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Le Monde du Sud// Elsie news

Le Monde du Sud// Elsie news

Haïti, les Caraïbes, l'Amérique Latine et le reste du monde. Histoire, politique, agriculture, arts et lettres.


Sentinnelle

Publié par siel sur 30 Octobre 2011, 11:33am

Catégories : #AYITI ACTUALITES

Ami(e)s lecteurs et lectrices,
voici, ci-dessous et en fichier joint, la version en français du
numéro 6 du volume II que vous envoie l'équipe de
"Sentinelle du peuple", un bulletin diffusé en créole en Haïti.
Nous vous invitons à faire connaître ce bulletin autour de vous.
L'ensemble des bulletins, dans leur version en créole, peuvent être
consultés et téléchargés sur le site dont l'adresse est :
www.santinel.webuda.com

Vous pouvez envoyer des réactions et des projets d'article à l'adresse
: santinelpep@yahoo.fr

Si vous ne voulez plus recevoir ce bulletin, veuillez le faire savoir
à l'adresse :
santinel.dif1@yahoo.com


Bonne lecture !

Sentinelle du peuple
santinelpep@yahoo.fr
http://www.santinel.webuda.com

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Volume II numéro 6
août 2011        Prix : 5 gourdes

                               LA SENTINELLE DU PEUPLE
La Sentinelle est devant, elle éclaire le chemin de la libération du peuple.


Sentinelle du peuple n'a pas de fil à la patte – Ce sont les contributions volontaires de l'équipe du journal et de quelques amisqui permettent sa publication.

 

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Editorial
         La démocratie que le peuple veut, c'est à lui de la mettre en place. La démocratie ne repose pas seulement sur la tenue d'élections tous les quatre ans pour choisir un président, des sénateurs, des députés, des maires, des CASEC et des ASEC. Cette pratique, lorsqu'il n'existe pas d'organisations, c'est souvent du bluff pour donner l'impression d'un semblant de démocratie. Cette manière de faire, c'est une espèce de gymnastique, faite pour cacher ce qu'est vraiment la démocratie, qu'on pratique lorsque le peuple ne dispose pas d'un projet national pour construire son pays dans le sens des intérêts de tous les enfants de la nation. Pour qu'il y ait démocratie, il faut que le peuple se dresse partout à travers le pays pour arracher les pouvoirs auxquels il droit. Lepouvoir de s'exprimer pour dire ce qui ne va pas. Le pouvoir de s'organiser pour devenir une force. Le pouvoir de taper du poing sur la table pour prendre la part qui lui revient dans le partage des richesses du pays. Voilà ce qu'est la démocratie.
       Tant que la population de chaque département, de chaque commune, et même de chaque hameau et de chaque quartier, ne se sera pas mis en branle pour mettre en place ses propres organisations, qui porteront
sa parole et diront quels changements il faut accomplir dans le pays, nous ne serons pas encore prêts à jouer notre rôle dans la démocratie.
      Tant que Port-au-Prince prendra les décisions pour le reste du pays sans la participation des autres départements, la masse des travailleurs et des paysans seront les perdants. Dans un pays, lorsqu'au bout de vingt-cinq années, un peuple en est encore à batailler pour installer la démocratie et qu'on continue à la lui voler, il faut que les démocrates et les patriotes en tirent des leçons et changent de stratégie. Aujourd'hui, la démocratie que nous voulons doit être construite morceau par morceau. Plus tard, nous collerons les morceaux ensemble. La démocratie doit tirer sa force de la base de la société, des racines du pays, que constituent les hameaux, les sections communales, les communes, les départements.
     La démocratie que les pays impérialistes veulent nous apporter, elle se trouve dans la capitale, au palais national, dans les ministères, à la chambre. Elle n'a pas de racines, elle sonne le creux. Ce sont les
ambassades des pays étrangers qui la contrôlent. Ce sont les ONG qui lui servent de support. Cette démarche n'est pas porteuse de véritable démocratie ; elle ne sert qu'à mettre le pays sous tutelle. C'est pourquoi dans toutes les régions du pays nous devons prendre une bonne inspiration et retrousser nos manches pour recommencer à construire des organisations solides reposant sur les revendications fondamentales de la population.
     Les organisations sociales conséquentes, les vrais partis politiques démocratiques et les patriotes progressistes ont un rôle central à jouer dans l'effort national qui est nécessaire pour que le pays sorte
de la situation catastrophique où il se trouve. Parler à la radio est important, mais ce n'est pas suffisant. Ecrire dans des journaux est important, mais ce n'est pas suffisant. Le travail pour organiser les secteurs sociaux, les paysans, les ouvriers, les petites marchandes, les jeunes, les étudiants, les femmes, les professionnels etc. sera toujours plus important.
      Les luttes revendicatives sont la colonne vertébrale de la construction de la démocratie dont nous parlons. Il faut que tous les secteurs sociaux viennent avec leurs propositions concernant l'Haïti qu'ils veulent construire. Le dialogue, la concertation, les débats, les conférences régionales et nationales viendront mettre de l'ordre dans les diverses positions exprimées afin que prenne forme un véritable projet national dans lequel nous nous reconnaissons tous.
Voilà une démarche démocratique. Voilà une initiative qui débouche sur une transformation sociale durable telle que nous la voulons pour le pays. Mettons ensemble la main à la pâte, amis et camarades de
l'intérieur comme de l'extérieur du pays.
L'équipe du journal

