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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Haiti/26 avril 1963 – 26 avril 1986 : 2 dates, 2 massacres! 26 avril 2017- Par aladanel

Publié par aladanel sur 26 Avril 2017, 21:20pm

Catégories : #PEUPLE sans mémoire..., #DUVALIER, #AYITI EXTREME DROITE, #AYITI ROSE RAKET

Le 26 avril est une date symbolique de notre histoire. Le 26 avril 1963, la dictature, toute griffe dehors, avait organisé un massacre. Le 26 avril 1986, le duvaliérisme sans Duvalier s’est montré, avec la répression exercée par l’armée contre la manifestation, devant Fort Dimanche, pour honorer la mémoire des victimes de la dictature.

26 avril 1963 : 54 ans

P
ort-au-Prince, vendredi 26 avril 2017 ((rezonodwes.com)).-Le 26 avril 1963 au matin, la voiture présidentielle qui amenait les enfants Simone et Jean-Claude Duvalier à l’école, fut attaquée par quatre hommes armés, habillés en vert olive. Une lutte s’ensuivit au cours de laquelle plusieurs hommes de la garde des enfants Duvalier furent tués.

La réaction contre cette apparente tentative de kidnapping fut terrible. Un appel à tous les macoutes et duvaliéristes fut lancé à la radio, demandant à tous de prendre les armes et annonçant qu’on avait attenté à la vie des enfants du Président…

S’instaura une chasse à l’homme au hasard des rencontres, tout porteur d’armes, partisan de régime ayant permission de tuer. Cette rage meurtrière était dirigée contre des officiers de l’Armée, soupçonnés de comploter contre Duvalier, tout particulièrement le lieutenant François Benoît, car Duvalier avait déclaré qu’il était l’auteur de l’attentat. Il apparaîtra quelques semaines plus tard qu’il n’en n’était rien. C’est ainsi que tous les membres de la famille Benoît (et même de l’avocat Benoit Armand, coupable de son prénom) et tous les membres de la famille Édeline (nom de jeune fille de Jacqueline, l’épouse du Lieutenant Benoît) seront ce jour là, et même longtemps après, traqués et abattus.

Certains sbires profitent de l’occasion pour éliminer des personnes afin de s’emparer de leurs biens et d’autres, exécutent des gens à vue, simplement parce qu’ils se trouvent sur leur chemin.

En plus des gens assassinés le jour même ou morts à des dates indéfinies dans les terribles cachots de Fort Dimanche, beaucoup sont arrêtés, battus, blessés par balles, mais certains survivront et ont pu témoigner des événements. (Guylène Bouchereau Salès pour le Comité de commémoration du 26 avril)

Les évènements du 26 avril 1986

Deux mois et demi à peine se sont écoulés depuis le départ de la famille Duvalier et la fin de la dictature. La liberté est là, elle attend, parfois s’enthousiasme.

Le samedi 26 avril 1986, aux environs de neuf heures du matin, c’est avec une détermination non enthousiaste, avec gravité, que se regroupent au Sacré-Cœur de Turgeau quelques dizaines de personnes pour une célébration commémorative. Aucune d’elles n’est très jeune, la plupart viennent de l’étranger et ont fait coïncider leur premier retour en Haïti depuis 1963 avec ce jour.

Le 26 avril 1963 avait été une journée de massacres et d’exactions systématiques contre certaines familles de militaires soupçonnés d’avoir voulu kidnapper le fils de François Duvalier, Jean-Claude Duvalier, au Collège Bird à Port-au-Prince. Cette journée avait réussi à terrifier la population : des maisons avaient été incendiées avec leurs occupants, des enfants enlevés, des familles entières arrêtées, torturées, tuées, disparues.

Pour la première fois depuis vingt-trois ans, des parents, des intimes, des proches, enfants et adultes confondus, reçoivent un hommage symbolique de la part de ceux qui ont survécu à la dictature et à des représailles d’une violence sans pareille, par la fuite ou l’exil politique.

Après la messe, il a été convenu de descendre par le Bois-Verna jusqu’au bas de la ville, à Chancerelles, sur les ruines du Fort-Dimanche, la prison de renommée sinistre où la plupart ont eu un proche, un/des parents emprisonnés, torturés, disparus. En février 1986, on a voulu dechouke (1) Fort-Dimanche : on a tenté d’extirper l’horreur d’entre les murs ; on a voulu démolir les murs pour conjurer l’horreur. Mais dans la réalité, Fort-Dimanche était devenu un arsenal, dépôt d’armes et de munitions, pour les militaires.

Rapidement, le groupe de départ se gonfle : des centaines de gens rejoignent le cortège initial, des personnes très âgées venant témoigner pour leurs petits-enfants ou petits neveux morts dans la vingtaine, des parents, des frères, des sœurs, des amis lorsque toute la famille a été décimée; de manière étonnante, les milieux sociaux se confondent : familles mulâtres particulièrement visées par Duvalier père, mais aussi de milieux populaires, qui pour la première fois osent sortir de l’anonymat et exprimer leur opposition au règne de l’arbitraire.

La foule commence à descendre le Bois-Verna, brandissant calmement des photos et des noms, et marque chaque fois un arrêt lorsqu’elle passe devant une maison connue pour avoir été le siège de violences, d’assauts, d’arrestations ou de morts. Le cortège est impressionnant de gravité, de calme, de détermination. La dénonciation est à la fois magistrale et monstrueuse. Et surtout, elle se déroule publiquement et de manière ostentatoire, c’est cela qui importe, en faisant jaillir le passé de son occultation obligée.

Pour ceux qui assistent à cette marche, l’aube d’un espoir se profile. Extérieur aux débordements affectifs ou à la compassion que peut susciter une telle manifestation. Un changement national est encore possible, avec ce qu’il en coûtera.

La foule atteint Chancerelles et Fort-Dimanche vers treize heures. Au moment de la prise de parole convenue, des tirs éclatent, la foule a été infiltrée d’agitateurs, des militaires se sont regroupés à Fort-Dimanche sur l’ordre du Chef de la Police, un macoute bien connu mais non dechouke. Sous le prétexte que les manifestants veulent occuper la prison, les militaires tirent à bout portant, une débandade se produit qui met immédiatement fin à la commémoration. La foule s’égaille dans la violence et dans la peur.

Les blessés – dont on ne connaîtra probablement jamais le nombre – prennent la fuite comme ils le peuvent. Les morts demeurent sur place. Ils sont onze, personne n’ose venir les ramasser (2). Aucunes funérailles ne seront célébrées pour eux : ils rejoindront la fosse commune de Titanyen, qui sera leur dernière sépulture.

Les communiqués officiels, commentant les événements, parleront de bavures inévitables, comme partout. Le 26 avril 1986 a suspendu par là-même les oscillations et les tâtonnements de la liberté retrouvée : la post-dictature est née, et avec elle la perpétuation de violations des droits de l’Homme.

http://www.collectif-haiti.fr/actualite-960-0-26-avril-1963-26-avril-1986-souvenons-nous

 

 

 

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