Erno Renoncourt converse avec Marcus Garcia journaliste et patron de médias. Ces échanges entre différentes...

Publié par siel sur 17 Janvier 2024, 21:28pm

Catégories : #E.Renoncourt chroniques, #REFLEXIONS perso, #AYITI EXTREME DROITE, #AYITI ECONOMIE, #PEUPLE sans mémoire..., #DUVALIER

... personnes avec des background variés et également parfois des manières de voir le monde et la maison Ayiti différentes, me semblent vitales pour l'équilibre individuel et collectif. L'ouverture est indispensable pour dépasser la prise en otage des esprits et des corps qui s'exprime sur les réseaux sociaux par d'un côté de la médaille des tsunamis d'insultes et de l'autre le complexe de "Je suis le seul à "posséder" la vérité." La médaille reste la même qu'elle soit à l'endroit ou à l'envers.

Or la vérité pas plus que l'air que nous respirons ne se possède. Celui qui disait que la terre était ronde et tournait sur elle-même a été forcé d'avaler du poison par ceux qui se proclamaient détenteurs de la vérité et affirmaient qu'elle était plate. Penser pour soi c'est penser avec les autres. Depuis un bon moment je constate qu'une forme de sclérose a atteint les esprits des lettrés qui ont d'une certaine manière abandonné leur fonction qui est de transmettre de l'intelligence aux jeunes générations. Le mot Intelligence est composé de "inter" (entre ) et de légère (choisir, cueillir, lire). Il s'agit donc à travers des échanges de faire l'apprentissage du choix, de la sélection de ce susceptible d'ouvrir le meilleur chemin menant aussi bien vers le développement personnel que celui de la collectivité. Ce qui, vous l'avouerez, manque cruellement à la société haïtienne emportée dans une furie de destruction des acquis de son passé et par conséquent de son futur. Ni déblatérer des insultes ni prétendre posséder la vérité ne sauraient être un gage d'intelligence.

Le mot de M. Renoncourt :

Bonsoir Cher Marcus,

Je vous remercie pour le partage de ce nouveau numéro d'Haïti En Marche. J'aime bien l'approfondissement que vous avez convenu de donner au vide dans lequel le pays s'engouffre vertigineusement. Mais je me permets de rappeler, comme le postule Jean Claude Ameisen, que "nous ne sommes jamais seuls à construire ou à inventer notre trajectoire". Alors, il serait bon d'explorer le fond diffus du vide dans lequel nous nous précipitons pour mieux identifier les forces de l'ombre qui nous assistent dans ce cheminement et savoir opportunément comment nous re-situer. Puisque, ce pays n'existe que parce que des hommes dignes et courageux ont su se re-situer en 1804 sur une autre trajectoire que celle de la déshumanisation sur laquelle voulait les maintenir les puissances néo esclavagistes qui renforcent nos institutions à coup de projets de bonne gouvernance.

Sous cet angle intelligible de l'envol historique du passé, d'où Haïti s'est extrait du gouffre de la déshumanisation pour se re-situer dignement et humainement, il n'est pas bien difficile de comprendre les forces invariantes qui animent le gouffre qui nous aspire présentement. C'est d'autant plus facile à comprendre que les puissances néo esclavagistes, qui sont regroupées en syndicat mafieux dans le CORE GROUP, n'ont jamais renoncé au projet de "re-situer" Haïti sur la trajectoire de la déshumanisation. Si ce projet n'est pas identiquement opérationnel dans sa forme barbare du passé d'avant 1804, il n'existe pas moins sous des modules enjolivés. On peut le comprendre donc en osant paraphraser Tocqueville, juste un peu grossièrement « il règne, [...] jusque dans la barbarie des puissances néocoloniales, un certain raffinement démocratique, un air d'enjolivement qui souvent empêche qu’elle ne se comprenne et ne se communique ».

Alors, dans mon intranquille agitation cognitive, il m'est venu cette modélisation (j'en ai tout un album qui sert d'illustration pour l'axiomatique de l'indigence) par laquelle j'explicite la conjonction des forces qui animent la tenaille servant à dépecer la structure anthropologique du collectif haïtien pour mieux propulser celui-ci vers le vide......abyssal.

Contemplez ! De quoi vous inspirer pour votre prochain éditorial :

Ce conceptogramme sert d'illustration pour le théorème du vide anthropologique.

En effet, le vide qui s'ouvre béant devant la population haïtienne en ce premier quart du XXI ème siècle, n'est que le prolongement du gouffre de la déshumanisation dans lequel les puissances coloniales et esclavagistes avaient voulu maintenir le collectif noir qui servait de bête de somme dans la colonie de Saint Domingue pour enrichir la Métropole française. Si hier, tout se faisait par et pour la Métropole; aujourd'hui, la globalisation a changé les règles : tout se fait désormais par et pour l'assistance internationale. Et de fait, les barbares sont devenus aussi des experts et les colons des hommes d'affaires.

D'où le théorème :

Deux faiblesses, l'une de mécréance stratégique (espace où évoluent les hommes d'affaires et hommes politiques), l'autre d'insignifiance académique (espace d'entre soi des lettrés anoblis, experts et chercheurs universitaires), s'appuyant l'une sur l'autre à un certain point structurant, forment la tenaille d'une force puissante et invariante qui se meut comme les mâchoires d'un crocodile. Celles-ci sont dimensionnées pour dépecer tout ce qui est intelligent, déshumaniser tout ce qui est digne et faire régner le vide anthropologique recherché pour que le renforcement institutionnel de l'assistance internationale aligne ses ressources.

Moins par Moins donne plus. Explication :

C'est dans le vide stratégique et académique créé par les élites locales haïtiennes que se renforce l'assistance internationale à la déshumanisation de la population.

A bientôt.

Erno Renoncourt

Citoyen Haïtien Indigné, Insoumis, Insolent