Ce texte est particulièrement bien écrit, d'une facture simple
accessible à tout lecteur.
Il mérite une lecture attentive.
VOIR : Pré-requis indispensables pour comprendre le drame haïtien Par Roselor FRANÇOIS
Félicitations à l'auteur qui a accompli l' effort de vulgariser
des problématiques ardues,
tout en gardant la rigueur de l'analyse.
Ce cheminement de la pensée avec des fenêtres ouvertes
sur d'autres textes, ouvre au lecteur la possibilité d'autres apports.
Je suppose que une suite ayant été prévue,
Roselor François abordera la question de la résistance des intellectuels haïtiens
à l'idée même de la "rupture" avec l'enseignement qu'ils ont reçu.
Cette impossibilité d'accepter même l'idée,
le principe du questionnement
me paraît le plus grand obstacle à aller de l'avant.
Par exemple, un lettré âgé de 70 ans et plus
se refuse d'orthographier le créole correctement,
au prétexte qu'il l'écrit "comme sa maman".
C'est totalement ridicule.
La mauvaise foi est évidente, puisqu'on sait
qu'à l'époque de "sa maman," le créole était peu écrit.
On rencontre toutes sortes d'aberrations de ce type.
J'en veux pour exemple la ville appelée "Dessalines"
écrit en toutes lettres sur le fronton de la mairie,
mais que autorités, journalistes, intellectuels
nomment "Marchand-Dessalines".
Le Marchand étant le nom d'un colon, dit-on, de la zone.
Comme si, aujourd'hui, quelqu'un s'accrocherait à
appeler Paris, Lutèce, nom attribué à la ville au moment de la colonisation par les Romains.
Ca ne leur paraît ni bizarre, ni choquant, ni absurde
de continuer + de 200 ans après l'indépendance
d'accoler le nom du fondateur de la nation à celui
d'un colon.
Cela peut sembler un détail,
mais qui est cependant révélateur d'un symptôme quasi maladif
de la répétition et du refus de s'approprier son histoire.
On dit "Marchand Dessalines" parce que c'est ainsi
qu'on l'a toujours dit. Point barre.
Ca ne va pas plus loin que ça.
Manque d'idéal.
Manque de vision.
Manque d'imagination
Manque d'estime de soi, de sa culture, de son histoire.
De même qu'on s'accroche à écrire un créole francisé
parce que c'est ainsi qu'à son époque on le faisait.
Peu importe la somme de travail des linguistes,
peu importe le travail de ceux qui ont passé des heures,
des années de labeur
pour aboutir à l'écriture actuelle.
N'est-ce-pas là l'expression d'une forme de mépris
du travail des intellectuels haïtiens ?
De plus, par les lettrés eux-mêmes.
Résultat : ça tourne en rond, ça ne va nulle part
Et c'est la population qui pâtit de cette résistance
bornée, têtue, puérile, bête et méchante.
Dans ce cas précis, les intellectuels ont un pouvoir.
Celui qui serait d'encourager à respecter
la langue maternelle de la majorité des Haïtiens
au lieu de la mépriser;
de l'enrichir au lieu de l'appauvrir
en l'utilisant presque systématiquement
pour insulter ou bien pour raconter des blagues
l'assignant ainsi, d'emblée, à une place "inférieure".
Et de ce fait, interdisant l'accès à la pensée, au dialogue,
à l'analyse
à la controverse
à la majorité des Haïtiens.
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