 

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Sentinelle / Contexte national
SOUS LA TUTELLE INTERNATIONALE, LE PAYS EST DEVENU UNE TERRE DE DESOLATION. IL NOUS FAUT METTRE FIN A CETTE SITUATION !


      Ce mois-ci, nous faisons un bilan de l'action de la MINUSTAH dans le pays. De 1993 à 2007, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté 25 résolutions sur la situation en Haïti. Il a envoyé quatre missions chargées de maintenir la paix dans le pays. En général, les missions de maintien de la paix sont faites pour : 1) éviter des accrochages entre deux Etats ; 2) promouvoir la démocratie dans un pays ; 3) faire respecter les droits de l'Homme dans une nation. La mission, appelée la MINUSTAH, qu'en 2004 le Conseil de sécurité a envoyée dans le pays sur la base de la résolution 1529, devait, soi-disant, créer un environnement sûr et stable ; mais c'est une véritable tutelle qu'elle a installée en Haïti. Le chef de mission détient les pouvoirs d'un gouverneur général et la mission peut fourrer son nez dans tous les secteurs stratégiques de l'Etat.

 

Après sept années passées sous la tutelle des Américains et de la MINUSTAH, Haïti est devenu un pays de chaos.


     Depuis plus de deux ans, des scandales éclatent de temps à autre dans les camps où sont cantonnées les troupes de la MINUSTAH. Des rumeurs circulent à leur sujet, concernant notamment leur implication dans le
trafic de drogue et d'armes dans le pays. Lorsqu'ils n'amènent pas des jeunes dans le besoin à avoir de mauvaises mœurs et à se droguer, lorsqu'ils ne pratiquent pas le détournement de mineurs, ils jettent
dans le fleuve Artibonite des déchets contaminés qui provoquent une épidémie de choléra à travers tout le pays, alors que cette maladie y était inconnue. Le cas le plus grave est celui du viol d'un jeune de 18 ans par des soldats uruguayens à Port-Salut. Comme cette fois des preuves existent, l'ONU a été obligée de reconnaître ce méfait.
      La MINUSTAH serait chargée d'aider l'Exécutif du pays à stabiliser l'Etat et la situation politique. Sous Boniface-Latortue, la sécurité s'est nettement dégradée, avec la progression des crimes et des enlèvements. Préval a négocié l'insécurité avec les bandits, et elle a diminué un peu. Mais à partir de l'année 2009, on a connu une nouvelle flambée d'insécurité. Parallèlement, les institutions de l'Etat ont recommencé à s'effondrer. Après le tremblement de terre, la MINUSTAH et le pouvoir Préval ont imposé à la nation une élection qui fut une vraie mascarade. Depuis que Martelly est au pouvoir, l'insécurité et la gabegie au niveau de l'Etat sont reparties de plus belle.
       Les Américains se sont battus pour que ce soient les Nations unies qui prennent la tête de la mission, car depuis le début des années 1990, ce sont eux et l'Union européenne qui contrôlent l'ONU. Pour sa part,
le secrétaire général de l'ONU a nommé Bill Clinton comme son représentant spécial en Haïti. Il est assez incroyable de les voir s'aider les uns les autres à étouffer le pays pendant que nombre de leurs dirigeants s'enrichissent sur notre dos. Le tremblement de terre leur a fourni une occasion en or. Ils se sont empressés de forcer le gouvernement et le parlement à monter une CIRH, avec Clinton à sa tête. Une bonne partie de l'argent de l'aide internationale prévu pour l'urgence humanitaire et la reconstruction passe par la CIRH. Mais
elle ne règle rien de sérieux, et l'argent qu'elle distribue va à leurs amis ayant de grandes sociétés ou de grosses ONG. Le dernier coup qui a laissé toute la population bouché bée, c'est lorsque le Président Martelly, qui venait juste de demander le prolongement du mandat de la CIRH, a nommé le même Clinton à la tête d'une commission présidentielle chargée de la question des investissements dans le pays.
    La police est supposée garantir la sécurité publique dans le pays, orles Américains veulent être seuls à décider qui doit en être le directeur général. La MINUSTAH est supposée lui apporter un accompagnement, mais après 16 années d'existence, la PNH ne porte que le nom d'un corps de police. La formation que la MINUSTAH donne aux policiers n'est pas adaptée aux réalités du pays et les instructeurs enseignent des techniques différentes en fonction de leur pays d'origine. Il n'existe pas de chaîne de commandement à l'intérieur de la PNH, les trafiquants de drogue la prennent en otage, et les policiers obtiennent des grades en distribuant de l'argent ; les commissaires qui participent à toutes sortes de trafics partagent leurs gains avec le directeur général. Le dernier scandale en date est le conflit opposant le directeur général à l'inspecteur-général enchef au sujet des actes criminels du commissaire de Pétion-ville.

