Ceci est un appel au boycott des produits dominicains.
L’économie prédomine dans les relations internationales.
Nous avons pu constater récemment l'importance du boycott dans les relations entre la Chine et la France.
Certains diront : "Oui, mais la Chine, c'est une puissance économique incontournable ...
Tout est relatif.
Haïti n'est pas Rien par rapport aux échanges économiques avec la RD.
1-Haïti représente le 3ième partenaire économique de Saint-Domingue.
2-Les travailleurs émigrés haïtiens, coupeurs de canne, maneuvres, artisans participent activement au développement de la RD. D'autant plus qu'ils sont sous payés, pas syndiqués et n'ont aucune protection sociale.
3- Les étudiants haïtiens –drôle d’idée d’aller faire ses études en RD- forment un contingent
relativement important qui apportent aussi leur quote part aux universités privées ou d'Eat de la RD.
4- Les artistes et artisans haïtiens procurent via leurs créations, aux touristes venus en RD, ce supplément d'âme qu'on ne trouve nulle part ailleurs dans la Caraïbe qu'en Haïti.
5- les touristes haïtiens de la diaspora, s'ils ne veulent pas se rendre en Haïti, peuvent aussi bien alller à Cuba où ils trouveront pour la même somme d'argent des services équivalents sans l'handicap de soutenir l'économie de La RD.
On sait que les gens de l'importation en Haïti sont très liés à la RD où ils investissent, passent leurs week-end et envoient leurs enfants faire des études. Avec ces gens là, la cause est entendue, leurs intérêts sont opposés au boycott. Et d'ailleurs, l'appel au boycott ne s'adresse pas à eux qui ne sont pas les principaux consommateurs de produits de la RD.
A mon dernier séjour en Haïti, j'ai été scandalisée de voir que des produits de consommation courante et qu'on peut si facilement faire pousser tels que : citron, ail, oignon, tomate, salade, etc.venaient de la RD.
C'est carrément insensé.
D'autant plus insensé qu'à l'inverse de ce que l'écrivain internationalement connu, M. Gary Victor -il m'avait fortement énervé par son ton docte et omniscient- énonçait dans une de ses chroniques du journal haïtienLe Nouvelliste, à savoir que l'aïl dominicain était plus "beau" parce que plus gros - comme si la beauté avait quelque chose à voir avec la grosseur- que l'aïl haïtien. Et que comme quoi "tout aïl c'est aïl". Quelle surprenante affirmation, surtout venant de la part d'un enseignant !
Mèt Viktor, la vieille Aline et l'aïl, récit haïtien
Partout dans le monde, tous les pays, sans exception focalisent leur politique vers une plus grande autonomie alimentaire. Haïti a une chance extraordinaire dans son malheur, celle de n'avoir pas eu une agriculture industrialisée. Celle d'avoir des paysans qui ont une culture ancestrale et savante de production agricole correspondant aux différents sols et climats du pays, alors que la plupart des pays de la Caraïbe qui ont axé leur économie sur le tourisme sont totalement dépendants des importations de produits alimentaires.
Il s'agit d'un vrai défi à la hauteur de ce moment historique de crise économique qui touche le monde entier
Haïti peut et doit redevenir ce "paradis" tel que le décrivait Christophe Colomb quand il débarqua sur l'île il y a + de 500 ans.
La population est prête à relever ce défi. La consommation interne, 9M d'habitants, et l'exportation dans les autres îles comme par exemple Les Bahamas, Barbades en panne de production agricole, offrent des débouchés importants à la production et à l'agro-transformation.
Ca ne dépend que des hommes politiques de lancer ce programme de développement de l'agriculture. Le rôle premier des dirigeants d'un pays est d'assurer nourriture, éducation et santé à sa population.
Par contre, les obstacles à ce programme de développement sont de taille. Il ne s'agit pas de les minimiser.
