Cinq ans après le séisme, Haïti est toujours sous perfusion internationale
Le Monde | * Mis à jour le Le 12 janvier 2010, un séisme ravageait Haïti. L'élan médiatique et émotionnel, la mobilisation mondiale convergèrent dans la conférence internationale du 31 mars...
La nature de l’État haïtien est le fruit de l’histoire, de rapports sociaux et de politiques néolibérales. Économiquement – son budget dépend à plus de 60 % de financements extérieurs – et politiquement – via notamment la présence, depuis 2004, de quelques 8 000 soldats et policiers des Nations unies –, l’État est assujetti à la communauté internationale, en général, et aux États-Unis, en particulier. Cela ne l’empêche pas d’exercer un réel pouvoir de domination sur son peuple.
Haïti ne constitue pas un cas exotique. L’usage des crises et des chocs pour avancer des mesures impopulaires, sous le double masque du marché et de l’efficacité, et la réduction de la liberté à la tenue d’élections devant entériner le « bon » gouvernement, pour mettre en place les politiques « adéquates » (déjà définies par les institutions internationales), rappellent le traitement de la crise grecque. Au final, la reconstruction de Haïti a fait converger l’humanitaire, l’État et la communauté internationale dans une même politique de dépossession des Haïtiens, échangeant le hasard d’une catastrophe naturelle contre la fatalité d’une catastrophe sociale.
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