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Le Monde du Sud// Elsie news

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Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Haïti revisité (Granma) Par Amelia Duarte de la Rosa

Publié par siel sur 17 Juillet 2013, 13:37pm

Catégories : #AYITI ACTUALITES

Je suis restée 12 mois dans ce pays, et j’ai pu constater qu’un nouveau pays se redressait des ruines et des décombres du tremblement de terre...

SI quelqu’un décidait d’entreprendre un voyage en ignorant tout sur sa destination excepté le nombre de victimes d’un tremblement de terre ou d’une épidémie de choléra, avec pour tout bagage quelques livres de José Marti, d’Alejo Carpentier, d’Aimé Césaire et d’Enrique Vila Mata, quelques vieux vêtements, un appareil photo et une petite image de la Vierge de la Caridad del Cobre - pour se protéger des catastrophes - ; si pour comble cette personne décidait de miser sur l’optimisme et la curiosité à l’idée de partir à la recherche de la beauté dans les choses simples de la vie, sans doute vivrait-elle l’expérience que j’ai vécue à mon arrivée en Haïti.

 

J’atterris pour la première fois à Port-au-Prince par une journée torride d’un mois de décembre caribéen. Depuis deux ans, la situation du pays faisait la une de toutes les agences de presse, que ce soit à cause du séisme, de l’épidémie de choléra, ou du nombre de personnes qui mourraient quotidiennement pour une ou l’autre de ces raisons. Quelle qu’en soit la cause, les nouvelles d’Haïti étaient toujours désastreuses. Tout indiquait qu’une gigantesque fatalité, hors de contrôle, s’était emparée du pays pour briser tout signe d’espérance.

 

À Cuba en général, nous nous faisons une fausse idée de la réalité haïtienne. Déjà, en 1941, dans un article, intitulé Haïti, l’île enchaînée, publié par le journal Hoy, Nicolas Guillen, notre poète national, s’inquiétait de cette distance et de cette ignorance envers un pays si proche : « Pour l’ensemble des Cubains, Haïti est une terre ténébreuse, sans culture et sans esprit. Isolée par sa langue et par des préjugés raciaux, plus encore que par sa condition géographique, elle nous est étrangère, comme si elle ne se trouvait pas à quelques heures d’avion ou à plusieurs jours par mer de Cuba. »

 

Précédée par toutes ces lectures, ces informations et ces conseils, je suis montée dans l’avion, un peu effrayée à l’idée d’arriver dans le pays des ténèbres, dans l’enfer du monde – j’ai en effet parfois des visions très apocalyptiques et enfantines de ce monde. Pas un instant je n’ai pensé que sur la terre de Toussaint-Louverture, j’allais trouver autre chose que le désastre annoncé. Ma première image d’Haïti fut du ciel, et je me souviens très bien m’être dit alors : « Ça n’a pas l’air si mal ! »

 

J’ai alors tenté d’être pratique et objective. J’ai refusé de me laisser influencer par les a priori et je me suis efforcée de parler d’un Haïti différent, d’un pays qui ne serait pas seulement un pays accablé par le malheur et la misère. C’est alors que, progressivement, une infinité de choses merveilleuses et réelles se sont offertes à moi. Je sais aujourd’hui, après avoir vécu un an dans le premier pays à avoir conquis son indépendance en Amérique latine, que ces merveilles ont toujours existé : dans son Histoire, dans sa culture, dans sa population, dans son mode de vie, dans ses légendes et sa religion.

 

Je n’ai pas pour autant fui la réalité : Haïti est le pays le plus pauvre du continent, et il en porte les traces. Mais il ne souffre pas seulement de sa pauvreté, il souffre également de l’opportunisme sans pitié des grandes puissances, ainsi que de leur charité ; il souffre de ceux-là mêmes qui, historiquement, l’ont pratiquement dépouillé de tout. Haïti porte la marque des fers des gouvernements corrompus, des coups d’État, des interventions militaires, de l’oppression, du pillage, de l’agression, de la mesquinerie, du mépris, et du caractère parasitaire de l’impérialisme dominant et du capitalisme sous leurs formes les plus brutales.

 

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