 

Tous ces méfaits commis à l'intérieur de l'Etat et de la société sont le signe de l'échec de la tutelle exercée par les Américains et la MINUSTAH en Haïti.


        Si en 2004, deux cents ans exactement après la proclamation de l'indépendance, nous sommes passés sous tutelle, c'est parce que, depuis la mort de l'Empereur Dessalines, la majorité des élites économiques, politiques et intellectuelles ont trahi la cause nationale et se sont installées dans une mentalité de dépendance vis-à-vis de la communauté internationale. Cet état d'esprit, qui a fait son apparition à partir des années 1820, s'est développé avec la première occupation américaine entre 1915 et 1934, puis s'est renforcé avec le pouvoir des Duvalier de 1957 à 1986 ; c'est devenu une mentalité de domestique qui s'est répandue depuis dans la majorité des secteurs de l'élite.
       La majorité des élites haïtiennes, spécialement l'oligarchie, a de la répulsion pour le peuple. Elles le maintiennent dans une situation proche de l'esclavage. Elles n'ont pas l'intention de créer une véritable nation avec lui. Elles détournent les yeux devant l'effondrement de l'Etat et la dégradation accélérée du pays. Ces raisons expliquent pourquoi ce sont elles-mêmes qui ont demandé à la communauté internationale de venir
mettre le pays sous tutelle, afin d'assurer leur protection et de garantir leurs intérêts mesquins.

       Les Américains et les Nations unies connaissent un échec avec leur tutelle sur Haïti. Cette tutelle est une faillite sur le plan de la sécurité et de la stabilité de l'Etat. La tutelle mérite un zéro pointé sur le plan économique : la production a tendance à baisser, ils ne sont pas arrivés à impulser la moindre relance. La tutelle est nulle sur le plan social et humanitaire : la faim, la vie chère, l'insécurité et la misère sont le lot de la majorité de la population.
         Aujourd'hui, les patriotes et les progressistes ne peuvent se permettre que de suivre à la radio et à la télévision les mouvements de protestation et les manifestations contre la tutelle des Américains et de la MINUSTAH que lancent des étudiants et des victimes de leurs agressions. Leur mission et leur devoir est d'aider la population à développer une stratégie de lutte unitaire pour mettre en échec la tutelle. C'est la condition pour que nous puissions reprendre en mains l'Etat et le reconstruire tout en mettant un terme à la libéralisation de l'économie, qui l'empêche de se développer. Et c'est à cette condition aussi que la société pourra avoir la garantie de retrouver sa dignité.
Jean Jacques AINE

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Sentinelle / Politique
LA REGION DU SUD-EST APPELLE CHEZ ELLE AU RASSEMBLEMENT EN VUE D'UNE NOUVELLE STRATEGIE DE LUTTE !


Les organisations sociales et politiques du Sud-Est ont dépensé beaucoup d'énergie les 13 et 14 août derniers pour rassembler plus d'un millier de personnes, venant de toutes les sections communales du département et de diverses régions du pays. Elles sont venues brasser des idées sur la politique du pays, son histoire, le bilan des victoires et des échecs des luttes démocratiques. Cette rencontre a permis de présenter à la nation un instrument politique régional, la Plateforme politique régionale progressiste (PPRP), et de publier un
manifeste politique, qui circule sur internet. Un patriote de Sentinelle du peuple, qui a assisté à la rencontre, nous fait part de ses commentaires sur cette initiative.


1. C'est une victoire sur les forces réactionnaires du pays et de la région car, malgré les intimidations, les harcèlements, la propagande hostile, des partis politiques et des citoyens engagés de la région ont réussi à s'unir pour donner une réponse politique correcte dans une situation de délabrement moral, politique et organisationnel qui fait des ravages dans le département du Sud-Est. Dans le manifeste, la Plateforme s'engage à mieux poser les problèmes de la région et du pays, afin d'apporter son concours à la construction d'un pouvoir politique à même de donner une réponse à la misère des masses, dans le cadre d'un nouveau projet de société.


2. La plateforme PPRP dénonce l'occupation du pays, la politique soumise et populiste des dirigeants, qui se font les complices de la mafia internationale et de l'oligarchie. Elle dénonce la politique néolibérale, qui fait passer à une vitesse supérieure la faim, la malnutrition, l'analphabétisme, le chômage et la corruption rongeant
le pays.


3. La mission de la Plateforme est de sonner le rassemblement afin que les forces progressistes se rapprochent les unes des autres, depuis le niveau régional jusqu'au niveau national, pour reconstruire le pays.
Cela passe par un dialogue national, dans le cadre d'une bonne gouvernance, dans le respect des droits du pays à la souveraineté.
L'objectif de la Plateforme est de se lier aux masses populaires, de les organiser non seulement pour faire entendre leurs revendications mais aussi pour lutter en faveur d'une redistribution correcte des biens et des richesses dans le pays, pour que prennent corps une justice sociale et une transformation sociale. Pour la PPRP, il faut exercer sans relâche une pression sur l'Etat afin d'aboutir à un véritable changement dans les mauvaises conditions de vie des masses populaires.


4. Sur le plan économique, la Plateforme croit que c'est par la création d'emplois dans le pays que la vie des masses populaires va changer pour de bon. C'est par le développement de l'agriculture, de l'industrie nationale, de l'éducation, surtout dans les secteurs professionnel et universitaire, que l'on pourra aboutir à un progrès social et à l'inclusion de tous. L'économie doit être sociale et solidaire. La première place ne doit pas revenir à l'argent et à l'exploitation des uns par les autres. La vraie solution consiste à agir ensemble. Les travailleurs et les travailleuses doivent participer aussi bien à la création des richesses du pays qu'à leur
répartition.


5. La Plateforme se prononce pour une gouvernance démocratique. Les allers retours, à tous les niveaux, entre la société et les responsables de l'Etat sont à la base de la démocratie participative.
Se mettre à l'écoute des revendications légitimes de la population et chercher à les satisfaire, voici les vraies règles du jeu de la démocratie. Ces questions, la Plateforme les a résumées en 7 points : Progressiste / Solidaire / Démocratique / Populaire / Régional / Anti-impérialiste / Anti-sexiste.


Questions et commentaires pour la Plateforme PRPP.


1 – La Plateforme ne peut pas être à la fois régionale et nationale.
Il faut se concentrer d'abord sur le niveau régional afin de construire et de renforcer la PRPP dans sa région elle-même, afin quela majorité des forces patriotiques de la région se sentent à l'aise avec le fonctionnement de la Plateforme. Le manifeste est un premier document. Nous attendons d'autres documents posant de manière plus approfondie les problèmes de la région et présentant un ensemble de réponses pour aboutir à la transformation sociale que la PRPP inscrite au nombre de ses objectifs. C'est ce que nous appellerions la vision et le programme de la PRPP pour la région.


2. Sur le plan de la stratégie, la Plateforme dit qu'elle veut aller loin et combattre tous les pouvoirs traditionnels et serviles. La Plateforme ajoute qu'elle va établir un dialogue, rechercher un accord avec les autres mouvements régionaux et plateformes politiques afin d'installer un nouveau pouvoir. Nous pensons que les choses sont plus compliquées que cela. Les questions de stratégie pour mettre en place un nouveau pouvoir doivent être discutées davantage, car le pouvoir actuel n'est pas comme un oiseau sur la branche. Il a un maître qui veille sur lui et le protège. II faut qu'il y ait plus de discussions à l'intérieur de l'organisation sur la stratégie à déployer pour frapper efficacement ce pouvoir.


3. Toutes ces réflexions doivent donner lieu à de nombreux débats, avec des allers et retours, à l'intérieur des organisations. Quelles structures ? Comment répartir les responsabilités ? Quels niveaux de contrôle sur la réalisation des tâches et sur les responsables peuvent permettre que les travaux soient effectués démocratiquement avec la participation de tous ?


