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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Victoire ! Après 8 ans de rappels incessants, la presse haïtienne écrit les Haïtiens avec un H majuscule !

Publié par siel sur 28 Décembre 2014, 11:25am

Catégories : #REFLEXIONS perso

J'ai lu ce commentaire sur le net à propos de ce qu'on appelle les mots gentilés.

... mais que l'auteur , avec d'autres parmi les commentateurs , soit sympa et prenne une bonne résolution pour 2015 à propos des mots gentilés
Les noms ("gentilés") désignant les habitants d'un pays, d'une province, d'une localité.... (Note de l'expéditeur : et même donc d'un quartier de grande ville !!!) prennent la majuscule initiale : les Français, les Anglais, les Poitevins, les Parisiens.
Les noms de langues correspondants gardent une minuscule : parler le français, l'anglais, le poitevin...
L'adjectif garde la minuscule : la population française, la cuisine anglaise, le
Marais poitevin, le Bassin parisien.
L'usage est incomplètement fixé et les codes typographiques diffèrent quant au traitement de l'attribut : Il est anglais (adjectif) ou Il est Anglais (nom). L'Imprimerie nationale tranche en faveur du nom, comme on le fait par exemple en allemand (Sie ist Franzüsin).
L'Académie considère que l'on a affaire à un adjectif, que l'on ne dira jamais Elle est Suissesse, mais Elle est suisse, et met donc la minuscule : Ils sont albanais, corses... Elle n'est pas parisienne.
Enfin, on distingue généralement les noms désignant proprement des habitants de leurs emplois dérivés : les Albigeois aiment leur ville ; la croisade contre les albigeois, Cathares du Midi de la France, au XIIe siècle.

Capture d'un nègre marron. Sources : http://manioc.guadeloupe.pagesperso-orange.fr/esclavageinfos/esclavage/Le commerce triangulaire.htm

Capture d'un nègre marron. Sources : http://manioc.guadeloupe.pagesperso-orange.fr/esclavageinfos/esclavage/Le commerce triangulaire.htm

Bien évidemment, les Haïtiens ne sont pas les seuls à faire la faute.

Mais, par contre, ils sont, ils étaient les seuls à ne pas respecter de manière systématique cette règle dans les journaux.

Ce qui était assez surpenant parce que, par ailleurs, ils écrivaient les Français, les Américains, les Canadiens avec une majuscule. Comme si, seuls les Haïtiens parmi les peuples, n'auraient pas droit à une majuscule pour les désigner.

Ce truc là m'agaçait autant que d'entendre ou de lire le mot "marron" utilisé dans le sens négatif de "irresponsable". Les lettrés haïtiens me disent qu'il s'agit d'une acception haïtienne.

Mais non, pas du tout. C'est le sens donné au mot par les esclavagistes et que l'on retrouve d'ailleurs dans toutes les îles où ils ont sévi. Au marron ayant fait preuve d'irresponsabilité parce que fuyant les horreurs de la plantation, parmi les châtiments, l'un était de lui couper le jarret pour l'immobiliser et lui enlever toute envie de liberté.

Le seul pays que je connaisse où le mot "marron" ait gardé son sens noble, de combattant de la liberté, c'est la Guyane française où, de dire de quelqu'un qu'il est un marron,  c'est lui accorder des qualités de courage, d'intrépidité et de dignité.

Totalement à l'opposé du sens usuel reçu en héritage des esclavagistes pour lesquels, bien évidemment, celui qu'ils avaient acheté, leur bien meuble  en fuyant montrait qu'il n'était point un meuble et dont la fuite représentait un manque à gagner.

D'autre part, il fallait pour l'exemple- en dehors des punitions publiques à la Duvalier, corps torturé exposé à la vue des autres esclaves pour les dissuader de s'enfuir- le faire passer pour un brigand de rien du tout qui mettait en danger l'ordre social.

Ce combat-ci, il n'est pas gagné, tant la société haïtienne est conservatrice : une fois qu'elle sait ou qu'elle emploie un terme, c'est à vie. Le repenser demanderait trop de remise en question. Elle reste ploguée une fois pour toutes à  ses certitudes.

