Ce week-end dernier, je me suis donc rendue au festival de Gwo Ka link
qui se tenait au New Morning
une boite au départ vouée au jazz qui, par la suite, s'est ouverte à d'autres musiques.
Ce festival organisé par une de mes amies guadeloupéenne,
Liliane, avec un de ses compatriotes, Raphael, existe depuis 6 ans.
Et, croyez-moi ce n'est pas une mince affaire que de trouver le financement pour faire
venir des musiciens de Guadeloupe, les loger, les nourrir pendant 3 jours
et évidemment les payer.
Aussi, un grand Ayibobo, un bouquet de félicitations pour la détermination
et le courage de l'équipe qui croit en la valeur de sa culture native/natale
et à l'importance
de la faire connaitre .
Des musiciens haïtiens étaient aussi invités, ceux du groupe d'Atissou bien connu en France.
Michèle Voltaire devait être aussi de la partie.
Ay! Malheureusement grève + prix élevé du billet New-York Paris ont obligé les
organisateurs à renoncer à la dernière minute à sa participation.
C'est bien dommage, mais ce n'est que partie remise.
Douvan jou ni jou, comme disent les Antillais
c'est-à-dire, demain est un autre jour.
Michèle, toutes nos excuses, nous espérons que tu
seras parmi nous à la 7ème édition.
Le Gwo Ka c'est le tambour guadeloupéen, à partir duquel
s'est développé un style de musique
de danse
et de chant très précis.
Comme dans l'ensemble de la Caraïbe
et des Amériques noires,
qui dit tambour dit histoire
orale de l'esclavage
et par la suite voix des sans voix.
La voix des sans voix c'est celle du chanteur qui raconte
les mésaventures, par exemple, du père confronté à la délinquance de son fils,
de la terre de Guadeloupe contaminée par le chloredécone (Rozan MONZA)
des actes malhonnêtes des politiciens
et aussi, bien sûr, des histoires
d'amour tendres, burlesques et qui parfois finissent mal.(Groupe KAN'NIDA°
Pour vous dire que le Gwo Ka est
le nan nan , le coeur de la culture populaire guadeloupéenne
parce qu'il fonctionne comme le choeur antique dans les tragédies grecques
qui narrent les tribulations de la vie, scandées par le tambour.
Dans le gwo ka traditionnel il y a trois tambours, le solo, le makè (marqueur) et le répondè (répondeur)
un chanteur,
les musiciens qui accompagnent avec le tibwa, les calebasses, etc.
La puissance du rythme fait penser aux tambours du Burundi, ou à ceux d'Afrique du Sud.
N'étant pas musicologue je ne peux que vous traduire mes sensations, sentiments
et impressions. Pour les aspects plus techniques il vaut mieux se référer aux experts.
Comme tout ce qui vit, le Gwo Ka a évolué, il a intégré d'autres sonorités, pafois du jazz, du reggae
et même ... oh la, la ! des femmes musiciennes.
Et le groupe dont la musique m'a vraiment enthousiasmée est celui composé , devinez ?
d'une majorité de femmes, flutiste, pianiste, chanteuse et bassiste qui sont merveilleuses
de rigueur,et de finesse.
Deux hommes un saxophoniste et un batteur, par ailleurs chef du groupe, assurent grave aussi.
Ce qui se dégage c'est une harmonie entre les musicien(ne)s
et une recherche musicale personnelle autour du Gwo Ka.
Je ne vais pas vous faire le topo que mériterait un voyage sous les tropiques
aussi réjouissant au coeur de Paris
je suis déjà trop longue.
Cependant, il me faut préciser que ces musicien(ne)s
viennent tous d'une école de musique qui se trouve à Sainte Anne, ville berceau du Gwo Ka.
L' Ecole KIMBOL, une école privée, dont le fondateur est décédé récemment, qui a formé
grand nombre de musiciens en Guadeloupe. Un projet qui, s'il avait été soutenu financièrement
par l'Etat et les Collectivités locales, aurait pu prendre une dimension plus importante.
Néanmoins, telle qu'elle se trouve, l'école Kimbol, arrive à nous offrir des musiciens de talent
qui s'aventurent à enrichir la musique traditionnelle du Gwo Ka.
Enfin, pour finir sur une note plus personnelle, j'ai retrouvé dans l'assistance
une série de vieilles connaissances
dont notamment les deux chanteuses du groupe de Toto Bissainthe : Myriam Mathéus
et Emilie Benoit;
et puis Tony, un certain jeune homme qui à l'époque était prof d'anglais
et qui maintenant enseigne les créoles guadeloupéens et martiniquais
à l'Université de Créteil.
Tony avec lequel j'envisage d'organiser des rencontres à partir de son expérience
de prof de créole
avec la communauté haïtienne d'ici.
En vérité, ce festival était un régal pour le coeur, l'esprit et les sens
Que du plaisir et en bonne compagnie.
Seule manquait, la présence de Michèle pour que la fête soit sans fausses notes.
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