Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Monde du Sud// Elsie news

Le Monde du Sud// Elsie news

Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Quelques extraits qui illustrent "la politique de la canonnière" à laquelle la nation haïtienne dès son indépendance a été ...

Publié par siel sur 21 Février 2025, 12:32pm

Catégories : #AYITI ECONOMIE, #PEUPLE sans mémoire..., #DUVALIER

Rapport de de force USA V ONU dans le vote en faveur d'un cessez le feu à Gaza.

Rapport de de force USA V ONU dans le vote en faveur d'un cessez le feu à Gaza.

... assujettie. Vous vous rappelez que je suis totalement en désaccord avec la lecture de l'histoire de SUKAR qui laisserait entendre que c'est parce que les dirigeants haïtiens étaient dès le départ des incompétents, parce qu'ils ne sauraient jusqu'à présent traiter avec M. Leblan d'égal à égal que le pays se serait retrouvé dans l'incapacité de se moderniser. Non, pas si simple M. Soukar, il vous faut examiner ce qu'est un rapport de force- et en plus dans le contexte de l'époque.  Et répondre à la question comment résister à des pressions quand on vous menace sans cesse de vous bombarder, de vous envahir, de vous re-coloniser ?

En fait l'histoire actuelle avec l'arrivée du régime TRUMP/MUSK apprend à ceux parmi les Haïtiens qui sont suffisamment idiots pour l'ignorer, comment il est possible d'user de chantage, de sanctions,  de menaces d'intervention militaire pour agresser un pays.

Ce qui se passe avec l'Ukraine leur offre une leçon de choses. L'Ukraine à laquelle le régime TRUMP/MUSK demande 50% des revenus tirés de l'exploitation de ses ressources minières mais pas seulement également de ses infrastructures en guise de remboursement de sa  dette envers eux qui lui ont fourni des armes. Ce pourquoi on parle de "colonisation" de l'Ukraine.

Voici donc les extraits significatifs de cette pratique de la politique de la canonnière exercée contre la toute jeune nation haïtienne,  tirés du texte : Immigrés guadeloupéens et martiniquais en Haïti dans le regard des consuls français (1848-1900)

SPÉCULATION, CORRUPTION ET INDEMNITÉS

De nombreux marchands étrangers utilisèrent la fraude et la corruption pour amasser des fortunes à peu de frais et consolider ainsi leur position dominante dans l’économie haïtienne. Les négociants guadeloupéens et martiniquais ne furent pas en reste. Le Guadeloupéen Reimbaud, dont il a déjà beaucoup été question, fit l’objet de la plupart des dépêches à ce sujet sous le gouvernement de Soulouque. Le 3 avril 1850 par exemple, le consul général dénonçait la présence de Reimbaud dans un réseau criminel où figuraient certains des plus hauts personnages de l’État∞∞:

......................................................................................................................................................................

46. Plummer, 1988.
47. AMAE 1848-1850, CP, vol. 17, n
66. 48. AMAE 1851-1852, CP, vol. 19, n105.

page14image1617168

–72–

Les familles de négociants guadeloupéens et martiniquais savaient profiter pleinement, à l’instar de leurs homologues étrangers, de la faiblesse de l’État et de l’instabilité politique chronique de la République d’Haïti. Le jeu consistait à réclamer au gouvernement de très fortes sommes d’argent à titre de dommages et intérêts en cas de préjudices physiques ou matériels, y compris les plus imaginaires. Ainsi, comme le nota le consul général Burdel, «∞∞...à la moindre égratignure, que reçoit un sujet anglais, des sommes exagérées sont imposées en compensation, exagérations qui multiplient les réclamations sans fondements.∞∞»49 Alors que les consuls généraux prêtaient activement leur concours au jeu des réclamations, Burdel dénonça ces pratiques qu’il qualifia d’abusives. Il évoqua notamment l’exemple d’un «∞∞Sieur Barthe∞∞», fils d’une famille de commerçants martiniquais,

«∞∞Vagabond par habitude, fainéant par choix, escroc par occasion [...] une aventure dont il fut le héros, et qu’il voulait exploiter, l’avait porté a faire une proposition que j’avais déclinée∞∞: il s’agissaient d’imposer au Gouvernement Haïtien, une indemnité honnête, en remboursement de coups de bâton que le réquérant (sic) avait reçus fort gratuitement un jour de carnaval.∞∞»50

.............................................................................................................................................................................

Quand au mois de septembre 1883, Port au Prince fut touchée par une vague de violence politique et en partie détruite par l’incendie, les réclamations les plus folles affluèrent. Parmi celles-ci∞∞:

«∞∞Le cas des sieurs S... G...., encore inconsolables de n’avoir point été un peu pillés, un peu brûlés∞∞; le cas du Sieur Leroy, qui ajoute aux pertes résultant de l’incendie et du pillage, celles qui lui ont valu, il y a un an, ses opérations malheureuses sur le café. Ici, quand on a sur la planche plus de créanciers qu’on ne voudrait, il est bien facile de s’en débarrasser, en ouvrant ses magasins aux pillards, un jour d’émeute et en portant au compte des événements la responsabilité de ses méfaits.∞∞»52

49. AMAE 1882-1884, CP, vol. 33, n43.
50. AMAE, 1882-1884, CP, vol. 33, n
25.
51. AMAE, 1882-1884, CP, vol. 33, Réponse au discours prononcé par Mr. Gerville Réache à la Chambre des députés le 15 décembre 1883. C’est le consul qui souligne dans le texte. Il y ajouta une note
∞∞: «∞∞locution habituelle aux mulâtres∞∞».
52. AMAE 1882-1884, CP, vol. 33, réponse au discours prononcé par Mr. Gerville Réache à la Chambre des députés le 15 décembre 1883.

Il va sans dire que ces pratiques étaient d’autant plus courantes que l’État haïtien n’avait souvent guère d’autres choix que de payer. Les consuls n’hésitaient pas en effet à menacer Port-au-Prince d’une intervention militaire en cas de résistance. Aussi, le refus de Burdel d’appuyer les réclamations malhonnêtes des commerçants guadeloupéens et martiniquais à la suite de l’incendie de Port-au-Prince de 1883 tourna à l’affrontement entre les deux parties53. Burdel fit face notamment au chef de la maison Barthe∞∞: «∞∞...Tout entier à ses intérêts [...] [il] n’admet pas que pour les 1400 piastres qu’il réclame [...] je ne demande pas de navire de guerre. Il n’est pas le seul qui envisage de cette façon le sens dans lequel doit être tranchée toute affaire litigieuse, qui trouve des résistances.∞∞»54 De nombreux commerçants de la Guadeloupe et de la Martinique soutinrent donc activement l’usage de la politique de la canonnière contre Haïti pour sauvegarder leurs intérêts financiers. Quand en 1890, les com- merçants étrangers de Port-de-Paix sur la côte Nord d’Haïti, «∞∞pour la plupart Français de la Guadeloupe et de la Martinique,∞∞» durent suspendre, sur décision des autorités locales, leurs activités pendant cinq jours, ils allèrent «∞∞jusqu’à réclamer la présence immédiate d’un navire de guerre dans les eaux de Port-de-Paix, la destitution en masse des fonctionnaires de la ville, et.... 500 000 francs d’indemnité (∞∞!)∞∞»55

page15image1599280

Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents