dans mes deux mains
je tiens le livre de la vie de Jacques Roumain
ton souffle soulève tes seins
C’est ta beauté qui bouge
et c’est le douloureux espoir humain
qui de l’enfer d’aujourd’hui sauve demain
Je songe je songe à Guernica
je t’enlace je t’enlace
et que demeure la voix de Lorca
le vent à perdre haleine s’étend sur la mer
droite comme l’épée de la lucidité
ô poésie folle de toutes les jungles traversées
l’ombre s’épouvante de la torche de Césaire
et la parole de Paul Éluard
tranchant le nœud du mal
confère la dignité de l’art
l’évidence du cristal
je te mêle à ce qui m’est cher
tu es le sang dans la chair
tu t’attristes et souris dans les yeux des paysans
et ils sont l’oxygène de l’air
quand ton regard porte la lumière
de nos plus grands ciels d’été
je pense à l’homme que j’ai été
les vagues de la vie l’ont emporté
je renais à la racine de ton désir
ne dis pas que je délire
nous passerons la frontière mandchoue
que ce soit au Viêt-nam ou au Congo
à Madrid ou à Santo-Domingo
que ce soit à Harlem ou au Cap-Haïtien
partout où la douleur comme un levain
fait gonfler notre colère
ah tonnerre de tonnerre
nous porterons la hache et le flambeau
ta lèvre est ma blessure
c’est le rouge de la première aurore
où agonisent les marchands d’or
le sang du peuple doucement bout
comme le cœur de l’eau à sa source
mais quand viendra le fleuve
rien n’arrêtera la marche des prolétaires
un soleil nouveau éclaire la terre
Sources : http://www.lehman.cuny.edu/ile.en.ile/paroles/laraque_poesie.html
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