama son existence, son indépendance et sa souveraineté.
À cause de la division, de la haine, de l’incompétence, de l’irrationalité, de la félonie, la surface du territoire national est devenue un sable mouvant pour les familles infortunées. Et même pour les pseudo-aristocrates. À Pompéi, la catastrophe extermina toutes les couches sociales. Ceux qui s’engraissaient dans l’opulence, ceux qui desséchaient dans la privation partagèrent la même et triste fin. Les bourreaux et les victimes disparurent simultanément. Pour l’individu qui n’arrête pas de descendre dans la terre, le sort de l’ensevelissement est inévitable. À moins d’un grand miracle. Qui viendra lancer une corde à ce pays pour l’aider à « monter » à la surface. Même lorsque la République d’Haïti participait, collaborait activement aux mouvements de libération, de révolution dans des régions du monde sous l’emprise de la dictature coloniale, elle continuait à s’enfoncer elle-même dans le trou de la débâcle. Exactement comme la légende absurde du cordonnier mal chaussé…
Une dame nous rapportait que sa cousine était une dévergondée. « Elle garde cinq enfants pour le même nombre de pères », disait-elle. Elle ajoutait : « Aucun d’entre eux ne remplit leurs devoirs paternels. » Avant qu’elle crachât son venin de médisance, de clabaudage, de cancan, nous lui faisions remarquer que cette femme, à notre humble avis, avait fait preuve d’intelligence. « Au moins, elle ne s’est pas laissé tromper deux fois par le même voyou », renchérissions-nous.
Cette révélation anecdotique nous renvoie aux relations diplomatiques infructueuses que la République d’Haïti entretient depuis longtemps avec des puissances hégémoniques traditionnelles. De manière concrètement profitable, que rapportent ces « amitiés hypocrites » aux masses populaires ? Les pays occidentaux, particulièrement les États-Unis, ont recouru à la méthode trotskienne : ils détruisent le pays de l’intérieur. Pour arrimer leurs desseins criminels, ils tricotent des fraudes électorales, fomentent des coups d’État, kidnappent ou assassinent des présidents élus, épaulent des organisations occultes, subventionnent le gangstérisme politique, juponnent les réseaux de banditisme, installent dans les hautes fonctions électives des « avadras » qui servent mieux leurs intérêts.
Le pays décrit par Alex Haley dans « Racines » (Roots) ne saurait se comporter autrement avec les catégories marginalisées de la société haïtienne. Les populations de la périphérie doivent envisager de reconsidérer leurs liens diplomatiques avec les régions du centre. Elles n’en tireront aucun bénéfice pour elles-mêmes. Les États-Unis aideront-ils vraiment Haiti à rencontrer les Objectifs de développement durable (ODD), de sorte qu’elle arrive à figurer un jour sur la liste des pays émergents? Au contraire, ils élèvent chaque jour devant elle des barrières de complications économiques qui sont presque impossibles à enjamber.