4. En attendant que se mène une lutte de longue haleine en faveur de la réalisation des principales revendications, comment la PPRP peut-elle, au niveau de la région, commencer à renforcer le modèle d'économie solidaire et tracer ainsi peu à peu la route du progrès social, en augmentant la production et en améliorant le système éducatif ?

 

5. Articuler les revendications et les visions de deux catégories d'associations, les organisations sociales et les branches régionales des partis politiques, avec des citoyens engagés, afin de pouvoir fonctionner ensemble, cela n'est pas toujours facile. Ne pourrait-on pas imaginer une autre forme d'organisation qui pourrait être moins compliquée ? Quelle précaution stratégique faut-il prendre afin d'empêcher qu'une participation sans retenue dans les élections ne vienne contrarier la tâche fondamentale que la PPRP s'est assignée en
se donnant des perspectives et un programme ?
Pierre ANDRE

 

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Sentinelle / Economie nationale
SI L'ETAT NE MENE PAS UNE POLITIQUE D'UN AUTRE TYPE, IL NE PEUT PAS Y AVOIR D'ACTION PUBLIQUE VISANT A DONNER UN VRAI TRAVAIL A LA POPULATION.


     Deux des plus grandes responsabilités qui incombent à un gouvernement vis-à-vis de sa population consistent à faire que l'Etat donne du travail et à créer les conditions favorables au développement de
l'emploi par les entreprises privées ou associatives. Le travail donne aux familles un revenu pour satisfaire leur besoin de création de richesses. L'Etat peut organiser de meilleurs services publics avec les taxes et les impôts générés par les activités économiques. Un Etat qui veut être indépendant fait des efforts pour que la richesse du pays progresse dans toutes les branches économiques. Il a des choix à faire, car ce n'est pas n'importe quel choix politique qui crée de la richesse pour toute la population, ni qui correspond à l'intérêt
général de la nation.


Les caractéristiques d'un pouvoir en place proviennent des forces qui se trouvent derrière lui.


     Lorsqu'un pouvoir est au service d'un groupe de personnes, tel que l'oligarchie par exemple, l'orientation qu'il donne à l'économie du pays vise à favoriser ce groupe. Il fait tout ce qui est à l'avantage des groupes économiques qui le soutiennent, des groupes qui ont dépensé de l'argent pour lui lors des élections. Dans toutes les affaires du pays, le gouvernement suit une orientation dictée par ces groupes.
       En revanche, lorsque les dirigeants du pays accèdent au pouvoir grâce à la détermination et à la volonté du peuple, c'est bien différent.
      Alors, c'est la population et ses diverses sortes d'organisations, qui se réunissent avec les responsables pour définir la politique du pays.
       Ils cherchent la voie à suivre pour réorganiser l'économie, pour développer les ressources et pour donner du travail au peuple en fonction de priorités avantageuses pour tout le pays. Etant donné que l'agriculture est la branche la plus importante de l'activité économique, et qu'elle donne du travail à plusieurs millions de
personnes dans tous les départements du pays, elle doit nécessairement occuper la première place.
    Trop d'enfants souffrent de malnutrition dans le pays et trop d'adultes meurent de faim pour qu'un gouvernement progressiste et démocratique n'accorde pas la priorité de son action à la production de céréales (riz, maïs, mil...), de vivres et de denrées. Les vivres et les céréales permettent de nourrir en permanence la population, tandis que les denrées renforcent les capacités d'exportation du pays et améliorent le solde de la balance commerciale. Ainsi nous aboutirons à ne plus subir l'humiliation infligée par la prétendue aide internationale.
     L'environnement, l'aménagement du territoire, l'assainissement et le nettoyage du pays, la réparation et l'entretien des routes et des rues, tout cela constitue une autre branche d'activité, dans laquelle un nouveau ministère des travaux publics pourrait prendre la responsabilité de donner du travail à des jeunes hommes et des jeunes femmes. Nous ne parlons pas ici de travail bidon. Nous parlons des activités de construction, de réparation, d'entretien, de nettoyage, que tous les comités de quartiers bien structurés et les brigades communautaires prennent en charge près de chez eux. Des travaux qui demanderaient plus de connaissances techniques ou plus d'équipements seraient placés sous la responsabilité de petites entreprises spécialisées.     L'Etat pourrait aider ces petites entreprises à se monter, leur ferait trouver des crédits et faciliterait leur
fonctionnement.
     Par ailleurs, "L'éducation pour tous" cesserait d'être un slogan pour devenir à la fois un choix politique, visant à créer l'unité et à renforcer la nation, et un choix économique, visant à mettre en valeur toutes ces énergies, toutes ces intelligences qui ont été gaspillées sous les régimes de domestiques. L'éducation valoriserait les gens par un travail de formation, d'encadrement et de mobilisation du peuple.
    Les écoles, les universités, les centres professionnels et les centres d'apprentissage essaimeraient dans tout le pays. Ils fonctionneraient sous la direction de responsables, de professeurs, de moniteurs conscients de leur rôle d'inculquer le savoir, les sciences et les techniques à tous les enfants du pays.
    Les autres services sociaux tels que la santé, le sport et les loisirs pourraient donner du travail à une bonne partie de la population. Avec cette nouvelle politique, c'est toute la population qui construirait la société.


