...racisme, imaginaire colonial et hégémonie blanche.
Je vous livre un extrait de l'Introduction qui correspond à mes remarques, observations, analyses. Courage. Ne fuyez pas. Lisez.
"Mon intention dans cet article(3) n’est pas de décrire le racisme systémique et les différentes formes de discrimination vécues par les communautés haïtiennes au Canada et dans les sociétés caribéennes – même si certaines recherches à ce sujet seront utilisées en guise d’illustrations – mais plutôt de réinscrire les représentations racistes visant des HaïtienNEs au Québec et dans les Caraïbes dans une longue histoire de mise à distance d’Haïti et de construction d’Haïti comme « Autre ». Pour saisir les représentations à l’égard d’Haïti, il faut d’abord comprendre que représentations et pouvoir sont liés. Les représentations d’Haïti sont liées à un imaginaire colonial qui perdure, à un imaginaire ancré dans des pratiques néocoloniales. Concrètement, les personnes d’origine haïtienne sont souvent stigmatisées, déshumanisées et discriminées dans les sociétés caribéennes et nord-américaines. Dépasser les visions stéréotypées d’Haïti, c’est d’abord les déconstruire, les démanteler, et montrer les risques associés à une évacuation des enjeux politiques, historiques et à une décontextualisation des problématiques que vivent ces personnes. Cela concerne tout autant la production des discours au sein des romans, des médias, des textes anthropologiques que des discours de la vie quotidienne. Je choisis ici de penser ensemble les contextes québécois et caribéens, car les formes de discrimination apparaissant dans plusieurs sphères de la vie sociale (médias, romans et discours de la vie quotidienne) doivent être pensées comme le résultat d’un processus d’altérisation trouvant ses sources dans un imaginaire colonial eurocentré et perpétué dans un contexte d’hégémonie blanche (white supremacy) – concepts que je définirai plus loin. Un des instruments de la colonisation mentale passe par le langage, comme Frantz Fanon ou Ngugi wa Thiong’o l’ont si brillamment exposé (Fanon 1952, chap. 1, wa Thiong’o 1987). Il me semble donc qu’un travail important soit à faire sur les formes de stigmatisation et d’altérisation telles qu’elles apparaissent à travers le langage, ce qui m’amène dans ce texte à me concentrer sur des écrits littéraires, médiatiques et des discours de la vie quotidienne. Après avoir exposé plusieurs cas d’énonciation de stéréotypes racistes et de formes d’altérisation à l’égard d’Haïti et des HaïtienNEs, à savoir un roman écrit par une Québécoise, des discours quotidiens à Sainte-Lucie et dans d’autres sociétés caribéennes et des discours médiatiques et humanitaires (suite au séisme de 2010) caractérisés par la rhétorique du « sauveur blanc », je terminerai cet article en soulignant quelques propositions de penseurs, artistes et militantEs HaïtienNEs visant à concevoir Haïti autrement."
Et ce passage où elle cite M. Ralph Trouillot avec lequel je suis totalement d'accord
Dans un texte intitulé The Odd and the Ordinary: Haiti, the Caribbean, and the World, M.-R. Trouillot (1990: 5) critique vivement les discours médiatiques et scientifiques sur Haïti, présentant ce pays comme « déviant », une société qui défierait les catégories conventionnelles d’analyse. Il écrit que « Quand on nous répète constamment qu’Haïti est unique, bizarre, non-naturelle, singulière, étrange, grotesque, on nous dit aussi, à différents degrés, qu’Haïti est contre-nature, erratique, et donc inexplicable » (1990: 8, ma traduction). Ce qu’il appelle dans ce texte une « fiction de l’exceptionnalisme haïtien » a des conséquences pratiques: penser qu’Haïti est si spéciale signifie que les modes d’investigation habituellement utilisés pour étudier les sociétés ne seraient pas applicables pour ce pays. Il poursuit : « L’exceptionnalisme haïtien fonctionne comme un bouclier pour l’intégration d’Haïti dans un monde dominé par le Christianisme, le capitalisme et la blanchité. Plus Haïti apparaît bizarre, plus il est facile d’oublier qu’elle représente l’expérience néocoloniale la plus longue dans l’histoire de l’Occident » (1990: 7).
Sauf que cet" exceptionnalisme "les Haïtiens eux-mêmes le cultivent jusqu'à revendiquer comme relevant de leur culture native natale, leurs aberrations, leurs comportements parfois déviants, les préjugés, idées, manière de voir , s survivances de la culture coloniale Et donc à les conserver absolument et non à les corriger, les mettre à la poubelle ou à les recycler. Ce qui fait que leur espace mental est aussi encombré et donc confus qu'une maison dans laquelle les habitants se refuseraient à jeter quoi que ce soit. Et qui ressemblerait à ça. en 3.40.
Ne pas oublier de se référer aux notes de fin et à consulter la bibliographie. ceci s'adressant plus particulièrement aux étudiants et chercheurs qui sont dans la dynamique de changer le discours sur Haïti et au niveau politique de créer un nouveau paradigme.
Dans cette optique vous pouvez vous intéresser au livre de l'anthropologue haïtienne Gina Athena Ulysse cité par Marie Meudec.
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