L'ONU ACCUSE D'UN SECOND MASSACRE
Lelene Mertina, 24 ans, était enceinte de six mois quand, le 22 Dec 2006. une balle UN a perforé son abdomen et tué l'enfant qu'elle portait. D'après ce qu'elle a rapporté, elle était en train de courir pour éviter les tanks de l'ONU quand ils ont brusquement ouvert le feu sur elle./Photo Haïtiinformation project
Un jeune haitien non identifié tente d''empêcher le sang de couler d'une blessure faite à la tête par, selon ses déclarations, les forces de l'ONU, le 22 Déc 2006 à Cite Soleil.
Un homme non identifié de 28 ans en train de mourir dans sa maison. Avant de succomber à ses blessures, il a déclaré qu'on lui a tiré dessus à partir d'un hélicoptère. "Un hélicoptère m'a tiré dessus" ont été ses derniers mots.
Joël Bonhomme, 16 ans, étendu dans son sang le 22 , 2006. Avant de mourir Joël Bonhomme a décrit en détail comment les forces de l'ONU ont ouvert le feu sur des civils désarmés, dans le quartier.
Il existe un débat autour de l'utilisation des images violentes. Doit-on ou ne doit-on pas les publier ? Faut-il protéger le public d'éventuels traumatismes que ce images risquent de provoquer ou bien, au contraire, choisir le parti pris d'informer ? Dans le cas présent , le choix de montrer ces images correspond à une éthique personnelle. Les agressions commises sur les pauvres de Cité Soleil n'ont jamais fait l'objet de publication à la Une, soit parce que les journalistes craignent les représailles des groupes de miliciens, soit parce que les media dominants se désintéressent de ces morts -là.
Paul Farmer, un médecin de renommée internationale qui a travaillé en Haïti et a beacoup oeuvré dans la lutte contre le Sida, dans une extraordinaire conférence intitulée:
Reflections on human values
and human rights,
C'est M. John Shattuck, un militant des droits de l'Homme qui venait d'intégrer le gouvernement de Clinton qui a eu l'idée de montrer au Président une série de photos violentes montrant les atrocités commises par le FRAPH.
John Shattuck raconte comment dans le bureau ovale de la Maison Blanche,il a étalé les photos sur une table. Le président Clinton a regardé attentivement les corps et les visages défigurés des Haïtiens par le FRAHP et s'est exclamé: "Les salauds". Et il a pris aussitôt la résolution de mettre fin au carnage en Haïti.
Never again?
Reflections on human values
and human rights,
devrait être lu en entier par, j'allais dire les Haîtiens, mais en fait par tout le monde, étant donné qu'aucune société actuelle n'est épargnée par les phénomènes de violence. Ce texte si intelligent, si clair et tellement bien argumenté, devrait servir d'outil pédagogique et être étudié et commenté dans les écoles d'Haïti.
A ce propos, j'ai lu sur le site du groupe de droite "Haïti Democracy project" un texte de Laenec Hurbon, un sociologue haïtien, qui s'intitulle :" Violence et politique" Avec un titre pareil on s'attendait à une réflexion de fond. Madre de dios ! On se trouve à des années lumières du texte de Farmer qui questionne la violence structurelle (misère, maladies, guerres, famines imposés aux plus faibles). Chez Hurbon, hélas, l'anecdotique, la propagande, l'appel à l'action musclée de la Minustah, la diatribe prennent le pas sur l'analyse.
Voici un extrait du texte de Farmer (en anglais malheureusement) qui traite de la question des photos violentes.
Given the topic of this lecture, I'd like to turn again to the role of photographs in shaping the policy that eventually led to the re-establishment of constitutional rule in Haiti. The insider's tale has recently been published by John Shattuck, a self-described "human rights hawk." a human rights lawyer and former vice-chairman of Amnesty International who had taught at Harvard, Shattuck joined the Clinton administration in June 1993, as assistant secretary of state for Democracy,Human rights, and Labor.
NOTES
John Shattuck, Freedom on Fire: human rights Wars and America?s response (Cambridge,
mass.: Harvard university Press, 2003), p. 13.
FRAPH's brutal methods have been well documented by watchdog groups since its inception in 1993; see, for example, Human rights Watch's annual reports at
http://hrw.org/doc?t=americas&c=haiti.
Regarding the ties between FRAPH's leadership and the CIA,see, for example,Alan Nairn, "Behind Haiti's Paramilitaries,"nation, october 24, 1994, p. 458, and "The eagle Is Landing," Nation, october 3, 1994, p. 346; this information was later reported in Newsweek, Time magazine, and the major dailies.
Extrait de la prose de Laennec Hurbon "Les bandits criminels seraient-ils les pauvres qui décident maintenant de prendre leur revanche ? Je pourrais donc, comme pauvre, entrer par effraction dans n'mporte quelle maison, accaparer l'argent, les bijoux, les voitures, les femmes et les enfants ? Cela signifierait que le bandit aurait tous les droits ; dans l'acte criminel, il est en effet sa propre loi comme un petit roi tout-puissant, qui n'a plus aucune limite, aucun cran d'arrêt à ses désirs, c'est ce qui explique qu'il peut aller jusqu'à des actes de barbarie." Sources Haiti Democracy Project
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