 Seul le peuple et le pouvoir du peuple peuvent résoudre le problème du chômage en Haïti.


      Ni les gouvernements étrangers, ni les institutions internationales, ni l'oligarchie n'ont intérêt à combattre le chômage et à donner au peuple de vrais emplois. Ils ont besoin de disposer d'une réserve massive de chômeurs afin de pouvoir donner toujours un salaire minimum de famine. Plus nous développerons nos richesses, et moins nous dépendrons de ces sangsues, et moins elles pourront faire commerce
avec le pays de produits usagés et de camelote.
     Si nous modernisons l'agriculture, l'oligarchie dominicaine ne pourra plus venir nous vendre ses produits agricoles. Si nous encourageons l'industrie locale, les spaghettis, le salami, l'huile etc. ne
pourront plus franchir la frontière. L'artisanat utilitaire ou décoratif du pays peut permettre d'empêcher la sortie du pays d'une masse de dollars américains, pour autant que les dirigeants aident les artisans à produire.        L'industrie du clairin et du rhum pourrait donner plus de travail aux gens si l'Etat protégeait le marché et
encourageait les producteurs.
      Il existe la volonté de laisser à terre tous les secteurs productifs et de soumettre le pays à l'économie mondiale. Ainsi donc, comme nous pouvons le constater, c'est la communauté internationale qui décide,
par exemple, de mettre un grand parc industriel à Caracol, alors que l'agriculture et l'élevage auraient de grandes possibilités de développement dans cette zone. C'est la communauté internationale aussi qui encourage l'installation de zones franches dans les villes frontalières pour y monter des ateliers d'assemblage, alors que depuis quarante ans ces ateliers n'ont jamais fait progresser notre économie
ni permis de combattre vraiment le chômage.
        Changer l'orientation économique du pays pour donner au peuple des emplois qui valorisent les richesses du pays, c'est un choix qui nécessite beaucoup de détermination, étant donnée la situation de
dépendance extrême léguée par les dirigeants de l'Etat et par l'oligarchie. Beaucoup d'intérêts importants s'enchevêtrent dans ce type d'économie dépendante. Seule une véritable mobilisation nationale de toutes les forces patriotiques, implantées dans la population, peut déraciner cette conspiration internationale qui trouve beaucoup de complicité du côté des serviteurs locaux.

     Haïtiens vaillants, où que vous vous trouviez, c'est à vous de jouer maintenant ! Chaque jour,
pierre par pierre, nous devons démolir cette forteresse de la mort par tous les moyens possibles.
Gasner JOSEPH

 

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Sentinelle / Contexte international
LE MONDE AVANCE A GRANDS PAS VERS UNE CRISE POLITIQUE MAJEURE.


Il y a 20 ans, après la disparition de l'Union soviétique, un intellectuel de droite a écrit que c'était "la fin de l'Histoire". Il voulait dire par là que le capitalisme et la "démocratie libérale" avaient gagné pour toujours et ne seraient plus contestés. Les Etats-Unis apparaissaient alors comme la grande puissance dominant le
monde.
Depuis cette époque, le monde a bien changé. Le capitalisme est entré dans une crise profonde. Les Etats-Unis sont sur le déclin et l'Europe est en grande difficulté. Des pays tels que Chine, l'Inde et le Brésil
sont devenus d'importantes puissances économiques. En Amérique latine, les chefs d'Etat de plusieurs pays, comme le Venezuela et la Bolivie, osent défier les Etats-Unis.


> La crise économique a mis à nu les failles et l’hypocrisie du système politique dominant.


