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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Rue89. Mort de l'écrivain nigérian Chinua Achebe

Publié par siel sur 25 Mars 2013, 10:12am

Catégories : #CULTURE

Mort de Chinua Achebe, l’écrivain qui « fait tomber les murs des prisons »

Chinua Achebe chez lui à Bard College, Annandale-on-Hudson, aux Etats-Unis, en 2008 (AP Photo/Craig Ruttle)

Le Nigeria est un pays chaotique et violent, mais c’est aussi une terre fertile qui a produit certains des plus grands écrivains et artistes du continent noir. L’un d’eux, l’écrivain Chinua Achebe, l’un des pères de la littérature et de la poésie africaine moderne, est mort vendredi à l’age de 82 ans.

J’ai dans ma bibliothèque une vieille édition écornée de l’un de ses romans les plus connus, « Anthills of the Savannah » (« Les Termitières de la savane », en français), achetée dans les années 80 auprès d’un vendeur à la sauvette à Lagos, la fascinante métropole nigériane.

Un livre dont l’africaniste britannique Richard Dowden a dit :

« Toute personne dirigeant ou sur le point de diriger un Etat africain devrait lire ce livre. Comme nous tous. Il fait ressurgir l’humanité dans un monde dans lequel nous craignions qu’elle n’existe plus. »

Ce roman met en scène, comme le résume bien le blog Littérature africaine,« la résistance d’un petit clan d’intellectuels dans un pays africain sous la coupe de l’un de leurs amis qui a progressivement pris les habits d’un tyran ».

« Je suis un écrivain de la protestation »

Chinua Achebe, qui est né en 1930, parle d’expérience, lui qui a été étroitement mêlé à l’histoire de son pays, l’accession à l’indépendance, le coup d’Etat militaire de 1966, et bien sûr la sécession du Biafra, la région est du Nigeria dont il est originaire, une aventure dans laquelle il s’est engagé.

Dans ses Mémoires parus l’an dernier, « There was a country » (éd. Allen Lane, 2012), et dans lesquels il revient longuement sur ses engagements, il donne sa vision du rôle de l’écrivain dans la société :

« Certains pensent que l’écrivain ne doit jouer aucun rôle dans les soubresauts politiques ou sociaux de son temps. Certains de mes amis disent : “Non, c’est trop dur là-bas. Un écrivain n’a rien à faire là où c’est trop dur. L’écrivain doit être sur le côté avec son carnet de notes et son stylo, où il peut observer objectivement.”

Je pense au contraire que l’écrivain qui se met sur le côté ne peut écrire que les notes de bas de page et le glossaire lorsque les événements sont terminés. Il ou elle devient comme les intellectuels contemporains futiles qui, dans d’autres lieux, posent des questions comme : “Qui suis-je ? Quel est le sens de mon existence ? Cet endroit m’appartient-il ou est-il à quelqu’un d’autre ? Ma vie m’appartient-elle ou appartient-elle à quelqu’un d’autre ?”

Ce sont des questions auxquelles personne ne peut répondre. »

Un peu plus loin, il ajoute :

« Je pense qu’il est impossible d’écrire quoi que ce soit en Afrique sans une sorte d’engagement, une forme de message, une forme de protestation. Dans ma définition, je suis un écrivain de la protestation, sans retenue.

Même mes nouvelles du début, qui ont l’allure de gentilles recréations du passé, ce qu’elles disent, en fait, c’est que nous avions un passé. C’était une protestation, car il y avait des gens qui disaient que nous n’avions pas de passé. [...]

Je pense que la décence et la civilisation imposent à l’écrivain de prendre partie pour ceux qui n’ont pas de pouvoir. Il n’y a pas d’obligation morale à écrire d’une manière ou d’une autre. Mais je pense qu’il y a une obligation morale à ne pas s’allier avec ceux qui ont le pouvoir contre ceux qui ne l’ont pas. Un artiste, dans ma définition du mot, n’est pas quelqu’un qui puisse se mettre du côté de l’empereur contre ses sujets sans pouvoir. »

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