Extrait
Le fait que le Fonds national de l’éducation soit « financé majoritairement par le prélèvement de 0,05 dollar sur les appels internationaux entrants et de 1,5 dollar prélevé sur chaque transfert international de fonds » (source : ONU Info, 14 juin 2011) mérite un éclairage supplémentaire. D’une part l’on observe que c’est la diaspora haïtienne qui est le pourvoyeur financier exclusif de ce mécanisme de collecte de fonds de l’étranger vers Haïti, et que, d’autre part, la diaspora haïtienne n’est pas représentée au Conseil d’administration du Fonds national de l’éducation.
Une étude d’une grande rigueur datée de 2019 nous fournit les données analytiques suivantes : « L’importance de ces flux [financiers] peut être notamment observée en Haïti, où l’économie est devenue de plus en plus dépendante des envois de fonds des migrants sur les 30 dernières années. En effets, les transferts sans contrepartie vers Haïti ont presque décuplé entre 1998 et 2018 alors que leur poids par rapport au PIB est passé de 8,8% à 32,5% sur la même période. Ils sont désormais, de loin, la principale source de devises du pays, soit 3,6 fois la valeur des exportations, 10 fois celle des flux d’aide au développement et 37 fois le montant des investissements directs étrangers » (voir l’étude de Dudley Augustin et Carl-Henry Prophète, Direction Monnaie et analyse économique, Banque de la République d’Haïti : « Transferts de la diaspora et taux de change réel : le cas d’Haïti » - Novembre 2019).
La diaspora haïtienne, qui comprend selon les estimations entre 1,5 et 2 millions de personnes, participe activement à la vie économique d’Haïti par le biais des transferts. Ainsi, « Les transferts d’argent de la diaspora haïtienne de l’étranger au bénéfice de leurs familles en Haïti sont évalués à 1.65 milliard de dollars pour l’année 2006, révèle une enquête de la Banque interaméricaine de développement (BID menée auprès de plus d’un million de personnes (…). Selon les résultats de cette enquête, conduite par le Fonds multilatéral d’investissement (FOMIN), 71% de ce montant, soit 1.17 milliards de dollars, viennent des États-Unis d’Amérique. Le Canada est en deuxième position avec 230 millions dedollars (14%) suivi de la France (8%) » (voir l’article « Les transferts d’argent, « une rivière d’or qui descend sur Haïti » - Une opportunité économique pour plus de 500 000 familles en Haïti » (AlterPresse, 6 mars 2007). Cet ensemble de données est confirmé dans une étude très fouillée élaborée par Raulin L. Cadet, enseignant-chercheur à l’Université Quisqueya où il dirige le Centre de recherche en gestion et en économie du Développement (CREGED). Cette étude publiée en 2022 pour le compte du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a pour titre « Étude rétrospective sur les transferts de fonds de la diaspora haïtienne : perspectives pour une remobilisation vers le financement du développement durable d’Haïti ».
CAMOUFLAGE DE LA CORRUPTION AU FONDS NATIONAL DE L'ÉDUCATION D'HAÏTI
Examen détaillé des mécanismes et des buts du camouflage de la corruption au Fonds national de l'éducation en Haïti.
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