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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Retour en force des théories racistes via l'ADN

Publié par Elsie HAAS sur 14 Novembre 2007, 11:37am

Catégories : #RACISME

Le monde en noir et blanc

L’activisme génétique se révèle décidément de plus en plus clairement comme une obsession de nos gouvernants.

Après la prédisposition à la délinquance chez les enfants de moins de trois ans ou les tests ADN pour faciliter le regroupement familial, voici introduite par un amendement le droit à la collecte des statistiques dites «ethniques». Tous les outils vont ainsi être en place pour développer des analyses racialisées de la société.

De quoi s’agit-il ? En mai, l’Institut national démographique a proposé devant le Conseil national de l’information statistique d’introduire la couleur de peau dans l’enquête «Trajectoires et origines». Le but de cette recherche, qui répond aux attentes de la Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité) est au départ louable puisqu’il s’agit, par une enquête auprès de 20 000 personnes, de déterminer les discriminations que subissent les immigrés et enfants d’immigrés.

Au-delà de la nationalité, du pays de naissance, des langues connues et parlées, la couleur de peau apparaîtra très probablement comme un marqueur important d’exclusion et de difficultés d’insertion.
Mais en l’absence de procédures strictes de contrôle d’accès aux statistiques ethniques, on voit s’ébaucher avec effroi un référentiel ethno-racial qui va compter les «noirs», isoler les «blancs» et laisser le groupe «intermédiaire» à sa complexité.
Nos chercheurs hexagonaux vont en outre pouvoir rejoindre le contingent des revues internationales anglo-saxones qui catégorisent la couleur de peau dans l’ensemble de leurs recherches.

Les dérives de cette classification sont plus que certaines dans une société où le fichier national des empreintes génétiques a largement débordé le cadre des crimes sexuels pour s’élargir à toutes sortes de délits. Toute matière disponible est toujours utilisée. Qui empêchera de «croiser les recherches» pour établir que les «blancs» sont plus disposés aux matières scientifiques ou que les «noirs» sont plus fréquemment auteurs de violence ou profitent plus des allocations familiales ?

La notion de race ne vient-elle pas d’être remise en vogue par le prix Nobel de médecine, l’Américain James Watson, co-découvreur de la structure de l’ADN, qui vient de déclarer sans broncher : «Toutes nos politiques de développement sont basées sur le fait que leur intelligence (celle des Africains) est la même que la nôtre (occidentaux blancs) alors que tous les tests disent que ce n’est pas vraiment le cas.»
«Ceux qui ont eu affaire a des employés noirs», a-t-il ajouté, savent ce qu’il en est.

Elucubrations d’un vieillard situé clairement dans la mouvance de la droite déterministe anglo-saxonne ? Peut-être, mais on ne peut ignorer le regain outre-atlantique d’une pensée inégalitariste, scientiste qui flirte volontiers avec le racisme, pensée que l’horreur de la Deuxième Guerre mondiale avait temporairement disqualifiée.

Un nombre considérable de travaux scientifiques s’attache depuis quelques années à relever les particularités génétiques de telle ou telle population en fonction de la géographie ou des origines ethniques. Ainsi cette recherche publiée en 2005 dans la prestigieuse revue Science faisant état d’une mutation génétique présente chez les populations européennes et asiatiques, rare en Afrique, responsable de l’augmentation du volume cérébral. Il a été démontré par la suite que tout était faux, mais cela n’empêche en rien Mr Watson, et ses congénères, de continuer à le prétendre.
Tous les chercheurs sérieux savent que la notion même de «race» n’est pas pertinente du point de vue génétique, que les variations des populations humaines sont graduelles de l’Europe du Nord à la Chine méridionale.

Aux Etats-Unis, la tentation ethno-raciale dans la recherche biomédicale s’officialise : les chercheurs sont tenus de catégoriser les individus participant aux essais cliniques en cinq ensembles définis par l’administration : Amérindiens ou natifs d’Alaska ; Asiatiques ; Noirs ou Afro-américains ; natifs d’Hawaï ou d’une île du Pacifique ; Blancs.

S’il existe bien des maladies génétiques propres à certaines communautés ou ethnies, on voit comment des variations minimes sont vite récupérées à des fins idéologiques de hiérarchisation, et à quel point l’équilibre extraordinairement complexe entre inné et acquis est vite balayé.

Cette apologie génétique survient en France de manière désastreuse au moment où la fracture «ethnique», et le racisme ordinaire qu’elle génère, est à son comble. Quand la politique en matière d’immigration exacerbe le sentiment que l’étranger est avant tout source de danger, on ne voit guère comment s’atténuerait une vision qui enferme les individus dans des ghettos, des communautés, voire des prédispositions génétiques.

Vous pouvez signer ici la pétition Fiche pas mon pote.

• Serge Hefez •
http://familles.blogs.liberation.fr/hefez/

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