Nous reproduisons ce paragraphe avec lequel Hervé Kempf a conclu son essai intitulé « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme », publié aux Éditions du Seuil en janvier 2009 :
« Le choix est ouvert, alors que les difficultés vont grandir : la compétition entre États et la guerre, ou la recherche de l’intérêt planétaire et la coopération. Il est impossible que, dans le désordre montant, la tendance criminalo-capitaliste prenne le dessus sur les forces de régulation collective, en s’appuyant sur les nombreuses forces armées dont elles disposent, et jouant de la peur chez des peuples dans lesquels le ferment répandu par l’esprit nouveau n’aurait suffisamment pas levé. Si l’on ne parvient pas à imposer des logiques coopératives au sein des sociétés, l’évolution autoritaire du capitalisme le poussera à l’agressivité sur le plan international. […] Face aux sombres perspectives, l’heure des hommes et des femmes de cœur, capables de faire luire les lumières de l’avenir, a sonné. »
Non à la « révolution » des barbares et des incultes
Toutes remarques faites, la « délivrance » de la Nation – pour utiliser une terminologie à connotation religieuse – ne se réalisera pas en dehors d’un schéma rationnel, scientifique de lutte révolutionnaire. Cependant, une « Révolution » – et là nous évoquons subtilement le phénomène de la « facticité » chez Heidegger – ne relève pas de la spontanéité factuelle. Elle suit des étapes évolutives. Comme un édifice majeur appelé à résister contre les intempéries et l’usure du temps, elle se construit solidement avec le matériau efficace de l’endoctrinement, de l’idéologie, de la conviction inébranlable… Pour parvenir à prendre l’envol sur la piste d’une telle entreprise, d’une pareille initiative, il faudra préalablement envisager les moyens de libérer les paysans, les campagnards, les montagnards, les bougres des bidonvilles de la cécité de l’analphabétisation qui les aveulit. Les aliène. Les démobilise. Les dépersonnalise. L’envergure d’un projet de changement multiforme au sein de l’appareil sociétal traditionnel requiert avant tout l’émergence des guides éclairés, des leaders crédibles et méthodiques, des femmes et des hommes instruits, braves, intrépides, des citoyens rompus au terrain des connaissances théoriques et pratiques adjacentes aux objets de la science politique. C’est seulement ainsi que la « révolution » ne mangera pas ses propres enfants. Ne violera pas ses filles et ses fils légitimes. N’incendiera pas les maisonnettes du peuple.
Le projet de « conférence nationale » que le défunt sénateur Turneb Delpé traînait derrière lui comme le « cercueil de Django » était vide. Sans contenu politique réaliste. Sans substance sociale, économique et culturelle. L’assassinat d’Omar Al-Mokhtar en Libye, le meurtre de Chris Hani en Afrique du Sud, et même la haine mortelle de Gervilien contre Manuel dans « Gouverneurs de la rosée », prouvent qu’il n’est pas toujours prudent de s’asseoir et de négocier avec ses ennemis irréductibles. Entre « adversaires modérés », l’entreprise est déjà assez complexe. La guerre, dans plusieurs cas, n’est-elle pas aussi porteuse d’une « solution de paix » ? Le « Diable » embrasse ses victimes pour mieux les étouffer. Les nazis qui survécurent aux balles des « alliés de l’axe du bien » furent envoyés à Nuremberg de sorte qu’ils eussent été jugés et condamnés.
Arrivé à cette halle de décadence, chaque Haïtien – hormis les profiteurs locaux du système d’exploitation érigé par le néolibéralisme – devrait avoir le courage de reprendre à son compte la question fondamentale de Julien Sorel : « Faut-il mordre ou se laisser mordre ?» Mordre dans le sens absolu pour les marginaux de se décroiser les bras et de lutter contre les « oligarques sadomasochistes » qui trafiquent et déséquilibrent la balance de l’équité sociétale. Le monde va mal pour les travailleuses et les travailleurs. Mais il se porte bien, et trop bien même pour les pilleurs de tombes qui se réunissent chaque année à Davos, en Suisse, et qui y exposent des tableaux insultants de richesses matérielles illicitement acquises. Luis de Miranda écrit dans « Peut-on jouir du capitalisme » :
« Dans un rapport exclusif au monde comme grande surface d’objets, le capitalisme tendra de plus en plus à négliger le lien social créatif qui pourrait modérer son avidité éperdue. »
Pour paraphraser Hobbes, la Liberté requiert la force et l’intelligence
Chaque année, les États néocolonialistes se réunissent à Davos afin d’affûter les stratégies de vol et de pillage des richesses planétaires. Les antinéolibéralistes sont aussi présents sur les lieux d’immolation des masses ouvrières qui dépérissent dans le « goulag universel » de la surexploitation du genre humain. Des dizaines de milliers de manifestants, comme « Les révoltés du Bounty », crient leurs frustrations, lancent des pierres contre les bras répressifs du crime organisé, défient courageusement les forces armées chargés de protéger les intérêts des États gloutons qui mettent en lambeaux les économies des nations du Sud. Peut-être que demain, comme l’aurait déclamé Richard Brisson, le martyr poète, journaliste et révolutionnaire, assassiné en 1982 par les macoutes de Jean-Claude Duvalier, les pierres se transformeront en fusils…! N’est-ce pas ainsi que les « larmes de la pauvreté » changeront effectivement de visage, de rue et de quartier ?