1-La République Dominicaine pour qui, comme dit plus haut, Haïti représente le 3ème partenaire commercial. 2-Les importateurs haïtiens associés aux entrepreneurs de la RD, qui représentent un lobby tout puissant capable de provoquer un désordre inimaginable dans le pays afin de maintenir leurs intérêts.
3- La communauté dite internationale, c'est-à-dire les institutions de Bretton Woods, FMI, BM et consorts, qui ont intérêt à maintenir la dépendance aux prêts et aux intérêts des prêts pour renflouer en dollars le économies occidentales- elles mêmes, comme on le sait et comme on a pu le constater récemment, largement subventionnées par leurs Etats et qui de ce fait peuvent exercer un dumping- une sorte de boycott- sur les produits des pays du Sud.
Comment contourner ces obstacles ?
A première vue, ils sont incontournables, de même que le système esclavagiste semblait à vie, de même que la papadocratie pouvait paraître à vie de par la machine de répression mise en place.
En Haïti, il est clair que la Minustah qui remplace l'armée et les macoutes dans le rôle de défenseur des intérêts des puissants, ainsi que les mercenaires narcotrafiquants, les zentellectuels mendiants et les ONGreprésentent une force de répression et de nuisance superactive et bien financée.
Face à ce groupe bien constitué, la population haïtienne, en grande partie non-lettrée, pauvre, manipulable et dont la plupart des leaders courageux et conscients ont été tués, est totalement désarmée, abandonnée aux appêtits d'un groupe de politiciens/commerçants féroces sanmanman, héritiers des méthodes de "l'ensauvagement macoute", capables d'employer tous les moyens, crimes , coup d'Etat "disparition", émeutes, famines, kidnappings pour maintenir le statu quo.
Cependant, les Indiens d'Amérique Latine, discriminés, exploités, violentés pendant 500 ans, et également non lettrés nous montrent l'exemple par leurs actions têtues de résistance , la vaillance de leurs combats pour l'accès à l'eau, à la terre, à l'éducation, à l'autodétermination.
Comme eux, les Haïtiens peuvent mener des actions déterminées d'occupation des sols, de mise en culture des terrains, de commercialisation des produits,etc.
Lors de mon dernier voyage en Haïti, j'ai vu les produits de la RD au marché et dans tous les "markets" mais j'ai vu aussi dans le Sud, dans la Grand'Anse, des citrons, des papayes, des corrossols, des vivres,etcqui pourrissaient par terre, faute de pouvoir être acheminés dans les villes.
Commençons déjà par aider les paysans à transporter leurs fruits, légumes, ignames, arbre à pains etc.
C'est possible mais pas sans risques. Ceux qui travaillent pour les importateurs de denrées comestibles, il faut le savoir, n'hésitent pas à tuer.
N'êtes-vous pas étonnés que tant d'agronomes progressistes, comme Jean -Marie Romain -la liste est longue- ou de gardes forestiers aient été assassinés depuis 2004 ?
Les "terroristes" en Haïti, ne sont pas forcément ceux que l'on désigne comme tels et qui bien souvent font office de boucs émissaires
Les "amis d'Haïti" ne sont pas forcément ceux qui réclament à cor et à cri la privatisation, la refondation de l'armée, plus de sweatshops, plus de zones franches, une refonte du système foncier, le retour des Estimé, Cinéas, Achille,Namphy, Abraham, Apaid, Boulos, Lahens, Nadal et autres gens de la cour des Duvalier à la tête du pays.
Ces gens là, ça fait 50 ans qu'ils monopolisent le pouvoir économique -donc politique- et qu'ils étouffent le pays.
Il faut que ce cycle infernal s'arrête.
Il faut boycotter les produits de la RD.
Haïti peut et doit refleurir.
La population et les gens de la diaspora sont prêts à participer au konbit.
Ils ne demandent qu'une seule chose à leurs dirigeants, c'est de se conduire en "gouverneurs de la rosée"
Et à leurs zentellectuels de les laisser respirer en choisissant d'autres sources d'inspiration pour leurs romans et leurs films que la misère du peuple.
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