Communiqé de presse. Message à l'Association ds journalistes haïtiens

Publié par Elsie HAAS sur 17 Juillet 2009, 09:10am

Au Secrétaire général et à la trésorière de l’Association des Journalistes Haïtiens (AJH)

Monsieur et Madame,

Nous sommes, depuis près de deux ans, portés par une assemblée légitime au secrétariat général de l’Association des Journalistes Haïtiens (AJH) pour relancer cette structure qui a connu précédemment une gestion mitigée.

Depuis octobre 2007, nous avons réalisé de nombreux projets permettant ainsi d’imprimer une nouvelle orientation à l’Association dans son souci de travailler pour le bien de la corporation. Sans être exhaustif, citons la déconcentration des structures de l’AJH à travers l’élection des délégués départementaux, la reprise de la coopération avec les associations de presse étrangères, l’ouverture récente d’un cyber-centre avec le concours inestimable du CONATEL et la réalisation de plusieurs sessions de formation à l’intention des journalistes notamment une avec la Faculté des Sciences Humaines.

Je n’ose passer sous silence cette série de causeries sous le thème : « Les samedis de l’AJH », où se sont déjà défilés des têtes importantes de la société haïtienne. Car le silence aussi est un choix.

En effet une fois franchi le cap de la relance, de nombreux secteurs non des moindres pour des raisons que j’énoncerai plus bas, ont vu en l’AJH, le principal interlocuteur pouvant défendre les intérêts de la corporation.

Ainsi la MNUSTAH, à la recherche de plus ample légitimité, a pris contact avec le secrétariat exécutif dans le but de pouvoir visiblement investir le champ journalistique par le biais de cette organisation jouissant de la confiance de tous.

Les premières tentatives sont restées vaines car le contenu de la soi-disant coopération de cette mission avec l’Association était jusque flou. Mais vu, l’entêtement du secrétaire général (pour des motifs que je n’ai pas cherché à savoir), la MINUSTAH a forcé les portes malgré tout, en finançant la commémoration de la Journée Mondiale de la liberté de la Presse le 3 Mai dernier à la FOKAL.

Monsieur le Secrétaire général, Madame la trésorière,

En ma qualité de secrétaire général adjoint, je tiens à vous rappeler que j’ai, à maintes occasions, protesté contre ce partenariat qui, selon le secrétaire général Jacques Desrosiers, ne visait qu’à donner de la visibilité à l’Association et de la légitimité à la Force étrangère, à mon humble avis. Pour s’excuser le Secrétaire général a pris la décision de ne plus m’informer de ses communications avec la force d’occupation. Comme preuve, j’ai été sidéré d’assister à la projection d’un documentaire commandité exclusivement par la MINUSTAH, le jour mondial de la liberté de la presse. Interrogée à ce sujet, la trésorière me fait croire, drôlement, qu’elle aussi n’était pas au courant. Alors qu’elle est apparue plusieurs fois dans le documentaire d’une dizaine de minutes.

A vrai dire, Jacques Desrosiers n’est pas à son premier coup. En effet, dans une conversation que nous avons il y a un mois seulement, il m’annonçait un fameux projet dénommé : « Kisa ki fet ki bon nan peyi a pandan 5 denye ane yo », décidé par la MINUSTAH, mais qui devrait être mis en œuvre par l’AJH. Devant ma menace de démission, il a du se rétracter et se rabattre sur cette nouvelle entreprise « Former pour mieux informer » lancé le jeudi 2 Juillet dernier. Donc, dans sa velléité de liquider l’AJH à la Force d’occupation, il a réalisé un gros coup. Quel est donc le mandat de la MINUSTAH ? La mission de l’AJH et celle de l’UNESCO, présentes à titre de couverture dans ces projets ?

Il est clair que cette fameuse mission de l’ONU poursuit son programme d’occupation du territoire sous diverses formes. Pour y arriver il faut investir les médias en instrumentalisant la presse par l’entremise de l’AJH, un dernier rempart, avec à sa tête une équipe de jeunes revenant tous de l’Université, gardienne du drapeau et de la souveraineté nationale, puisqu’il n’y a plus de groupes armés à stabiliser, aujourd’hui dans le pays. La MINUSTAH s’est appropriée de tous les projets relevant du champ journalistique, domaine d’intervention de l’UNESCO notamment la commémoration des festivités de la Journée Mondiale de la Presse et l’exécution du Projet International de Développement de la Communication (PIDC). Pourquoi un tel partenariat n’est-il pas établi avec l’UNESCO ayant la compétence diplomatique en la matière, comme ce fut le cas au début de l’an 2000, à l’époque où l’AJH avait honoré Marcus Garcia (Mélodie FM) et Nancy Roc (Radio Métropole) ? Jamais les employés onusiens n’avaient montré autant d’inélégance et de précipitation depuis leur présence en Haïti. Car dans d’autres domaines, ils jouent au moins à la politique de chambre ; mais avec l’AJH, non seulement ils décident des projets, les financent, les orientent mais aussi les assument publiquement à travers des conférences tètkole. Ainsi cette organisation constitutionnelle jouissant de la confiance de toute la corporation, qui a tenu tête à un certain Raoul Cédras et d’autres violateurs des droits de la personne au cours de son existence, joue aujourd’hui le rôle d’agent préféré des Forces d’occupation.

Comme secrétaire général adjoint, je n’ai pas été informé de la réalisation de ce projet sinon en vrac car l’instrumentum de coopération n’existe pas, a été fomenté de toute pièce. Ainsi, je dénonce l’instrumentation de l’association par les occupants avec la complicité du secrétaire général, Jacques Desrosiers et le silence de la trésorière, Marie Raphaëlle Pierre.

L’association a déjà franchi d’importantes étapes depuis l’élection de l’actuel comité dont la dernière est l’ouverture d’un cyber centre avec le support financier du Conseil national des télécommunications (CONATEL), dans l’objectif véritable de renforcer les capacités de travail des journalistes haïtiens. Mais, vendre et liquider l’AJH à l’Occupant qui remplace l’UNESCO dans une certaine mesure n’avait jamais figuré dans notre agenda de campagne ni notre programme de travail, défini conjointement lors de notre première réunion en novembre 2007. Cette transaction cosignée par Jacques Desrosiers engage seulement sa personne et ne concerne pas la corporation qui -dans cette période de crise- doit jouer son rôle de contre pouvoir et de géniteur d’idées salvatrices pouvant nous sortir de l’occupation. Faut-il rappeler qu’avec notre élection la corporation n’avait pas signé un brevet de vente de l’Association ? Dans cette déliquescence sociétale dans laquelle nous végétons, nous devons faire un constat accablant, que tout est à vendre. Une église, une manifestation d’étudiants, la justice, un parti politique, un syndicat…

Une rencontre que nous avons eue le vendredi 10 Juillet me confirmait l’intention des autres responsables de m’éclipser à cause de ma position vis-à-vis de la force d’occupation.

Il m’incombe une importante responsabilité au nom de ceux qui m’avaient choisi. Celle de ne pas courber l’échine ni pour de la visibilité encore moins cautionner l’occupation de ce territoire où le son de la liberté ayant galvanisé tant de peuples a retenti pour la première fois en 1803.

Je me permets de rappeler à votre attention que cette force étrangère n'est pas une institution neutre en Haïti. Si je ne peux pas vous demander de vous positionner contre elle, je ne saurais cependant en aucun cas cautionner l'incorporation du quatrième pouvoir au pouvoir déjà si fort des forces d'occupation.

J’appelle donc, le secrétaire général à surseoir sur cette transaction honteuse et compromettante avec la MINUSTAH. Car, à ce carrefour historique de notre existence, je crois fermement qu’un jour la Négritude se remettra debout, ici, pour demander des comptes à tous.

Bien à vous !

Eddy-Jackson Alexis

Secrétaire général adjoint/AJH

Alexis2ajh@yahoo.fr

CC. La presse