Le 4 juillet ramène la date de la proclamation de l’indépendance des États-Unis. En 2017, la Corée du Nord a pâli les festivités autour de l’événement historique. Le test de son missile balistique à longue portée s’est révélé une réussite totale. Une fois de plus, Kim Jong-un avait craché publiquement sur les mises en garde débiles, les menaces craintives proférées par le G7. Les grands exploits réalisés dans le domaine des armements nucléaires ne cessent de rapprocher Pyongyang de la « cour des intouchables ». La Russie et la Chine exhortent toujours les États-Unis, l’Allemagne, la France à la plus grande prudence, face aux dangers que représenterait une opération militaire contre l’État communiste nord-coréen. La République populaire démocratique de Corée n’est plus un simple pion sur l’échiquier de la politique internationale. Elle s’installe tranquillement, mais sûrement – pouvons-nous constater – parmi les décideurs et les compétiteurs influents de la planète. L’armée de Kim Jong-un est parvenue à se faire elle-même un « loup » parmi les « loups » des puissances occidentales qui se sont accordé le privilège de siéger unilatéralement au Conseil de sécurité des Nations unies. Aujourd’hui, Pyongyang ouvre sa gueule et montre ses crocs menaçants. Comme nous l’avons fait dire à notre personnage dans l’ouvrage « Vers l’aube de la Libération » publié en 1988 à Montréal, « La Liberté appartient aux forts. » Il faudrait ajouter aussi aux «braves et aux téméraires ».
Dans le documentaire « La fin de la pauvreté (The end of Poverty)» de Philippe Diaz, l’écrivain uruguayen de gauche, Eduardo Galeano décédé en 2015, décrit étonnamment la situation infernale des mineurs boliviens :
« Avec l’argent qui est sorti de la mine, on aurait pu construire un pont entre Potosi et l’Allemagne. Avec les os des travailleurs qui sont morts dans les mines, on aurait pu également construire un pont entre Potosi et l’Espagne. 8 millions de paysans pauvres y ont laissé leur vie. »
Le 6 août 2016, le journal québécois « Le Devoir » publie un reportage de Gary Lawrence réalisé dans les labyrinthes de Cerro Rico que l’on appelle « la montagne riche ». Le journaliste titre son texte « Une mine du diable » et explique :
« C’est au XVIe siècle que les Espagnols ont commencé à forer le Cerro Rico, où se trouvait le gisement d’argent le plus phénoménal de la planète. En quelques décennies, le précieux métal a enrichi la couronne d’Espagne et… envoyé à l’abattoir huit millions d’esclaves – six millions d’Indiens, deux millions d’Africains. »
Un État héroïque en lambeaux qui râle
La République d’Haïti, ainsi que les autres pays dominés, continue à se débattre sous les vagues houleuses des journées sans espoir. La quotidienneté des catégories sociales mal-en-point porte l’étoffe sombre d’une insécurité totale. Le taux de chômage s’exponentialise. La fumée blanchâtre des revendications sociopolitiques des masses populaires se lève jusqu’au firmament. Près de six millions de compatriotes vivent en situation de précarité financière, de famine, de misérabilité…
Nous ne cherchons pas à entraîner la conscience humaine dans un courant de dystopie littéraire qui s’apparente à l’univers féérique de Louis Sébastien Mercier, l’auteur célèbre du roman « Les voyages de Gulliver » adapté au cinéma, et dont une version est réalisée en 1960 par Jack Sher et interprétée par Kerwin Matthews. Le paysage national est peint avec une palette riche en couleurs de la prostitution, de la migration sauvage, du dénuement presque absolu et de l’expulsion humiliante de nos concitoyens des États-Unis, du Canada, de la République Dominicaine et d’ailleurs.
