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Le Monde du Sud// Elsie news

Le Monde du Sud// Elsie news

Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Bienvenue à Haïti, pays de l'intimidation et de la grandiloquence

Publié par Elsie HAAS sur 29 Novembre 2007, 16:30pm

Catégories : #AU MATIN DE BOULOS

Titre  piqué d'un papier  sur Haïti , pendant le coup d'Etat de 1991, d'une certaine Francine Pelletier , papier très juste. Les années ont passé. Plus ou moins les mêmes sont toujours là. Et la grandiloquence et l'intimidation sont toujours au rendez-vous. Il faut lire l'article à:

Pelletierhttp://vuesdumonde.forumactif.com/l-etat-de-notre-monde-the-world-state-f66/haitiau
-pays-de-l-intimidation-t3054.htm


L’article de M. Lee Chance paru dans le journal de Boulos, Le Matin , "Pour une sociologie activiste et publique »  dont j’ai parlé ici, a eu  droit à une réponse publiée  dans le même journal, de   M. Fritz Dorvilier qui s’intitule :
"Que peut la sociologie en Haïti ?"

Tout d'abord, une première réponse à la question de Fritz Dorvilier:
Oui, La sociologie pourrait peut-être nous aider à comprendre  ce qu’il y a derrière l'expression « typiquement haïtien » dont on retrouve  l'usage dans toutes les classes sociales dès qu’il s’agit de définir quelque chose de négatif.  La sociologie pourrait nous aider à comprendre pourquoi dans la forme et le fond, l’article de M. Dorvillier apparaît  comme  "typiquement haïtien", à savoir condescendant, lourd , pédant et un brin méprisant. Sans oublier l'autosatisfaction. Ce à quoi on reconnaît les penseurs néocons.
Est-ce à dire que la majorité des intellectuels haïtiens seraient de  droite  ?  Hummmm...

 

Acte 1- je m'auto congratule
Ainsi donc dans le journal de Boulos, Le Matin. M. Fritz Dorvilier  commence par qualifier sa propre réponse d’"avisée". Il y a une loi de fairplay, de correction qui joue dans le monde académique. Elle consiste  à  commencer par remercier l’auteur de l’article qu’on va critiquer, pour son travail et l’intérêt de sa recherche. Non seulement M. Dorvilier n’applique pas cette règle élémentaire de savoir-vivre mais de plus s’autocongratule d’entrée de jeu  : « En réponse avisée à l’article de Lee Chance. "  Il faudrait voir, quand même, M. Dorvilier, a laisser  au  lecteur le loisir de se faire sa propre opinion sur votre réponse.
«La FASCH, à mon intelligent avis, »
Voici qui ne pose pas question. Le lecteur est " d'emblée" averti que l'avis de M. Dorvillier ne peut-être qu'intelligent. C'est pas beau ça ?


Acte 2- je dénigre
M. Fritz Dorvilier  trouve l'article de M. Chance «à prétention épistémologico-sociologique . » M. Dorvillier est-il capable d’expliquer à ses lecteurs et admirateurs (et je suppose- trices) ce qu’il entend  exactement  par "épistémologico-sociologique ?" Notez bien l'usage du "à prétention" (Autrement dit : pour qui se prend-t-il ce Lee Chance ? Pas typiquement haïtien ça ?)

Puis plus loin:  "Je dois dire d’emblée, sans m’attarder sur la douteuse méthodologie utilisée par Lee Chance pour fonder son analyse sociologique, que celle-ci, malgré son volontarisme, est théoriquement simple et simpliste ?"  (le point d'interrogation est dans le texte original) Notez bien l'effet du redoublement simple et simpliste. C'est accablant, ça, le pauvre Chance n'a aucune chance de s'en sortir.

"En effet, contrairement à ce qu’estime ce sociologue américain qui semble disposer de la « recette sociologique » du développement socioéconomique d’Haïti," Notez bien l'utilisation du mot "recette" qui renvoie à cuisine, à du pas sérieux fabriqué en général par des femmes. Pas du tout viril donc .

Acte 3- j'affirme sans apporter de preuves
"Je dois dire d’emblée, sans m’attarder sur la douteuse méthodologie utilisée par Lee Chance"
Je ne comprends pas comment on peut dire d'emblée « la douteuse méthodologie » sans précisément s'attarder à prouver qu'elle est douteuse; ou au moins apporter quelques  miniscules petits éléments mettant  le lecteur  sur la piste du "douteuse" .

