... j'ai entendu m'a renvoyée à ce M. dont je vous ai parlé ici un proverbe qu'il incarne. C'est-à-dire qu'il représente pour moi le symbole vivant de ce proverbe.
Ça m'a fait du bien, une respiration dans l'état où se trouvent les mentalités haïtiennes - j'ai vu avec horreur qu'Avril était passé de militaire sanguinaire en écrivain d'honneur - d'entendre quelqu'un qui parle avec calme et rompt les mythes et mystifications dont se nourrit la société haïtienne.
L'espoir que ce M. aura laissé des graines avant de partir et que de nouvelles pousses sortiront de terre m'a rassérénée.
La souffrance - ben oui ça fait mal- ne vient pas seulement du constat du niveau d'inhumanité dans lequel les dirigeants de ce pays, les intellectuels, employés des media, youtubeurs baignent, mais de leur délectation dans la production de fictions qui éloignent d'une prise de conscience pouvant déboucher sur une rupture avec le fonctionnement d'une société dominée par la culture sadomasochiste.
J'ai entendu une "vedette" des media M. Jean Monard dire qu'il n'aimait pas feu CHAVEZ qui serait selon lui un dictateur et dans une autre émission vanter CEDRAS un " bon moun" qui l'avait invité à venir le visiter au Panama.
Ben oui. C'est comme ça. Un " directeur d'opinion" fait passer un type qu a fait un coup d'Etat occasionant des centaines de morts, des viols et tortures pour une bonne personne et au contraire Chavez qui a offert des conditions favorables d'achat du pétrole aux Haïtiens comme un méchant.
J'ai entendu mille et une fois ces gens des media et youtubeurs raconter que la débacle aurait commencé en 1986. Leur "Avant 1986". Selon ces personnes, le temps d'avant cette date était celui ou les Haïtiens se gavaient de sirop de miel.
Dîtes moi en quelle année le visionnaire Jacques Roumain a écrit Gouverneurs de la Rosée ? Serait-ce "après 1986" qu'il narrait la misère des paysans et leur exploitation ?
Jacques Roumain est un visionnaire parce qu'il pose à son époque la question de l'accès à l'eau des années avant qu'elle ne préoccupe un pays " développé " comme la France au même titre que le "pays le plus pauvre de l'hémisphère" le moto répété par les Occidentaux pour désigner Haïti. Haïti qui n'aurait plus de nom, ni d'histoire mais serait juste "le pays le plus pauvre de l'hémisphère" comme souligné par le M. de la vidéo.
J'ai lu sur Mediapart sous la plume de l'écrivain L. TROUILLOT, une sorte d'éloge indirect des macoutes lesquels, selon lui, obéissaient à un chef et auraient été donc disciplinés. Des sortes de " gentlemen" à l'haïtienne. Proprement "insane".
Ici, à Paris, j'ai eu l'occasion de parler avec d'anciens "makout" et enfants de makout- vous savez que certains ont eu la possibilité de suivre en France le makout en chef qui s'y était exilé avec sa famille. Ils pouvaient obtenir l'asile politique se disant menacés en Haïti.
Je me souviens d'une conversation avec l'un de ces fils de makout , chauffeur de taxi. J'ignorais bien entendu qu'il était un fils de makout et je discutais avec lui de la violence des "makout". Je n'oublierai jamais ceci qu'il m'a dit : " S'ils étaient violents...J'en sais quelque chose. Mon père était un" makout" vu la violence des coups qu'il nous donnaient à nous qui étions ses enfants, je peux sans difficulté imaginer ce qu'il faisait subir à des étrangers."
Du coup, je lui ai demandé si, suite à cette éducation, il violentait également ses enfants. Il m'a répondu qu'au début il les battait. Et puis, tout soudain, il a arrêté parce qu' il s'est rappelé de son père et compris qu'il se comportait comme ce dernier. Voici à quoi entre autres, sert la mémoire : à ne pas répéter les mêmes erreurs, abus, et saloperies.
C'est extrêmement rare d'entendre ce genre de témoignage parce que bourreaux et victimes généralement s'arrangent pour créer un narratif qui les arrange, leur permet d'oublier leurs abus pour les uns et les souffrances pour les autres. Et, par conséquent cet Alzheimer collectif les autorise à perpétuer sans remords, sans honte, sans regrets, sans réparations cette spirale de violence.
Ils affirment que ce "dressage"aura fait d'eux des " bon moun". Lesquels " bon moun" ont produit les bandits en savates, en cols blancs, les directeurs d'opinion acculturés, les youtubeurs stupides et les "zotobre" ( courtoisie v Numa) voraces. En voici un excellent bilan qui invite, n'est-ce pas, à poursuivre dans la même voie.
Un M. comme Frankétienne, qui disait avoir survécu au duvaliérisme et à l'alcoolisme, avait parfaitement compris cette spirale infernale jusqu'à inventer un genre littéraire : le "Spiralisme" . Ce qui ne l'aura nullement empêché des décennies plus tard de rentrer dans la spirale infernale en se faisant un supporter de MARTELLY. Puissance de l'oubli.
Comme je vous l'ai dit, ce qui m'a profondément remuée c'est la pertinence des propos de ce M. son évocation de l'oubli des 300 ans d'esclavage, de la lutte farouche des ex-esclaves , l'absence de respect pour leurs sacrifices qui a pour conséquence une absence de dignité en tant qu'individus et de respect pour leurs concitoyens et leur pays. Il en arrive même à leur apprendre les humiliations subies par les Français dans la France occupée par les Américains après la seconde guerre mondiale -ce pourquoi De Gaule avait demandé l'évacuation des bases US qui s'étaient implantées dans le pays- question de leur faire comprendre leur refus d'être colonisé par le dollar.
Et il invoque également la puissance destructrice du mensonge dans une société où règnent le faire semblant, les vices cachés, les honneurs usurpés.
Les propos infâmes et stupides de MORVAN à propos de son style "flashy",(berk) ses fringues de marque, ses femmes, ses biens, utilisés par les " fous " de JOVENEL comme LTV (avec raison dans la mesure où il est de bonne guerre d'utiliser les faiblesses des opposants) appuient mon analyse qui met en avant d'une part que ces gens-là : pro -Jovenel et anti-Jovenel ont en commun une même culture sadomasochiste et, d'autre part, que ces mentalités partagées sont le véritable obstacle à une rupture avec le système mortifère permettant à RALPH LAURENT d'insulter les Haïtiens en général et à MORVAN d'insulter Lynn avec l'approbation de leurs fanatiques respectifs. Tous deux prenant plaisir à humilier et manquer de respect et considérant, bizarrement, ce comportement comme "juste".
Encore une fois je vous recommande l'écoute de ce M.
Kenbe fèm. Force et courage.
Anaïse et Manuel de Gouverneurs de la Rosée vous indiquent le chemin.
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