Le pouvoir de penser qui est à la base des actes de parler et d’écrire contribue nécessairement à la construction des théories sur les approches cognitivistes appliquées en sciences de l’éducation. Mais la capacité de réfléchir des individus se greffe-t-elle uniquement sur les pratiques des arts oratoire et scriptural ? N’est-elle pas aussi la vectrice qui a bouleversé, chambardé l’ordre mondial du XXe siècle ? L’allumeuse des mèches de mutations sociales, économiques, politiques et culturelles qui a fait exploser les barils des insurrections populaires en Russie, en Chine, à Cuba, au Nicaragua…?
Haïti, tout compte fait, semble incapable de penser, de s’organiser et d’offrir un meilleur avenir à ses habitants qui espèrent toujours voir le soleil se lever à l’Ouest. Ce sont les esprits de la mort qui rôdent dans les quartiers où les individus dessèchent dans la misère et dans la peur. Peut-être, finiront-ils par être emportés pendant une nuit de catastrophe naturelle qui serait pire que les scènes d’horreurs occasionnées par Hazel en 1954 ou les tragédies causées par Matthew en 2016? La plupart ont choisi d’abandonner cette lutte presque sans issue pour la survie dans un pays austère et impitoyable. Comment rester à l’intérieur de cette Tour de Babel où la famine et le chômage tardent toujours à parler le langage d’une Révolution ?
Après des années de sacrifices sur les bancs des établissements primaires, des institutions secondaires, des facultés de l’université d’État d’Haïti, nos jeunes camarades errent dans la forêt du Brésil, à la recherche d’un « mauvais » en remplacement du « pire ». Le « mauvais » : ce sont les champs agricoles du Chili, de l’Argentine, du Mexique… Et avec un peu de chance, les vastes plantations de tomates, de maïs, d’oranges qui s’étendent à perte de vue dans les anciens États confédérés du général Robert Lee, défenseur invétéré de l’esclavagisme féroce durant l’époque sécessionniste. Le « pire » : c’est le fait pour eux de se sentir humiliés par leurs situations de privations avilissantes, le sentiment d’être des bons à rien, de personnifier des parias par lesquels transpire une destinée de fatalité sociétale. Au cours des soixante dernières décennies, la République d’Haïti s’est transformée rapidement en un cirque de pauvreté extrême où évoluent des trapézistes fatigués, à bout de force. Ils peuvent lâcher prise d’une seconde à l’autre pour aller s’écraser sur le sol empierré d’une tragédie irréparable.
Notre patrie haillonneuse glisse depuis plus de deux cents ans sur le long poteau suiffé de la misère du monde. Le journaliste, économiste et philosophe anarchiste Pierre-Joseph Proudhon disait : « La propriété, c’est le vol. » François Flahault a publié en 2003 « Pourquoi limiter l’expansion du capitalisme », aux Éditions Descartes & Cie. L’auteur déclare à la page 34 :
« Il y a donc mieux à faire que de jeter le marxisme aux oubliettes (comme si la faillite des régimes communistes suffisaient à prouver que Marx n’a rien écrit de pertinent). »
Les camarades qui mènent le combat acharné contre les « idéologies hallucinogènes » induites par le « capitalisme mortifère » ont hérité de Platon, d’Aristote, de Thomas Hobbes, de Karl Marx, de Frederick Engels, de Vladimir Ilitch Oulianov (Lénine), de Léon Trotski la connaissance du « Bien » et du « Mal » qui permet de scruter, d’analyser, d’interpréter les réalités sociopolitiques et économiques ambiantes et de les transformer au profit d’une société de justice, d’équitabilité, d’impartialité...
Le soleil d’une « Révolution planétaire » percera tôt ou tard les nuages de l’exploitation des masses ouvrières de la planète. Et les larmes de souffrances des populations opprimées d’un Sud triomphant couleront finalement sur les joues d’un Occident vaincu et humilié.
Les prolétaires de tous les pays finiront par surmonter les écueils de la division et de l’isolation. Et ensemble, ils gagneront ce monde dont parle Karl Marx, l’éminent philosophe et constructeur des théories de dépérissement du « néolibéralisme étrangleur ».
Robert Lodimus
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