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Le Monde du Sud// Elsie news

Le Monde du Sud// Elsie news

Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


"L’invention de la langue créole a sauvé les esclaves d’un état de déshumanisation" (Jeanne Wiltord, psychiatre et psychanalyste) - Ce qui paraît évident. De même que le refus de la parler, de l'enseigner aura à long terme des conséquences telles qu'ici en Haïti, en 2017, un inculpé fait-président - qui dans sa folie se prend pour l'élu de dieu - succède à un " bandi legal " - qui utilise le créole que pour dire des saletés- comme président.

Publié par siel sur 28 Octobre 2017, 14:15pm

Catégories : #CULTURE, #INTERNATIONAL, #AYITI ROSE RAKET, #AYITI EXTREME DROITE, #PEUPLE sans mémoire..., #DUVALIER

Une remarque me paraît aussi importante. « Péla », « on ne demande pas » et bien d’autres interdits, portent sur l’usage même de la parole dans l’éducation des enfants et aussi dans les relations sociales aux Antilles.

D’après votre expérience, pourquoi les Antillais sont-ils si réticents utiliser le créole lors des consultations médicales en général, alors qu’ils l’utilisent très fréquemment dans la vie courante pour la plupart?

Jeanne Wiltord : Mon expérience de psychanalyste concerne pour la très grande majorité de mes patients, des Martiniquais non békés. Les patients que j’ai reçus m’ont beaucoup enseignée. Plusieurs éléments peuvent être évoqués dans la difficulté, qui n’est pas une réticence, à parler créole au cours d’une psychanalyse. Le premier est que parler créole au cours d’une psychanalyse peut renvoyer un adulte à la transgression d’un interdit de parler créole que ses parents lui ont énoncé au cours de son enfance. Surtout dans les milieux de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie, mais pas seulement, s’entend toujours en Martinique et aussi en Guadeloupe « Mwen pa lé ou palé kréyol, ou mwen pa vlé ou palé kréyol isidan » ("je ne veux pas que tu parles créole").

Au-delà de la diglossie sociale français-créole, il faut aussi prendre en compte qu’elle est dite « langue malélevé », ce qui est à entendre comme langue qui a des connotations sexuelles. « Parler », dans la relation de transfert que met en place une psychanalyse, mobilise des désirs inconscients inaudibles dans notre parole sociale. À partir de l’embarras, voire de l’angoisse, à utiliser le créole au cours d’une psychanalyse, j’ai pu entendre que cette angoisse venait de ce que cette langue était dite  « trop proche, trop immédiate ». Cela m’a fait interroger ce qui dans la structure même de cette langue renvoyait à ce qui ne nous est pas accessible et dont nous nous protégeons en parlant. J’en suis arrivée à une hypothèse où cette langue maintiendrait un rapport précoce et ressenti comme violent, au corps de la mère. Ne pas parler créole au cours d’une psychanalyse serait une sorte de « siyak » ("détour", en créole, ndlr) pour tenter d’esquiver l’angoisse que fait surgir une expérience qui peut s’éprouver sans que ce soit dicible dans la toute petite enfance, la proximité du corps de la mère. La psychanalyse appelle cet éprouvé indicible, jouissance (à ne pas confondre avec le plaisir).

SUITE  dans le lien :

 

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