Acte 4- je fais dans l'Imbroglio negro (titre d'un roman de l'écrivain Africain-Américain, Chester Himes)
 

« En effet, je voudrais faire remarquer à ce sociologue que le classique rapport wébérien (1) entre le savant et le politique est très controversé au sein de la littérature sociologique même. La question, avant tout épistémologique, soulevée par le « métier de sociologue » porte sur les pratiques scientifiques et militantes des sociologues ; en d’autres termes, il revient de savoir si ceux-ci peuvent et doivent à la fois comprendre les faits sociaux et intervenir directement sur la réalité sociale. La réponse, positive ou négative, à cette interrogation a été et est encore très controversée dans le sous-champ de la sociologie. En fait, la réponse mécanique fournie généralement à cette question importe peu. »

 Bon là je suis carrément  médusée, baba. Comme qui dirait presque sans voix.
Je laisse aux sociologues,  anthropologues, philosophes, linguistes, psychologues, philologues et autres spécialistes des sciences humaines le soin de décoder le sens du paragraphe qui précède,  qui bizarrement , se termine en concluant  que la réponse à la question  soulevée "importe peu"

"Par conséquent, contrairement à l’analyse volontariste mais simpliste du sociologue américain, il faut plutôt se demander si le discours sociologique, essentiellement intéressé à établir la vérité dans et sur le monde social, ce qui dérange souvent les intérêts, parfois vitaux, des dominants, compte tenu des rapports de force qui l’entravent, peut participer efficacement à la transformation de la société »

Là aussi, il faudrait un décodeur professsionnel pour comprendre cette phrase.  (il y en a un mais il est spécialisé dans les discours d'Aristide et donc pas disponible). Essayons  néanmoins de comprendre.  M. Dorvilier   se demande si le discours sociologique "essentiellement intéressé à établir la vérité dans et sur le monde social, "  "compte tenu des rapports de force qui l’entravent," "peut participer efficacement à la transformation de la société".
Bigre de bigre,  c'est justement le thème  de l'article de M. Chance  qui répond  avec sa proposition de  "sociologie activiste" qui  précisément travaillerait sur les rapports de force et leur incidence sur le sociologue, la sociologie, les étudiants en sociologie, la société et en dernière analyse M.Dorvilier en personne et sa prose.

Acte4- je faits un procès d'intention

«le discours sociologique ne constitue pas le seul discours en cours dans une réalité sociale, en l’occurrence la réalité sociale haïtienne. »
 M. Chance en aucun moment n'a prétendu à une exclusivité  du discours sociologique ni en général ni "en l'occurence". Il  se trouve qu'il s'intéresse au discours sociologique et c'est ce dont il parle.

Mais en fait me direz-vous où veut en venir M. Dorvilier ? Pourquoi, est-ce si important de réfuter la proposition  de M. Chance  en faveur d' "une sociologie activiste et  publique " ?
M. Dorvilier m'aime pas les activistes ? N'apprécie pas le public ?


La réponse se trouve dans la conclusion.
"Pour conclure, partiellement, je dirais que la sociologie, comme toute discipline scientifique, est avant tout appelée à découvrir ce qui est caché, donc à produire des connaissances. " 

a)Dorvilier dit que la sociologie est une science et que la science ça s'occupe de produire des connaissances.(et pas d'autre choses sous entendu)

Et plus précisément  dans l'ultime phrase  formulée comme une évidence, un constat irréfutable, une loi,  un impératif catégorique, un diktat,  une bible.
"Mais, une fois les connaissances produites, il ne revient pas aux chercheurs de les instrumentaliser, c’est-à-dire de les utiliser à des fins de développement social."
 
b)Dorvillier dit que les chercheurs n'ont pas à s'intéresser au développement social:  "il ne revient pas aux chercheurs de  les utiliser à des fins de développement social".
`
Ca c'est la meilleure ! M. Dorvilier semble oublier que la recherche, même quand elle est fondamentale, c'est-à-dire quand elle n' a pas d'application technique directe est  liée au développement social.

Un exemple facile à comprendre.  le journal français Libération daté du 12 novembre a , de manière tout à fait exceptionnelle, consacré 2 pages à Haïti. Et plus exceptionnel encore pour en dire quelque chose de positif,  à savoir qu'Haïti avait bien mené sa lutte contre le sida. Le chercheur qui cherche les moyens pour lutter contre le sida et qui a été le premier à le faire en  Haïti, c'est Paul Farmer. Or, Paul Farmer est médecin et anthropologue. Son engagement actif et publique lui a permis comme il l'a dit de soigner le sida: "dans les lieux les plus enclavés des pays les plus démunis.".  Là  où,  certainement, le chercheur  à la mode Dorilien aurait conclu sur papier qu'il ne vaut pas la peine d'investir dans la lutte pour le sida. 

La pratique  de Paul Farmer montre qu' une "anthropologie activiste et publique"  peut à la fois analyser les problèmes et se donner les moyens de les résoudre.

A l'inverse de M. Dorvilier,  nombreux sont les chercheurs  qui pensent que la science est un outil de connaissance. C'est pas un truc, neutre, propre sur soi, qui une fois pondu reste suspendu.  La science  est un outil qui non seulement peut aider  au développement social mais dont c'est assurément la misssion la plus noble. Science et révoulution vont bien souvent ensemble.

A contrario la déconnexion, en Haïti, entre savoir et pratique provoque une absence totale de chercheurs dans tous les domaines. En effet pourquoi chercher si ça ne doit pas avoir de répercussions sur le développement social. Absence de chercheurs qui a des répercussions directes sur le développement social  qui, en l'absence d'analyses et  de proposition dynamiques, stagne.


Pour lire l'article " Que peut la sociologie en Haïti ?"
 Par Fritz Dorvilier*
http://www.lematinhaiti.com/PageArticle.asp?ArticleID=9609

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