... de Jean Price Mars dans ce qu'on pourrait qualifier d'ethnologie politique; c.à.d. une appréhension de la culture populaire non pas comme étant un savoir et des pratiques en conserve, mais à l'inverse une ouverture vers un nouveau regard -je pourrais même dire- une sortie d'une forme de conservatisme qui enfermerait l'autre - les paysans- dans un monde entièrement à part. J'ai parlé ici du fait que précisément "Gouverneurs de la Rosée" était perçu comme un ouvrage folklorique. Et parfois, dont les symboles sont détournés.
Par exemple celui de la différence de longueur des doigts de la main qui pour Roumain démontrent la complémentarité et deviennent à l'inverse pour certains Youtubeurs, une démonstration du fait que les inégalités sont indépassables Un livre admirable dont je n'ai cessé d'évoquer à chaque fois que se présentait l'occasion d'en proposer une lecture en relation avec le développement politico/économique/culturel. D'ailleurs, quand j'ai commencé ce blog, je terminais chaque article par : Haïtiennes, Haïtiens Manuel et Anaïse et Gouverneurs de la Rosée sont vos modèles." Une sorte d'exhortation naïve, qui faisait sourire mes lectrices et lecteurs.
Alors voici les deux livres:
Vwayaj à partir de Gouverneurs de la rosée : La
migration comme point aveugle de
l’ethnologie en Haïti
Maud Laëthier
IRD, Université Paris Diderot, URMIS
2022
/image%2F1034110%2F20250531%2Fob_1d84a1_th-8-jpg.png)
La Faculté d’ethnologie
de l’Université d’État d’Haïti
Des projets de Price-Mars et de Roumain
à la réalité des années 2000
Marianne Palisse
Université des Antilles et de la Guyane (UAG
L'histoire de la Faculté d'ethnologie de l'Université d'État d'Haïti concentre différentes problématiques qui sont celles de la discipline anthropologique en Haïti. Elle est révélatrice de la façon dont s'exprime la tension entre perspective ethnologique mettant l'accent sur les spécificités culturelles locales et perspective anthropologique davantage tournée vers le comparatisme et la question de l'unité de l'homme 1 . L'histoire d'Haïti, de sa révolution et de sa guerre d'indépendance a partie liée avec un discours anthropologique affirmant l'égale dignité humaine des maîtres et de ceux qui étaient jusqu'alors esclaves. Cela peut expliquer que la tension entre construction nationale et hégémonie culturelle des puissances colonisatrices 2 y travaille de manière toute particulière la pratique de l'anthropologie.
Ce dernier livre m'a particulièrement intéressé dans la mesure où j'y ai appris le rôle ambigu dans le lanterneau politique de certains étudiants dits " à vie" de la Fac d'ethnologie. Intéressant d'autant plus que cette influence va de pair avec le retour de l'idéologie " duvaliérienne" que je pensais jusqu'à présent être issue de la prise parole des zen-telektyèl de 2004 nostalgiques de leur jeunesse et faisant l'apologie du temps de la dictature des Duvalier où "les rues étaient propres" (sic). Je comprends mieux qu'il s'agit d'une construction idéologique, à partir du fait que cette Fac était le fief des "noiristes" comme Romain qui en a été le directeur pendant de nombreuses années, leur idéologie qui s'enracine dans la soumission au chef tout puissant, n'a cessé d'être véhiculée par les profs éduqués dans ce moule pendant la dictature/ Profs qui se sont renouvelés à partir de 2004 avec le retour des duvaliéristes au pouvoir.
Et je vous rappelle l'attaque des partisans de Martelly contre les étudiants de la Fac d'ethnologie.
Le cas du doyen de cette Fac dont la voiture est passée sur le corps d'un étudiant.
Deux faits révélateurs de la place de cette Fac. des débats qui y ont lieu et de leur influence dans le monde politique.
Est-ce que le Mancenillier, cet arbre toxique, ne serait pas celui à l'ombre duquel la jeunesse étudie dans la Fac d'ethnologie ?
Je pourrais même faire un parallèle entre la lutte contre le wokisme et la chasse initiée par le régime Trump contre ceux qui énoncent des idées contraires à celles du pouvoir.
.
Commenter cet article