   Les chefs d'Etat d'Europe et des Etats-Unis ont déclaré bien vite que la crise économique, débutée en 2007, était un simple accident. Ils avaient réussi à résoudre rapidement la crise, disaient-ils, mais ce n'est pas ce que nous constatons. Au début de la crise, des banques firent faillite. Mais maintenant, en Europe, ce sont des Etats qui sont au bord de la faillite, ne pouvant plus rembourser leurs dettes.
   Aujourd'hui, ce qui permet aux Etats-Unis d'occuper encore la première place sur la scène mondiale, ce n'est plus tellement sa production économique. C'est surtout son énorme puissance militaire. Pourtant, en Afghanistan, l'armée américaine n'arrive pas à gagner la guerre et va devoir s'en aller. Et l'invasion de l'Irak a été une catastrophe. Les atrocités commises par les militaires américains ont été dénoncées dans le monde entier. Lorsque George Bush a été remplacé par Barak Obama, le prestige des Etats-Unis s'est renforcé. Mais, depuis, Barak Obama a déçu beaucoup de gens, aussi bien aux Etats-Unis qu'à l'étranger.
     Quand l'Union européenne a été créée pour concurrencer les Etats-Unis, les chefs d'Etat européens étaient très fiers. Aujourd'hui, l'Union européenne est en grande difficulté. Personne ne peut dire si sa monnaie, l'euro, existera encore dans quelques mois. Face à la crise économique, les grands partis qui se disent de gauche appliquent la même politique anti-populaire que les partis de droite, et il devient difficile de faire la différence entre les uns et les autres. Les hommes politiques sont en général considérés comme des menteurs et des
hypocrites à qui on ne peut pas faire confiance. En raison de la crise économique et du discrédit des hommes politiques, des mouvements populistes ou fascistes gagnent du terrain en Europe comme aux Etats-Unis.
    Cette année, la Chine est devenue la deuxième puissance économique mondiale, après les Etats-Unis et avant le Japon. Ce pays connait une grande croissance économique, mais aussi de grandes inégalités
sociales et une forte augmentation des prix. Beaucoup de dirigeants sont corrompus et la crise de confiance envers les dirigeants politiques touche la Chine comme les autres pays. Au mois d'août, des milliers de personnes ont manifesté dans une ville pour demander la fermeture d'une usine chimique dangereuse pour la population. Les dirigeants chinois ont très peur que des manifestations ne se répandent dans tout le pays et ne débouchent sur des grands mouvements populaires, qui pourraient renverser le régime, comme cela s'est passé en Tunisie et en Egypte.
      Le séisme qui a touché le Japon au mois de mars a provoqué un tsunami qui a détruit la centrale nucléaire de Fukushima. Cet événement a soulevé beaucoup de questions politiques. Au Japon, un conseiller du
premier ministre a avoué en pleurant que le gouvernement avait ignoré les lois et pris des mesures improvisées qui ont retardé la prise en main de la situation. Dans tous les pays qui possèdent des centrales
nucléaires, les dirigeants affirmaient jusqu'à présent qu'une catastrophe nucléaire était impossible dans les pays modernes. Mais nous venons de voir que ce n'est pas vrai et qu'ils cachaient la vérité. Ils ne savent pas où va l'économie mondiale. Ils ne savent pas non plus où ils conduisent la planète. Ils sont davantage intéressés par leur portefeuille et par l'avenir des grandes firmes capitalistes que par celui de l'humanité.


Les mouvements populaires commencent à se redynamiser.


    Après la Tunisie et l'Egypte, la révolte populaire a gagné plusieurs pays de la même région. En Syrie et au Yémen, des manifestants meurent chaque jour sous les balles de l'armée, et pourtant les gens continuent à descendre dans les rues. Pendant longtemps, les dictatures pouvaient bâillonner la presse et empêcher ainsi les informations de circuler. Mais aujourd'hui, grâce à la radio, à la télévision, à internet et aux téléphones portables, c'est beaucoup plus difficile. Et les méthodes de lutte employées en Tunisie et en Egypte servent d'exemple dans beaucoup de pays. C'est ainsi qu'en Espagne, des dizaines milliers de gens ont occupé des places et des rues, jour et nuit, pendant plusieurs semaines. Le document expliquant leur lutte commence ainsi : "Démocratie réelle maintenant ! Nous ne sommes pas des marchandises dans les mains des politiciens et des banquiers".
     De l'Amérique à l'Afrique, en passant par l'Europe et l'Asie, les populations commencent à dénoncer le système capitaliste qui les appauvrit. Mais ce système ne disparaitra pas si nous n'arrivons pas à inventer un système alternatif qui puisse emporter l'adhésion des peuples et un mouvement conséquent capable d'organiser les révoltes.
Abel TOUSSAINT
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Sentinelle / Connaissances