Un autre de mes petits combats c'est Marchand Dessalines. Faire comprendre aux gens que la ville de l'empereur ne peut avoir au XXIeme siècle, accolé à son nom , celui de Marchand- qui paraît-il était un colon de la zone- ça tient carrément de la révolution. La ville de Pétion se nomme Pétion-Ville. La ville de Dessalines devrait s'appeler Dessalines-Villes. La proposition est simple et claire. Il n'y a là rien de compliqué.

En face, on t'oppose les sempiternels : c'est comme ça qu'elle  s'est toujours appelée/C'est ainsi que les gens de la zone appellent leur ville... Comme si c'était gravé dans la pierre et que les nouvelles générations seraient déboussolées par cette rebaptisation et incapables d'intégrer le nouveau nom.

C'est quotidiennement, de par le monde, que des rues, des villes, des pays sont rebaptisés. La Haute-Volta, ne s'appelle t-elle pas Burkina Faso aujourd'hui ? La Birmanie, Myanmar ? La ville de Leningrad  n'a t-elle pas été re-baptisée de son ancien nom Saint Pétersbourg ?

Le moindre changement prend des allures- comme je le disais de révolution- pour les élites haïtiennes installées dans l'inconfortable confort de la répétition et du refus de penser autrement qui risquerait de bousculer leur manière de voir ce pays, qu'ielles se complaisent  à appeler "le singulier petit pays".

Pour ma part,  le seul  fait  singulier que j'observe en Haïti c'est l'opposition constante entre le conservatisme exacerbé de ses dites élites et l'innovation bouillonnante des classes pauvres.

Et, à chaque fois, je me dis que, si de Boyer aux 2 Duvalier, les gouvernements haïtiens ne s'étaient pas appliqués scrupuleusement à interdire à cette population les outils les plus primaires de connaissance, si ils ne s'étaient pas donnés pour mission de poursuivre le programme sadique des esclavagistes, Ayiti (ça, ce sera le combat des années 2015 - ? pour enlever le H et le tréma du i du nom et l'écrire officiellement avec cette ortographe plus jolie et qui correspond mieux à l'histoire du pays) avec tout ce potentiel d'inventivité, de courage, de talents, ce petit morceau d'île serait un joyau pour ses habitants et les visiteurs étrangers.

Au lieu et place de cette frustration, de ce sentiment d'impuissance accumulés depuis deux centaines d'années qui générent une colère sourde et auto-destructrice, nous aurions pu avoir des citoyens épanouis, tolérants, oeuvrant dans tous les domaines dans le but d'assurer le bien être de la collectivité et celui de leurs familles.

Les "marrons", qui avaient en horreur l'esclavage, projetaient, - au contraire de la description qui nous est présentée par l'histoire offcielle comme des hordes désordonnées, assoiffées de sang-  un modèle de société égalitaire et juste hérité de celui des premiers habitants génocidés et nourri de leurs propres expériences. Les  vainqueurs, eux, voulaient reproduire le système esclavagiste avec ses hiérachies d'inférieurs et de supérieurs,  ses catégories de mulâtres et de nègres, de bossales et d' affranchis, de congos, la langue française, le christianisme, son état centralisé, ses élites de rentiers, parasites vivant de l'exportation des matières agricoles.

Bref, tout l'attirail nécessaire pour rendre impossible un vivre ensemble sur cette nouvelle terre.

Ce qui fut fait.  Et rien n'a bougé- ou si peu- depuis. D'autant plus que la Communauté internationale, qui se mêle de tout - jusqu'à imposer des pantalet pèpè roz aux femmes- appuie avec argent, armes et récompenses le klan des conservateurs- lequel, à certains égards, ferait palir d'envie le Ku Klux Klan.

D'une certaine manière, c'est le jarret  des Haïtiens que les éites continuent à couper pour leur interdire de faire un usage positif de la liberté par leurs ancêtres conquise.

Boyer/ Vincent/ Les 2 Duvalier, leurs successeurs Martlely/Lamothe sont  d'excellents coupeurs de jarret - parce que, faut-il le rappeler, ce n'était pas le maître lui-même qui s'adonnait à cette torture, cette vile tache étant laissée aux bons soins des commandeurs nègres.

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