Je ne me fais absolument pas d'illusions sur la volonté du gouvernement haïtien de prendre les initiatives que j'ai suggérées. C'est le contraire qui me surprendrait plutôt.
Si vous avez pu suivre mes nombreuses interventions publiques, particulièrement dans la presse nationale (Le Matin et récemment Vision 2000), vous verriez que c'est justement pour constater et déplorer cette absence de volonté politique.
Si j'ai remis ma démission de Conseiller au Cabinet du Ministre Manigat du MHAVE en décembre 2008, c'etait justement pour protester contre le silence suspect du Président Préval que j'avais qualifié d'assourdissant.
En réalité, j'ai voulu, comme d'autres compatriotes l'ont fait, attirer l'attention sur le talon d'Achille de la République Dominicaine : une peur bleue du scandale pouvant affecter son image sur le plan international et, conséquemment, le risque élevé que cela ait un impact négatif sur son industrie touristique.
Nous devrions travailler en synergie -- ce qui nous fait cruellement défaut -- pour nous constituer en groupes de pression dans toute la diaspora, particulièrement en Amérique du Nord où l'on pourrait obtenir d'intéressants résultats. Nous pourrions nous associer aux secteurs organisés de la diaspora pour mener à bien cette entreprise de sensibilisation du Black Caucus, du Président Obama et de son entourage,
Nous devrions pouvoir instruire nos amis de la CARICOM sur les effets macabres d'une politique avec de forts relents de racisme. Nous devrions pouvoir déclencher une campagne à l'échelle internationale et agiter devant tous cet épouvantail que l'on voudrait recouvrir de feuilles mortes.
Il n'est pas nécessaire en effet d'attendre que les autorités haïtiennes veuillent bien réagir dans un dossier qui prend chaque jour de l'ampleur.
Mais le pourrons-nous ? Sommes-nous capables de faire cet effort ?
Sommes-nous suffisamment organisés, solidaires, outillés pour le faire ?
Divisés en Haiti. Divisés dans la diaspora.
Notre principal handicap est le fait que parmi tous ceux qui donnent de la voix dans ce dossier, beaucoup ont des intérêts inavoués qui les empêchent d'y donner toute la mesure de leurs ressources.
J'ai noté le silence des élites, des intellectuels, du patronat, des partis politiques, des socio-professionnels, de plusieurs autres secteurs de la société civile [...] dans ce dossier. Ce silence-là est également assourdissant.
Qu'est-ce qui l'explique d'apres vous ?
Il y en a qui utilisent la langue de bois. D'autres se taisent. Car le roi se tait et impose le silence à ses courtisans. L'on se tait, par lâcheté, par calcul politique, par indifférence.. [et oui, il y en a qui s'en foutent éperdument]....
Je ne veux pas non plus sous-estimer le poids des intérêts financiers haitiens en République Dominicaine. Ni le poids du capital international (surtout américain) qui par le biais de"capataces" dominicains, exploite de facon éhontée une main-d'oeuvre corvéable à merci.
N'oublions pas le Plan américain pour Haiti des années 70-80 : réduire Haiti en un réservoir de main-d'oeuvre à bon marché (la division internationale du travail) et en une foule de consommateurs (il est vrai qu'il eut si peu de résistance intérieure). Le problème est qu'entret emps nous avons scié la branche sur laquelle nous étions assis et que nous retombons aujourd'hui comme du crachat sur leur visage.
Que voyons-nous aujourd'hui ? Il nous faut nous rendre à l'évidence : la cohérence des actions relatives à la mise en application de ce plan fameux. Les années 80, 90, 2000, ça concorde parfaitement.
Alors, chers amis, sans remettre en question la nécessité de travailler en synergie avec la diaspora sur le plan international pour forcer les autorités dominicaines à respecter notre intégrité, notre humanité, nous devons parallelement nous investir dans la troisieme option présentée par un internautedans un courriel :
" Nous impliquer pour un changement dans la direction politique de l´Etat dont la gestion des rapports avec la RD n´est que le reflet du manque de leadership qui caractérise le pouvoir actuel ".
Car pourrait surgir un second 1937. Et qui pourrait bien finir dans l'indifférence presque générale, dans le "aisser grennen", comme pour la premiere fois. Comme aujourd'hui.
Leur slogan est resté le meme, invariablement : " Privatisons les gains [ tous les gains] et socialisons les aspects négatifs et les dommages colatéraux ".
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