    Après le renversement de la dictature des Duvalier, on a commencé à employer le concept de société civile à tort et à travers en Haïti.
Quelques groupes ont même laissé entendre qu'ils constituaient à eux  seuls la société civile. Depuis qu'on a commencé à imposer la politique néolibérale, les agences de financement et de coopération ne veulent travailler qu'avec certaines organisations de la société civile et contournent l'Etat. Pour clarifier ce concept de société civile, qu'on veut nous présenter comme un fourre-tout, Sentinelle du peuple du mois d'août lui consacre un coup de projecteur.
    Société civile : ce concept est apparu dans la littérature politique au début du 16e siècle, mais il ne s'est imposé qu'à partir du 18e siècle, au moment où le système capitaliste a commencé à l'emporter sur le système féodal en Europe et aux Etats-Unis. A la fin du 20e siècle, les intellectuels qui sont partisans du courant néolibéral se sont beaucoup servis de la question de la société civile pour attaquer l'Etat dans son essence même. Quels sont les fondements et les dangers du concept de société civile ?

     Dans chaque pays, à côté de tous les secteurs étatiques, tels que les trois pouvoirs et l'administration publique, c'est-à-dire ce que nous appelons l'Etat, à côté aussi de tous les secteurs économiques comme
la production, la transformation, la commercialisation et les services, ce que nous appelons le marché, se trouve un ensemble d'autres secteurs organisés (qui ne font donc partie ni de l'Etat ni du marché). Diverses classes sociales participent à ces secteurs organisés, et de même ces secteurs comprennent des organisations de diverses sortes, revêtant des formes particulières ; ces secteurs travaillent surtout sur les questions sociales et culturelles ainsi que sur les grandes idées circulant dans la société. L'Etat et le
marché ont une influence sur ces secteurs, de la même manière qu'ils subissent leur influence. C'est l'ensemble de ces secteurs qu'on appelle la société civile. Dans tous les pays, et plus particulièrement dans les pays capitalistes, on a donc l'Etat, le marché et la société civile.
     Lorsqu'on parle des associations et des institutions de la société civile d'un pays, on fait référence à au moins quatre catégories différentes d'organisations :
•    Les organisations mises en place par les classes moyennes sous l'influence des classes dominantes, en raison du pouvoir économique détenu par ces dernières, et qui servent à conditionner l'esprit de la population et à garantir que les classes dominantes sont les seules à avoir tous les droits et tous les privilèges dans la société ;
•    Les organisations mises en place par les classes moyennes et les classes populaires, mais que le pouvoir en place ou les classes dominantes récupèrent dans le sens de leurs intérêts, et laissent participer à la prise de quelques décisions dans la société lorsqu'elles sont devenues inoffensives.
•    Les organisations mises en place par les classes moyennes et les classes populaires, qui exercent une résistance sur le plan économique, social et culturel ; comme le pouvoir en place et les classes dominantes n'arrivent pas à les récupérer, ils cherchent à affaiblir ces organisations et à briser leur combativité avant de les
tolérer dans la société.
•    Les organisations mises en place par les classes moyennes et les classes populaires, qui se placent sur une ligne véritablement populaire. Non seulement elles résistent sur le plan social, culturel et économique, mais elles cherchent également à construire une alternative politique pour remplacer le pouvoir en place et changer le système. Les classes dominantes et l'Etat traitent cette catégorie d'organisations comme des adversaires qu'il faut faire disparaître de la société.

     Les mouvements sociaux progressistes ne doivent pas tourner le dos à toutes les autres catégories d'organisations de la société pour aller s'occuper de leurs petites affaires dans leur coin. Cette attitude
conduirait à leur isolement au sein de la société. Dans tous les pays, la société civile est un espace de lutte pour influencer et diriger l'ensemble de la société. Un mouvement social progressiste ne peut pas
arriver à prendre le contrôle de l'Etat pour faire des changements politiques, économiques et sociaux en profondeur si auparavant il ne cherche pas à obtenir une influence importante dans la société.
Rose ALMONACY


A bas l'occupation déguisée en tutelle ! A bas le pouvoir servile ! A bas l'impérialisme !
Vive la mobilisation de long terme pour la libération du peuple haïtien !


SENTINELLE DU PEUPLE
Août 2011
santinelpep@yahoo.fr

http://www.santinel.webuda.com

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